NAPOLEON DYNAMITE
Jared Hess, 2004
LE COMMENTAIRE
L’Amérique profonde d’aujourd’hui, celle qui porte une casquette rouge, est une Amérique nostalgique, un peu comme l’était Charles Aznavour. Elle aimerait voir l’avenir en regardant dans son rétro et y retrouver son plein emploi, ses cigarettes qui ne donnaient pas encore le cancer et ses noirs bien disciplinés… au fond du bus. L’Amérique profonde d’aujourd’hui qui veut construire des murs devrait se rappeler qu’il y a encore dix ans, elle était pourtant ouverte à l’idée de voter pour un latino.
LE PITCH
Un jeune lycéen est dans le dur (cf Les Beaux Gosses).
LE RÉSUMÉ
Du haut de ses 16 ans, Napoleon Dynamite (Jon Heder) vit à Preston dans l’Idaho avec sa grand-mère (Sandy Martin) et son frère Kip (Aaron Ruell), un chômeur de 32 ans qui squattent les chatrooms sur internet en attendant de devenir free-figther pendant que la grand-mère fait du quad dans le désert.
Il passe son temps à rêvasser et à se faire racketter par Don (Trevor Snarr). Au lycée, la plupart le considère comme un autiste. Il ne kiffe pas.
How was school?
The worst day of my life, what do you think?
Sa grand-mère se pète le coccyx et demande à Rico (Jon Gries) de s’occuper de ses neveux. Rico est un ancien athlète qui espère faire fortune dans la vente pyramidale. Pendant que Kip réclame du fric pour pouvoir rencontrer LaFawnduh, sa copine qu’il s’est fait sur Internet (Shondrella Avery), Rico ressasse ses rêves déçus de NFL.
Napoleon devient pote avec Pedro (Efren Ramirez), un jeune étudiant de sa classe transféré de Juarez au Mexique. Il se rapproche aussi de Deb, une étudiante (Tina Majorino) qui lève des fonds pour l’école.
Au bal de l’école, Pedro a l’idée farfelue de se présenter aux élections de délégué de classe. Napoleon le motive.
Do you think people will vote for me?
Heck yes! I’d vote for you.
Pedro fait face à Summer Wheatley (Haylie Duff), une fille populaire contre laquelle il n’a quasiment aucune chance de gagner.
Pendant ce temps, Kip rencontre enfin LaFawnduh qui est venue lui rendre visite de Detroit et en profite pour lui faire un relooking.
Deb et Napoleon s’embrouillent par la faute de cet imbécile de Rico.
Le jour de l’élection, Summer enchaîne son discours par une chorégraphie convaincante. Le discours de Pedro est pour le moins décevant. Et il n’a pas préparé de danse. Napoleon monte sur scène et improvise sur Jamiroquai. Son déhanché fait basculer le public et lui vaut une standing ovation.
Pedro est élu triomphalement. Kip se convertit au hip-hop et part retrouver LaFawnduh à Detroit. La grand-mère sort de l’hosto. Napoleon se réconcilie avec Deb en jouant une partie de Spirobole.
You wanna play me?
L’EXPLICATION
Napoleon Dynamite, c’est la revoluçion.
Dans le trou du cul du monde, les paumés sont légions. Ils sont tous atomisés. Tout seuls ils ne sont rien. Quand ils décident de s’allier, ils peuvent déplacer des montagnes et gagner des élections.
La réalité est parasitée par trop d’esprits étriqués qui jugent et qui empêchent pour mieux continuer de régner sur leur petit monde. Le principal du Lycée fait une leçon pitoyable à Pedro:
Look, Pedro, I don’t know how they do things down in Juarez, but here in Idaho we have a little something called pride. Understand? Smashing in the face of a pinata that resembles Summer Wheatley is a disgrace to you, me, and the entire Gem State.
Rico le raté, rempli de préjugés misogynes, passe son temps à infantiliser Napoleon.
You don’t have to stay here with us, we’re not babies!
Sous la pression de cette dictature de la bêtise, on finit par étouffer. On doute de soi et se convainc qu’on est que de la crotte. Pedro, le petit Mexicain de rien du tout qui vient de Juarez, une ville où on ne se marre pas, a logiquement l’impression de déranger. Il pense qu’il ne vaut rien.
Like what are my skills?
Et effectivement il ne vaut pas bien lourd. Pas bien lourd c’est toujours mieux que rien, comme le lui rappelle Napoleon.
Well, you have a sweet bike. And you’re really good at hooking up with chicks. Plus you’re like the only guy at school who has a mustache.
Alors il faut se permettre. Parce que qui ne tente rien n’a rien. Et parce qu’après tout pourquoi pas ? Les nuls ont aussi le droit d’avoir des ambitions, aussi folles soient-elles.
Vote for me, and all your wildest dreams will come true.
Napoleon Dynamite, c’est le triomphe de la spontanéité. On ne réfléchit pas avant de monter sur scène et on donne tout. On se lâche. La salle n’applaudit pas la performance de Napoleon mais récompense plutôt son acte de bravoure, impressionnée qu’un rigolo puisse se permettre une telle danse face à un parterre de sceptiques. Napoleon n’a tout simplement pas calculé.
Just follow your heart. That’s what I do.
Et il a renversé la vapeur. Avec Napoleon Dynamite, tout devient possible. Kip et LaFawnduh peuvent tomber amoureux, déjouant tous les pronostics. Napoleon n’est plus sous le joug de Don. Il est libre de penser ce qu’il veut, d’aller où ça lui chante et de faire ce qui lui chante.
What are you gonna do today, Napoleon?
Whatever I feel like I wanna do.
Napoleon Dynamite c’est l’Amérique comme on l’aime.
It’s a free country. I can do whatever I want.
Une Amérique cool dans laquelle on accepte les autres tels qu’ils sont (cf Dope), avec leurs kilos en trop – ce qui est bien pratique dans l’un des pays les plus obèses de la planète.
I see you’re drinking 1%. Is that ’cause you think you’re fat? ‘Cause you’re not. You could be drinking whole if you wanted to.
Dans ces États-Unis là, on ne refoule pas les étrangers à la douane. On n’envoie pas non plus ce qui ne sont pas dans la norme dans des camps. Dans ces États-Unis là, Pedro peut être président. Et Napoleon et Deb peuvent se renvoyer la balle, comme un symbole. Ils n’ennuient personne en jouant au Spirobole.
Un message d’espoir pour le parti socialiste.
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