IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE

IL ÉTAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE

Sergio Leone, 1984

LE COMMENTAIRE

Personne ne touche jamais au grisbi (cf Les tontons flingueurs). Pas de ligne d’arrivée. Juste des étapes. Les récompenses se transforment en avances sur honoraires. L’appétit de plus (cf There will be blood). Jamais assez. À l’infini. Ce qui ressemble à une épilogue n’est finalement rien d’autre qu’un prologue.

LE PITCH

Un gangster revient sur les lieux du crime.

LE RÉSUMÉ

David « Noodles » Aaronson (Robert de Niro) revient à New York, des années après avoir du fuir à Buffalo. Des années après la mort de ses amis Patrick Goldberg (James Hayden), Philippe Stein (William Forsythe) et Maximilian Bercovicz (James Woods) qu’il avait dénoncés à la police – sur les conseils de Carol (Tuesday Weld).

If you were all in jail first, there wouldn’t be any bank job.

Noodles revient après avoir reçu une mystérieuse note de la part d’un rabbin, l’informant que les tombent de ses amis allaient être déplacées au cimetière de Riverdale. Quelqu’un sait visiblement qu’il se cache.

Where’s he hiding?

De retour dans le lower East Side, chez Fat Moe (Larry Rapp), David se refait l’histoire : Les grands débuts dans les années 20. Quand il regardait Deborah (Jennifer Connelly) à travers un oeilleton, celle qui serait la femme de sa vie.

Les premières petites arnaques pour Bugsy (James Russo). L’ambition. Les plus grosses arnaques pour Al Capuano (Clem Caserta). Le butin planqué dans un casier de consigne à la gare. Jusqu’à la mort de Dominic (Noah Moazezi), abattu par Bugsy.

Noodles se venge et écope d’une peine de prison, sans passer par la case départ (cf Bad Boys).

À sa sortie, douze ans plus tard, il retrouve ses amis. C’est reparti pour les braquages et la contrebande d’alcool. C’est à Detroit qu’il fait la rencontre de Carol pour la première fois, en la violant malgré l’ordre de Joe (Burt Young). Tout comme il viole Deborah dans une limousine (cf Irreversible, Comme si de rien n’était), après qu’elle l’informe de sa décision de vouloir poursuivre sa carrière en Californie.

I’m leaving tomorrow to go to Hollywood.

Puis vint la fin de la prohibition, avec l’obligation pour ces gangsters de trouver de nouveaux relais de croissance. Max a l’ambition de braquer la réserve fédérale. Noodles le dénonce pour éviter de plus gros ennuis. L’arrestation se passe mal, les trois compères sont abattus.

Les années ont passé. Noodles retrouve la trace de Deborah, désormais compagne du sénateur Bailey, qui n’est autre que… Max.

Max a profité de ses liens avec la police corrompue pour échapper au règlement de compte, et changer d’identité. Homme politique puissant mais menacé, ses jours sont maintenant comptés. Il demande à son ami de finir le travail. Noodles refuse, tout en lui souhaitant le meilleur.

I hope the investigation turns out to be nothing. It’d be a shame to see a lifetime of work go to waste.

Noodles quitte la propriété à côté de laquelle se trouve stationné un camion ordures. Max sort à son tour et disparait à mesure que le camion s’en va au loin, la broyeuse active. Ses phares se confondent avec ceux d’une voiture ancienne à bord de laquelle des fêtards boivent du vin pétillant sur l’air de God Bless America (cf Mulholland Drive).

Noodles se rappelle du quartier Chinois. Là où tous les ennuis s’évaporaient dans un nuage d’opium, avec un sourire.

L’EXPLICATION

Il était une fois en Amérique, c’est le rêve américain.

Joe Dassin n’avait dans les yeux que l’Amérique. Pourquoi ? À cause du fameux rêve américain. La promesse que n’importe qui puisse y prospérer de par son travail, son courage et sa détermination (cf Minari). Les petit·es qui peuvent devenir grand·es (cf Rocky). Mener la grande vie. Living the life (cf Babylon).

