FAST AND FURIOUS 7
James Wan, 2015
LE COMMENTAIRE
Il est toujours plus agréable de faire la route avec un copain (cf Easy Rider). Est-ce pour autant une raison pour ne pas regarder sa route ? Les conducteurs les plus aguerris savent que le danger vient de partout, surtout de là où on s’y attend le moins. Regardons nous les yeux dans les yeux. Faisons nous des sourires. Mais restons vigilants.
LE PITCH
Le génie du mal a un grand frère encore plus méchant que lui.
LE RÉSUMÉ
Owen Shaw (Luke Evans) se retrouve en soins intensifs suite à ses frasques (cf Fast & Furious 6). Deckard Shaw (Jason Statham) jure de se venger des responsables. La colère du grand frère est énorme. Les conséquences s’annoncent terribles.
He’s a legitimate English badass.
Tout d’abord, Deckard Shaw tue Han (Sung Kang) puis il envoie l’agent Hobbs (Dwayne Johnson) à l’hôpital. Un colis piégé manque d’estropier Dominic Toretto (Vin Diesel), sa soeur Mia (Jordana Brewster), son beau-frère Brian O’Conner (Paul Walker) et leur petit garçon. Cette fois-ci, le message est bien passé.
We’re being hunted.
La famille Toretto organise sa défense. Mr Nobody (Kurt Russell), un agent des forces spéciales, promet à Dominic de lui venir en aide dans sa lutte contre Shaw si, en retour, Toretto l’aide à mettre la main sur God’s Eye, un outil de tracking digital convoité par un mercenaire Nigérian du nom de Mose Jakande (Djimon Hounsou). Échange de bons procédés.
Les affrontements finaux déciment les rues de Los Angeles. Toretto parvient à neutraliser Shaw dans un combat singulier.
The street always wins.
Malheureusement, il manque de mourir en accrochant une ceinture d’explosifs à l’hélicoptère de Jakande. Brian tente alors de réanimer son ami en lui faisait un massage cardiaque. En réalité, ce sont plutôt les tendres paroles de sa compagne Letty qui vont ramener Toretto à la vie.
If you die I die, remember? And I’m not ready to leave this place yet. This moment is still ours.
Deckard Shaw est incarcéré en QHS, escorté par Hobbs. Sur la plage, il devient évident que Brian va se ranger afin de profiter de son deuxième enfant. Au bout d’une ultime course, les routes de O’Conner et de Toretto se séparent donc définitivement.
L’EXPLICATION
Fast and Furious 7, c’est comment se dire adieu.
Tout le code Rousseau repose sur l’anticipation. Chaque conducteur est responsable du conducteur qui le précède. C’est pourquoi il est nécessaire que chacun communique clairement ses intentions à l’avance – afin d’éviter l’accident. Tout le monde peut se préparer au mieux. La circulation reste fluide. Par exemple, nous mettons notre clignotant pour prévenir les autres de notre intention de quitter la route principale.
Il en va de même dans la vie où nous ne pouvons pas toujours rester sur la même route. Les aléas nous contraignent parfois à devoir bifurquer, comme c’est le cas de O’Conner qui doit se retirer une bonne fois pour toute de la course s’il veut profiter un peu de ses enfants et de sa compagne. Il perd son goût légendaire pour l’adrénaline, contrairement à ce que pense Mia:
He doesn’t miss the girls, he doesn’t miss the cars, he misses the bullets.
Les balles ne lui manquent plus : l’heure de la retraite a sonné.
You have to come home to us.
Comme Jacques Mayol part retrouver ses amis les dauphins (cf Le Grand Bleu), Brian doit veiller sur les siens plutôt que de faire des cascades.
Néanmoins, O’Conner n’est pas seulement le beau-frère de Dominic, il est aussi son meilleur ami. À ce titre, il est un élément fondateur de la famille Toretto qu’il ne peut pas quitter sans coup de klaxon. De la même manière qu’on ne quitte pas une entreprise pour laquelle on a travaillé tant d’années de sa vie sans faire de pot de départ (cf Monsieur Schmidt).
Le moment du pot de départ est symbolique car il permet aux deux parties de se faire leurs adieux au sens de Françoise Hardy. C’est à dire: profiter d’un dernier moment pour communiquer ce qui doit l’être. Avant de mettre un point final. Ce que nous ne faisons plus jamais: nous ne nous disons plus vraiment les choses.
Nous n’avons pas le temps ni le loisir de le faire. Même les amoureux ont du mal à dire qu’il s’aiment, à l’image de Brian et Mia qui s’échangent des mots doux par téléphone une fois que la communication est coupée.
Nous ne ponctuons plus jamais nos phrases sur les messageries instantanées non plus.
Partir en mettant les formes permet à ceux qui partent de ne pas laisser ceux qui restent sur le bord de la route. Grâce aux adieux, ceux-ci peuvent accepter l’idée du départ. Faire un deuil nécessaire. Envisager l’avenir avec sérénité. Un cycle se referme, un nouveau cycle démarre. C’est la vie. La route est dégagée.
They say an open road helps you think about where you’ve been, where you’re going.
Quand on fait ses adieux, il est également plus facile pour ceux qui restent de garder un souvenir de ceux qui partent. De cette façon, ils vivent pour toujours dans nos coeurs (cf Interstellar).
They say to live in the heart of those who leave behind is not to die.
Parfois, il n’est malheureusement pas possible de prévenir à l’avance. On ne choisit pas toujours. N’en déplaise à l’agent Hobbs qui veut en permanence rester en contrôle de son destin.
Don’t stay too late.
I stay as long as I want woman.
Parfois, on doit partir sans l’avoir décidé. C’est le cas de Han qui meurt accidentellement. Sa disparition brutale laisse une tristesse immense dans le coeur de ceux qui restent. Inconsolable, Pearce (Tyrese Gibson) a du mal à encaisser.
I can’t do no more funerals.
Toretto est conscient de cette réalité, bien qu’elle lui déplaise.
Dans la vie, il ne s’agit pas uniquement de laisser une trace de pneu sur le bitume en accélérant très fort. Il s’agit aussi de savoir sortir de la piste avec élégance:
This time it’s not just about being fast…
O’Conner le sait également. C’est pour cette raison qu’il rattrape son ami pour un dernier bout de chemin. Échanger un dernier sourire.
You thought you could leave without saying goodbye?
À défaut d’avoir pu dire adieu à son équipe et à ses nombreux fans ; et afin que l’histoire continue, Paul Walker méritait un bel hommage.
Un commentaire