PRINCESS BRIDE
Rob Reiner, 1987
LE COMMENTAIRE
Le fantasme Brad Pitt faisant sa lessive avec ses carrés de chocolat a vécu. Sept saisons de Game of Thrones sont passées par là. C’est le retour du Médiévalisme. Au XXIe siècle, on peut être une princesse resplendissante, « bien éduquée » et avoir des fantasmes moyenâgeux comme par exemple se faire bander les yeux par un homme chauve de petite taille. Que les fans de Kaamelott se réjouissent!
LE PITCH
C’est l’histoire d’une princesse…
LE RÉSUMÉ
Un grand-père (Peter Falk) lit l’histoire de la Princesse Bouton d’Or à son petit-fils resté à la maison pour cause de grippe. Lorsque le petit a la permission de rester à la maison, il se réjouit d’abord à l’idée de pouvoir regarder la télé. Puis il déchante car son grand-père s’incruste et veut lui lire un livre.
A book?
That’s right. When I was your age, television was called books.
La Princesse Bouton d’Or compte l’histoire de Buttercup (Robin Wright) qui vit dans le pays de Florin. Buttercup tyrannise le valet Westley (Cary Elwes) qui exécute le moindre de ses caprices sans broncher.
As you wish.
Buttercup comprend que Westley l’aime sans limite. Ils se jurent fidélité puis Westley part faire fortune afin qu’ils puissent se marier. Cinq ans passent et Westley ne revient pas. Le bruit court qu’il aurait croisé la route du pirate Roberts connu pour ne pas faire de prisonnier.
Buttercup se fiance à contre cœur avec le prince Humperdinck (Chris Sarandon), héritier du trône. Avant leur mariage, elle se fait kidnapper par un trio de bandits emmenés par le Sicilien Vizzini (Wallace Shawn), l’Espagnol Inigo Montoya (Mandy Patinkin) et le gigantesque Danois Fezzik (André le géant).
La bande est poursuivie par un mystérieux Zorro ainsi que par le Prince lui-même – qui a pourtant manigancé cette prise d’otage pour mieux déclarer la guerre à ses voisins de Guinder.
L’homme masqué terrasse successivement Montoya, Vizzini et Fezzik, malgré son handicap.
It’s not my fault being the biggest and the strongest. I don’t even exercise.
Westley délivre Buttercup et lui révèle qu’il est le pirate Roberts. Buttercup le pousse alors dans le vide. Dans sa chute, le pirate crie…
As you wish!
Buttercup réalise avec horreur qu’elle vient de tuer Westley, son Westley.
Oh, my sweet Westley! What have I done?
Elle se jette à son tour dans le vide sans réfléchir. Westley la récupère et lui explique qu’il a en fait hérité du surnom de Roberts après deux ans passés sur le navire, ce pirate n’étant en fait qu’une légende.
Les deux amoureux se font capturer par Humperdinck et le comte Rugen (Christopher Guest). Buttercup accepte d’épouser le Prince – toujours à contre cœur – en échange de la liberté de Westley – que le Prince maintient toujours prisonnier.
Inigo et Fezzik tous les deux menacés par le Prince partent libérer Westley, torturé dans les geôles du château. Ils l’amènent au magicien Miracle Max qui va le remettre sur pieds.
Inigo parvient à venir à bout du Comte Rugen en répétant sans cesse sa maxime:
Hello! My name is Inigo Montoya! You killed my father! Prepare to die!
Fezzik amène Westley à Buttercup sur le point de se suicider. Westley la rassure en lui disant que le mariage n’est pas validé.
You didn’t say it; you didn’t do it.
Il provoque le Prince en duel. Humperdinck s’enfuit lâchement. Puis Westley donne le nom de Roberts à Inigo qui peut enfin prendre le rôle du pirate tant redouté. Tous les quatre s’enfuient sur de magnifiques chevaux blancs. Et Westley embrasse langoureusement Buttercup devant le soleil couchant.
Since the invention of the kiss, there have been five kisses rated the most passionate, the most pure. This one left them all behind. The end.
Le petit fils visiblement passionné par cette histoire réclame à son grand-père qu’il la lui lise à nouveau. Ce à quoi le grand-père répond:
As you wish.
L’EXPLICATION
Princess Bride, c’est un retour aux sources.
Rien de tel que les bonnes vieilles histoires de princesses et de pirates. Le grand-père partage des recettes ancestrales qui semblent encore marcher, la preuve: le gamin en redemande!
Il s’agit là d’un amour au sens romanesque classique entre deux personnes de sexes différents, tous les deux blancs et blonds. Un livre qui aurait presque pu être écrit par un Nazi s’ils avaient écrit des livres au lieu de les brûler (cf The Reader). Westley est un héros traditionnel car il vient à bout d’un méchant qui est menteur et lâche. Il traverse un parcours semé d’embûches pour retrouver sa belle et lui rendre la liberté. S’engage dans des combats virils, au nom de l’amour, et toujours avec beaucoup de courtoisie.
We’ll wait until you are ready.
Again, thank you.
Westley affiche une volonté acharnée qui contraste avec le manque d’intérêt global qu’on peut déplorer aujourd’hui. Personne ne se bat plus pour rien. Aucun homme ne se bat plus pour une femme. C’est regrettable. L’acharnement de Westley finit par payer.
L’homme reste philosophe face à une femme inconsistante puisqu’elle se fiance et se marie quand même avec l’ennemi, rappelons-le, mettant ses pauvres décisions sur le compte de l’impatience.
Why didn’t you wait for me?
Well, you were dead.
Elle a bon dos l’impatience! Buttercup apprend que l’amour, le vrai, n’a pas de date de péremption. Il ne connaît pas la mort. Westley tente d’initier Buttercup à l’éternité (cf Dracula).
Death cannot stop true love.
Il y a quelque chose de rassurant dans ce sauveur si résolument optimiste et déterminé. Par conséquent, quelque chose de tellement utopiste (cf Mad Max). Si on a envie de croire en Westley l’idéaliste, on ne peut ignorer Humperdinck le réaliste.
You truly love each other and so you might have been truly happy. Not one couple in a century has that chance, no matter what the story books say. And so I think no man in a century will suffer as greatly as you will.
Il a raison. Le divorce a eu raison de l’amour absolu. Westley et Buttercup ne tarderont pas à se disputer pour de sombres histoires de chaussettes non rangées ou de vaisselle mal lavée. Westley finira par prendre du ventre. Buttercup s’en ira chasser d’autres matous.
Le conte de fées terminé, le garçon devra bien lever ses fesses pour aller à l’école et ramener des bonnes notes. Il devra apprendre à être un connard s’il veut gagner. Apprendre à ne pas tout passer aux femmes au risque de devenir leur larbin. Car dans la vraie vie, si Buttercup en pince peut être pour le beau Westley qui bosse au rayon littérature d’un grand magasin, elle préfère vivre avec Humperdinck, le chef des ventes de chez Darty (cf Un Prince à New York).
Les livres ont peut-être survécu à la télévision. Ils n’ont pas survécu aux smartphones.