C’est à dire, affirmer ses ambitions sans passer pour un arriviste – comme Noodles et ses copains qui comprennent très vite qu’ils peuvent être leurs propres patrons. Ils prennent le blé où il est, selon l’expression consacrée.

Take the money and run.

Réussi évidemment. Accumuler du capital. Mais pas que. Le rêve américain, c’est aussi se faire des amis. Une aventure humaine qui n’est pas qu’une histoire de gros sous. Noodles ne serait rien sans ses acolytes Pat, Phil et Max. Les trois mousquetaires avec lesquels il va faire les 400 coups.

En Amérique, on vit de grandes histoires d’amour comme celle entre Noodles et Deborah (cf Love Story). L’amour au premier regard, qui trompe les années (cf Interstellar). Le coeur qui bat. Les belles formules.

I’d think, « Deborah lives. She’s out there. She exists. » And that would get me through it all.

Bon, Noodles viole la femme de sa vie…

Parce que la prison ne lui a malheureusement pas que rendu service. Il n’y a pas appris les bonnes manières. Noodle ne sait pas réagir à quelque chose qui lui déplaît autrement que par la violence (cf A History of Violence). C’est malheureux – et ce n’est surtout pas une excuse.

Preuve qu’en Amérique, on fait aussi des bêtises (cf The Wolf of Wall Street). Ups and downs. Beaucoup de bêtises, en vérité. Crimes, vols, mensonge, trahison…

Who you protecting, you dumb asshole? A stoolie who rats on his own friends? They were your friends too!

Il est certain qu’on ne voit pas le temps passer quand on s’amuse. À la fin, de cette vie il ne reste que des souvenirs parfois un peu flous. Au point que lors du dénouement, on a parfois du mal à recoller les morceaux. Quelle est cette note énigmatique du rabbin ? Comment argent a-t-il pu disparaitre ? Difficile d’y comprendre quelque chose.

Why?

It’s the one thing it didn’t say.

Qu’est-il arrivé à Max ? A-t-il été assassiné ou s’est il suicidé ? Personne n’a le temps d’apporter de réponse qu’une voiture arrive déjà en sens inverse pour faire la fête. The show must go on (cf Bohemian Rhapsody, Gatsby le Magnifique).

C’est le mystère de la vie. Voilà pourquoi on préfère parler de rêve américain. L’histoire est plus belle encore si l’on se dit que tout cela n’était qu’un rêve (cf Inception).

To keep from going crazy, you have to cut yourself off from the outside world, just not think about it. Yet there were years that went by. It seemed like no time at all, because you’re not doing anything.

À la réflexion, mieux vaut qu’il s’agisse d’une illusion. Et que tout s’arrête confortablement dans une fumerie d’opium plutôt que dans une benne à ordures. Parce qu’en Amérique, le cauchemar n’est pas remboursé.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

  • Y’a une toute petite « erreur » à la fin du film.quand max attend pour supposement se « jeter » dans le camion benne,on voit ses pieds à gauche du camion.
    J ose espérer que c’est bien une petite erreur inintentionnelle et pas faite exprès.
    Sinon ça lancerait une nouvelle théorie que finalement il s’enfuit avec le camion,mais bon ça n’aurait pas de sens…ou alors peut être?

    • Merci Nicolas pour ce commentaire, et cette précision! On aperçoit effectivement les pieds de Max furtivement sur la gauche du camion alors que celui-ci se met à avancer. Il me semble que cette conclusion est remarquable en ce sens qu’elle laisse ouverte toutes les interprétations. Elle incarne ce que représentait « le rêve américain » à l’époque : tout est possible.
      On peut s’imaginer que tout ce qu’il a construit peut partir à la poubelle en une seconde. Peut-être s’enfuit-il, comme vous le suggérerez? Tout comme on peut penser qu’il ne s’agit que d’une hallucination de Noodles le toxicomane…
      Peu importe, une voiture arrive immédiatement en face. On est aveuglé par les phares, contraints de passer à autre chose!

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