BASKETBALL DIARIES

BASKETBALL DIARIES

Scott Kalvert, 1995

LE COMMENTAIRE

Les Chinois aiment à dire qu’il ne pleut pas tous les jours. Une manière habile de voir le verre à moitié plein (cf Dead Zone), sans nier le fait qu’il puisse être à moitié vide par ailleurs. Très adroit. Car la vie n’est effectivement pas qu’une partie de rigolade (cf Pee-Wee big adventure). Pour autant, on ne va pas passer tout notre temps à pleurer non plus!

LE PITCH

Un jeune homme remonte à la surface après avoir touché le fond.

LE RÉSUMÉ

Jim Carroll (Leonardo DiCaprio) fait partie de l’équipe de basket de son lycée avec ses potes Pedro (James Madio), Mickey (Mark Wahlberg) et Neutron (Patrick McGaw). Entre deux matchs, Jim subit les châtiments du violent père McNulty (Roy Cooper). Il se drogue pour mieux faire passer la pilule et tente de garder un semblant de poésie.

You’re growing up. And the rain sort of remains on the branches of a tree that will someday rule the Earth. And it’s good that there is rain. It clears the month of your sorry rainbow expressions, and it clears the streets of the silent armies… so we can dance.

Suite à la mort de son ami Bobby (Michael Imperioli), victime d’une leucémie, Jim lâche le frein à mains. Il commence l’héroïne (cf Trainspotting). La chute s’accélère.

I was just gonna sniff a bag but one guy says if you’re gonna sniff you might as well pop it and another guys says if you gonna pop it you might as well mainline.

Il se fait virer de son équipe, puis de l’école. Retrouvé dans la neige par son ami Reggie (Ernie Hudson), Jim fait une tentative de désintoxication infructueuse.

De retour dans la rue, il finit par se prostituer dans les toilettes publiques pour se payer ses doses. Suite à un deal foireux, Mickey est arrêté puis condamné à une peine de prison. Jim ne va pas tarder à suivre le même chemin.

À Rikers Island, il profite de sa détention pour se sevrer. À sa sortie, Pedro l’attend et lui propose une dose que Jim refuse. Pas de rechute cette fois-ci.

Il a réussi à transformer sa vie une poésie suffisamment lugubre pour intéresser un public.

In the end, you just got to see the junk as another 9-to-5 gig. The hours are just a bit more inclined to shadows.

L’EXPLICATION

Basketball Diaries, c’est permettre au ballon de rebondir.

Jim Carroll est un véritable poète qui ne supporte pas le réel tel qu’il est, fait de curés sadiques profitant de leurs statuts pour assouvir leurs vices (cf Spotlight)…

Too bad, Father. I was just beginning to enjoy it.

We can do it again tomorrow if you like, Mr. Carroll.

… ou d’entraineurs de basket pédophiles sans scrupule, aimant surprendre leurs joueurs dans les toilettes ou sous les douches. Après tout, que risquent-ils ?

Tell them whatever you want. Nobody’s gonna believe a druggie like you, anyway!

Jim vit dans un appartement pourri de New York. Il ne fera sûrement pas carrière en NBA. Sa mère ne lui accorde pas beaucoup d’affection. Son père est absent. Dieu n’est pas au rendez-vous non plus.

When I was young, about eight or so, I tried making friends with God by inviting Him to my house to watch the World Series. He never showed.

Face à ce manque de perspective et toute cette violence, certains ne se laissent pas abattre. Jack Wolf trouve une solution pour sortir de son trou (cf Blessures secrètes). Ernesto et Alberto décident de prendre leur moto pour parcourir le continent Sud Américain – avant de mener la revolución (cf Carnets de voyage).

Cependant, tout le monde n’a pas le caractère d’un Rocky Balboa. En l’occurrence, Jim est plus fragile. À l’abandon. Aussi, quand son ami Bobby est définitivement défait par le cancer, il décide d’aller jusqu’au bout dans la défonce. À quoi bon ? Perdu pour perdu… Tout en se persuadant qu’il est capable de garder le contrôle malgré tout.

We think we all got it under control and won’t get strung out. This rarely works. I’m living proof. 

Avec l’héroïne, la vie semble un peu plus douce. Le ballon tombe d’abord lentement. Sans qu’il s’en rende compte, Jim ressemble à Diane Moody (Juliette Lewis) dont il se moquait pourtant avec ses copains. Alors la chute du ballon s’accélère. La vie lui file entre les doigts.

Time sure flies when you’re young and jerking off.

Le ballon flotte dans l’air. Certains artistes s’en accommodent (cf Born to be blue).

Pour rebondir, il a simplement besoin de toucher le sol – pour de vrai. Pas simplement finir quasiment en over-dose dans la neige, sauvé par un ami. Jim a besoin de connaître la rue, la prostitution et la prison. Passer de l’autre côté de la chaîne.

Explorer la vie dans ce qu’elle a de plus sombre. Il lui fallait au moins cela pour prendre conscience que son existence en valait la peine – si l’on peut dire. A minima, qu’elle pouvait intéresser ses contemporains.

Jim n’est peut-être pas costaud mais il a du caractère. Sa colère le sauve. Cette haine contre ce système d’oppresseurs va lui permettre de sortir de prison moins bête qu’il n’y est rentré (cf Un Prophète). Compétiteur dans l’âme, il ne veut pas perdre contre son entraîneur ou contre le père McNulty. Cela serait injuste. Il refuse de foutre sa vie en l’air par la faute de ces ordures. Impossible de les laisser gagner.

In the next life, Father, I’m gonna have the paddle!

Il peut se servir de sa poésie pour mieux rebondir. Face à des adversaires plus puissants, Jim s’appuie sur sa ruse. Il manie le verbe comme personne. Les mots qu’ils posent sur sa terrible expérience lui permettront de trouver le salut.

Désormais, il n’a plus peur. Il n’attend rien de personne. Simple témoin, le partage de son expérience lui permet de continuer la partie et trouver quelqu’un pour lui renvoyer la balle. Des milliers de personnes comme lui, qui souffrent mais qui tiennent bon pour finir le match, avec panache.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.