MATRIX RESURRECTIONS

MATRIX RESURRECTIONS

Lana Wachowski, 2021

LE COMMENTAIRE

Il arrive parfois que le monde qui nous entoure nous donne l’impression de ne pas être synchronisé. Pas dans le bon tempo (cf Whiplash). Tout faire en retard, ou de travers. Le monde contre nous. Les vents contraires. De quoi donner envie de crier bien fort pour sortir de nous-mêmes. Dans l’espoir de réinitialiser le système.

LE PITCH

Un couple se retrouve dans la matrice.

LE RÉSUMÉ

Bugs (Jessica Henwick) s’aventure dans la matrice (cf Matrix) et rencontre un agent pas comme les autres : Morpheus (Yahya Abdul-Mateen II). Elle l’aide à sortir avant qu’il ne soit découvert. Morpheus va l’aider à retrouver la trace de Neo (Keanu Reeves), alias Thomas Anderson, un développeur de jeux vidéo. Le papa de la très populaire trilogie Matrix, inspirée de ses rêves, se voit ordonner par son patron (Jonathan Groff) de travailler sur un nouvel opus.

Warner Brothers, has decided to make a sequel to the trilogy.

What?

They informed me they’re gonna to do it with or without us.

I thought they couldn’t do that?

Oh, they can, and they made and it clear they would kill our contract if we didn’t cooperate.

Pas le choix. Sinon Anderson est débranché. Il doit donc composer avec les délires des as du marketing. Ce qui lui donne la nausée, et l’envie de se jeter dans le vide. Les pilules bleues de son psychiatre (Neil Patrick Harris) aident bien.

Neo continue de voir trop de choses étranges autour de lui. Par exemple, il croise régulièrement Tiffany (Carrie-Anne Moss) qu’il a transposée dans son jeu en Trinity.

Have we met?

C’est le moment pour Morpheus de proposer à Neo d’arrêter de jouer la comédie pour le rejoindre vers le vrai monde. La pilule rouge. Après une longue hésitation, Neo finit par accepter.

De retour dans un pod, en face de Trinity.

Welcome back to the real world.

Neo est conduit vers Io, le sanctuaire des humains. Soixante ans après la guerre des machines (cf Matrix Revolutions), les humains se sont alliés à certaines machines pour combattre une anomalie dans la matrice. L’analyste (Neil Patrick Harris) a redonné vie à Neo et Trinity après avoir compris qu’à deux ils étaient plus forts que le système. Il les a réinjectés dans la matrice, séparément, afin de garder une parfaite maîtrise. Comme si tout le monde réclamait à être réintégrés de nouveau.

Everything was simpler back then. People wanted to be free. It’s different now. Sometimes it feels like people gave up. Like the Matrix won.

L’extraction de Neo bouleverse l’équilibre. L’analyste réclame la réintégration de Neo alors que celui-ci exige la libération de Trinity, qui ne doit pas être sortie de la matrice sans avoir donné son consentement tacite. L’analyste accepte que tous les deux se croisent dans la matrice. Si Tiffany accepte de partir, alors elle sera libre.

Tiffany parvient à sortir de son personnage pour redevenir Trinity.

L’analyste ne tient pas parole, comme c’était à prévoir. Cependant il n’est pas de taille face au couple qui lui promet de revenir lui botter les fesses s’il tente à de reprendre le contrôle.

We’re not here to negotiate.

L’EXPLICATION

Matrix Resurrections, c’est un hommage au déjà vu.

Qu’est-ce que l’histoire sinon qu’un éternel recommencement, comme le fait remarquer Etienne Daho (cf L’Histoire sans Fin). Les Grecs pensaient le monde de manière cyclique. Smith le reconnait très bien lui aussi:

That’s the thing with stories, they never really end do they? We’re still telling the same stories we’ve always told, just with different names.

On recycle.

Les producteurs ont repris cette idée juteuse pour faire de l’argent, avec un principe simple:

Reboots sell.

Après tout, les marketers eux-mêmes assimilent la matrice à une métaphore de l’exploitation capitaliste.

Rien de tel qu’une histoire qui se regarde dans le miroir. Avec les mêmes protagonistes : Neo et Trinity, soixante ans plus tard et pas beaucoup plus de rides. C’est dans les vieux pots qu’on fait la meilleure soupe. Neo et Trinity forment la fondation du couple hétérosexuel. L’équipe qui gagne.

There’s a part of me that feels like I’ve been waiting my whole life for you. And this part feels like : what the hell took you so long?

I don’t have an easy answer, maybe I was afraid of all this.

D’autres personnages satellites gravitent autour de l’histoire mais ne se ressemblent pas exactement, comme Smith et Morpheus. C’est le propre du déjà vu. Presque pareil, sans être tout à fait pareil.

Une recette connue et qui fonctionne autour du questionnement.

My mind made it all up. Isn’t what I’m supposed to say?

Is this what you believe?

Répondre à une question par une question. Imparable!

Le même ingrédient, revisité à toutes les sauces. Au hasard : le choix. Inépuisable source de réflexions.

The choice is another illusion. You already know what you have to do.

Et si on n’avait pas vraiment le choix? Si le choix ne nous appartenait pas? Certes, nous devons décider de nous réveiller par nous-mêmes. Reprendre le contrôle de nos vies afin de s’affranchir des codes imposés par le système. Ne pas se laisser enfermer. Encore que le choix de la pilule rouge s’impose en vérité… Et surtout, qui décide de nous donner le choix?

The most important choice in Neo’s life isn’t his to make.

Trinity est venue chercher Neo la première pour le sortir de sa condition. Désormais, c’est à Neo de renvoyer l’ascenseur.

I never believed I was the one, but she did. She believed in me. It’s my turn to believe in her.

Déjà-vu!

Des chats noirs dans les angles de chaque pièce.

Une méthode qui a l’avantage de rassurer.

I still know Kung Fu.

Nous ressentons tous ce besoin. Casser la routine pour mieux revenir à nos petites habitudes. C’est pourquoi après avoir réclamé notre liberté, on cherche à se réfugier aussitôt dans la matrice. Les cycles, encore une fois (cf Indiana Jones et le cadran de la destinée).

The sheeple aren’t going nowhere. They like my world, they want to be controlled, they crave the comfort of certainty.

Les héros l’emportent à la fin. Toujours. C’est déjà-vu, mais c’est important.

Attention tout de même à ce que le déjà-vu ne se transforme pas en réchauffé. Car si les résurrections font de belles histoires (cf Comme des Phénix), on apprécie quand le manège s’arrête. Laissons les souvenirs dans le passé (cf La Belle Époque) et les morts en paix. Pour tourner la page, une bonne fois pour toute. Car les meilleures choses doivent aussi avoir une fin.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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