LA NUIT DU 12

LA NUIT DU 12

Dominik Moll, 2022

LE COMMENTAIRE

Les filles n’ont pas la vie facile. Elles doivent se battre constamment pour être reconnues (cf Working Girl). Les héritiers du patriarcat les tiennent encore à l’écart, ou font de leur mieux pour les éclipser. La pression sur les épaules féminines est intense (cf Nikita). En cas d’échec, les coupables sont toutes désignées. Par étonnant que certaines finissent pas craquer.

LE PITCH

La PJ de Grenoble se perd en Maurienne.

LE RÉSUMÉ

Clara Royer (Lula Cotton-Frapier) rentre de chez Stéphanie (Pauline Serieys) où elle a passé une soirée entre copines. En chemin, elle fait une mauvaise rencontre. Un homme l’asperge d’alcool puis lui met le feu. La jeune femme meurt asphyxiée.

À Grenoble, le capitaine Yohan Vivès (Bastien Bouillon) est passé chef d’équipe suite au départ en retraite de Tourancheau (Nicolas Jouhet). Il prend en charge l’affaire, avec son boys club : Marceau (Bouli Lanners), Willy (Théo Cholbi), Fred (Johann Dionnet), Loïc (Thibaut Evrard), Jérôme (Paul Jeanson) et Boris (Julien Frison), le petit nouveau.

Les parents sont prévenus. Stéphanie est interrogée. Les suspects défilent.

Le petit ami Wesley (Baptiste Perais), qui n’en était pas un.

C’était plutôt une connaissance.

Jules, avec lequel elle faisait de l’escalade. Accessoirement son sex-friend.

Gabi Lacazette (Nathanaël Beausivoir), son ex. Connu pour être jaloux et qui a écrit une chanson dans laquelle il affirme vouloir la cramer. Maladroit.

C’était que des mots…

Denis (Benjamin Blanchy), un marginal qu’elle fréquentait occasionnellement.

Vincent Caron (Pierre Lottin), qu’elle fréquentait en secret. Connu des services de police pour violences conjugales.

L’enquête patine. Elle commence à obséder Yohan qui enchaîne les tours au vélodrome pour se détendre.

Pendant ce temps, Marceau est en instance de divorce (cf Marriage Story). Boris annonce qu’il va se marier, ce qui ne semble pas réjouir ses collègues.

Coupures budgétaires… L’imprimante qui marche pas… Tout le monde semble à bout de nerfs (cf Polisse).

On fait un boulot bizarre : on interroge les gens, on fouille dans leurs affaires et on rédige des rapports. On combat le mal en rédigeant des rapports. C’est le combat du bien et du mal mais avec une photocopieuse qui marche pas.

Trois ans ont passé.

Marceau a quitté le service après une altercation musclée avec Vincent Caron. Nadia (Mouna Soualem) l’a remplacé. Yohan s’est déchargé de l’enquête mais il est sollicité par la juge (Anouk Grinberg) pour reprendre du service. Elle a l’idée de placer une caméra au cimetière pour la date anniversaire de la mort de Clara. Des fois que le tueur se sente nostalgique. Sait-on jamais…

La vidéo montre un jeune homme venant se coucher sur la tombe en pleine nuit. Mats (David Murgia) est aussitôt arrêté. Malheureusement, il n’est pas l’assassin puisque pensionnaire d’un hôpital psychiatrique au moment des fais.

Sur 800 enquêtes chaque année, 20% restent non élucidées. Yohan essaie de faire la paix avec sa conscience. Suivant les conseils de Marceau, il commence à faire du vélo sur route.

Je me suis échappé du velodrome!

L’EXPLICATION

La nuit du 12, c’est une prise de conscience bien masculine.

Le meurtre d’une femme coïncide avec la promotion d’un homme.

Bizarre.

Yohan est désormais responsable. Plus possible de se voiler la face. C’est lui qui doit annoncer les mauvaises nouvelles. Tout comme il doit trouver les réponses aux questions que tout le monde se pose. Il est l’homme de la situation. Celui qui doit arrêter le coupable.

À travers cette enquête, ce cycliste amateur entame un long parcours qui va l’emmener vers une réalisation – grâce à la juge :

Y a quelque chose qui cloche entre les hommes et les femmes.

Tout part d’une observation tragique faite par Marceau, suite à la mort de Clara.

C’est toujours les filles qu’on fait brûler.

Stéphanie pose le même constat, avec beaucoup de lucidité.

Elle s’est faite tuer parce que c’était une fille, c’est tout. (…) C’était une fille gentille. Tout ce qu’elle voulait, c’était rire et profiter. (…) C’était ma meilleure amie, elle me manque.

Ce féminicide rappelle à quel point la situation des femmes reste précaire, en dépit de tous les progrès réalisés en matière de parité. Impression confirmée par Nadia, fraîchement débarquée dans l’équipe.

Les trois quarts des collègues ont une mentalité de bourrin.

Yohan va s’en rendre compte très vite. Quelque chose cloche entre les hommes et les femmes, en effet. Chaque suspect pourrait être le coupable.

Tous les types qu’on a entendus auraient pu le faire.

Entre le petit copain détaché. Le mono d’escalade qui rigole après qu’on lui annonce la mort de sa sex-friend. Un voisin lugubre. Des hommes violents dans les mots comme Gabi, ou dans les actes comme Vincent. Clairement pas un pour rattraper l’autre (cf House by the River).

Sans parler des mecs du service qui ne relèvent pas le niveau, de par la mesquinerie de leurs remarques misogynes.

C’est vrai qu’elle choisissait des mecs spéciaux…

C’est à dire ?

Je constate! C’était pas une sainte.

En absence de coupable, ils vont jusqu’à disculper les hommes.

On dit ‘il’, mais c’est peut-être ‘elle’ ?

Incroyable.

Le constat que dresse Yohan est surtout qu’il n’a pas été à la hauteur. Incapable de trouver le meurtrier parmi tous ces hommes. Donc les hommes ont gagné, une fois de plus. Ils ont tué la femme en toute impunité (cf Rebecca, Sueurs Froides).

D’une certaine manière, avec la complicité de Yohan pourtant de bonne volonté.

Ce sont tous les hommes qui ont tué Clara.

Il y a donc bien quelque chose qui cloche. Rien ne risque de changer tant que les hommes sont en charge de tout. La question de Nadia interpelle forcément. Elle est d’actualité.

Vous trouvez pas ça bizarre vous que ca soit majoritairement les hommes qui commettent les crimes, et majoritairement les hommes qui sont censés les résoudre ?

Yohan se rend compte à quel point cela ne tourne pas rond dans son vélodrome. Heureusement qu’il parvient à en sortir. La leçon qu’il tire est qu’il ne doit pas rester bloqué par cette affaire qu’il n’a pas réussi à résoudre. Cesser de ruminer pour ne pas pédaler dans le vide. Réussir à rouler au grand air. Se hisser vers les sommets où il parviendra peut-être à y voir plus clair.

Tant mieux pour lui.

Il est d’ailleurs trop content de prévenir son copain Marceau.

Décidément, c’est bien un monde d’hommes (cf Légendes d’Automne).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

4 commentaires

    • Merci Stevy, sur la forme « la Nuit du 12 » ne semble pas vous avoir enthousiasmé, mais qu’avez-vous retenu du fond?

    • Merci Doctorclassic, vous avez peut-être raison : Y’a-t-il du sens à continuer d’avancer lorsqu’une question reste sans réponse ? Yohan essaie de le faire en tout cas… D’autres n’y parviennent pas (cf The Pledge)

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