MOBY DICK

MOBY DICK

John Huston, 1956

LE COMMENTAIRE

Les capitaines ne partent jamais en mer au hasard. Ils ou elles ont une mission à accomplir, et un équipage à guider à travers la difficulté (cf En pleine tempête). Sinon, pratiquement n’importe qui pourrait le faire. Pour réussir, les capitaines doivent obtenir le respect – sans nécessairement avoir à susciter la crainte.

LE PITCH

Une bande de marins se retrouve embarquée dans une partie de pêche tendue.

LE RÉSUMÉ

L’ambitieux Ismael (Richard Basehart) arrive de nuit à New Bedford pour s’engager sur un baleinier. Avant d’embarquer sur le Pequod, il sympathise avec Queequeg (Friedrich von Ledebur), un harponneur hors-pair.

La réputation du Capitaine Achab (Gregory Peck) le précède. Bien que personne ne l’ai encore vu sur le Pequod, tout le monde sent sa présence et l’entend faire les cent pas la nuit venue.

Achab est à la recherche de Moby Dick, un cachalot responsable de la perte de sa jambe gauche. Collecter de l’huile de baleine, il s’en moque. C’est ce qu’il l’annonce à l’équipage, en promettant une pièce d’or à celui qui l’aidera à prendre Moby Dick.

Bien que la pêche soit pourtant bonne, Achab ne pense qu’à sa destination finale. La patience est éprouvée. Le moral chute. Les marins commencent à partager leur inquiétude entre eux (cf Das Boot). Starbuck (Leo Genn) est le premier à suggérer l’idée d’une mutinerie à Stubb (Harry Andrews) et Flask (Seamus Kelly).

It is our task in life to kill whales, to furnish oil for the lamps of the world. If we perform that task well and faithfully, we do a service to mankind that pleases Almighty God. Ahab would deny all that. He has taken us from the rich harvest we were reaping to satisfy his lust for vengeance, he is twisting that which is holy into something dark and purposeless, he is a Champion of Darkness.

Queequeg voit sa mort approcher et demande au charpentier de lui confectionner un cercueil.

Au large de l’atoll de Bikini, Moby Dick fait soudainement surface. Achab est sur le pont. La chasse peut commencer.

Le Pequod croise le Rachel, un autre bateau de New Bedford, dont le capitaine (Francis de Wolff) a perdu son fils et réclame de l’aide. Achab l’ignore et continue sa route.

Le capitaine brave tous les dangers. Ismael se permet de lui parler de la prophétie d’Elijah (Royal Dano) qui tend à se réaliser.

At sea one day, you’ll smell land where there’ll be no land, and on that day Ahab will go to his grave, but he’ll rise again within the hour. He will rise and beckon. Then all – all save one shall follow. (…) May the heavens bless you.

Achab balaie ses doutes pour continuer la traque.

I’ll follow him around the Horn, and around the Norway maelstrom, and around perdition’s flames before I give him up.

Moby Dick attaque le bateau du capitaine. Emmêlé dans les cordes des harpons, Achab se noie sur le dos de la baleine.

From hell’s heart I stab at thee, for hate’s sake I spit my last breath at thee. Ye damned whale.

Starbuck ordonne de poursuivre l’assaut. Moby Dick détruit le Pequod d’un coup de queue (cf Au coeur de l’océan).

Seul survivant, Ismael s’accroche au cercueil de Queequeg.

The coffin. Drowned Queequeg’s coffin was my life buoy. 

Le Rachel vient à son secours.

The great shroud of the sea rolls over the Pequod, her crew, and Moby Dick. I only am escaped. Alone, to tell thee.

L’EXPLICATION

Moby Dick, c’est une obsession destructrice.

Une personne déterminée sait se donner les moyens d’arriver à ses fins. Elle se prépare en conséquence et élabore un plan pour ne rien laisser au hasard. Juste assez de marge pour se dégager quelques options utiles, si nécessaire. Histoire de ne surtout pas se retrouver bloqué·e par l’imprévisible.

De ce point de vue, Ismael est déterminé. Il ne rejoint pas le Pequod pour y faire de la figuration, mais pour contribuer à la réussite de l’entreprise. Peut-être même décrocher la pièce d’or. L’échec n’est pas pensable.

Une personne obstinée ne baisse jamais les bras. Lorsque le projet semble compromis, elle insiste. Mieux, elle s’acharne. C’est souvent d’une telle volonté dont on a besoin pour accomplir de grandes choses. Au moment d’atteindre le point de non retour, beaucoup rentrent à la maison. D’autre continuent leur route, imperturbable. À l’impossible nul·le n’est tenu·e. Les autres, peut-être.

Starbuck est obstiné. Contrairement aux autres marins, il a la force de ne pas renoncer. Bien que le capitaine lui-même coule d’une manière pathétique, Starbuck s’imagine pouvoir réaliser quelque chose d’incroyable. Il échoue lamentablement.

Les personnes obsessives sont encore plus radicales. Elles ne pensent plus qu’à leur objectif. Une obsession peut-être tellement forte qu’elle détourne la personne de son objectif premier. Plus rien d’autre ne compte. Si les autres autour d’elles en subissent les conséquences, ainsi soit-il (cf Zodiac). On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs.

Achab est clairement dans l’obsession, ne pensant plus qu’à Moby Dick nuit et jour. Mettant sa propre santé en péril.

I do not sleep, I die.

Il se moque des autres, mettant une pression inhumaine sur ses marins, tout en accrochant une récompense supplémentaire pour motiver ses troupes. La carotte et le baton. Du vrai harcèlement moral.

I don’t give reasons, I give orders!

Pas même un appel en détresse du Rachel ne saurait détourner Achab de son objectif. Le Capitaine ne va certainement pas transformer son voyage en mission de sauvetage. Pas le genre de la maison.

À cause de son obsession, il mélange tout.

We all see it. That don’t make it real.

Il ne s’agit plus pour lui de pêcher le cachalot afin d’en rapporter de l’huile et développer l’économie locale. Au contraire, il s’agit de vengeance (cf Orca). Le genre de passion qui ne peut conduire qu’au fond de l’eau.

Ce projet devient maudit.

It is an evil voyage.

L’obsession d’Achab lui fait perdre toute lucidité. Comme Nikola Tesla le rappelait : vouloir saisir plus que ce que l’on peut étreindre est un mensonge. L’humanité n’est simplement pas capable de s’en tenir à ce qu’elle peut étreindre. Achab voit trop gros. Surtout, Achab voit mal.

Les obsessions sont une affaire de jeunesse (cf Le Prestige). Elles finissent par consumer celles et ceux qui en brûlent.

C’est la leçon que doit en tirer Ismael, accroché au cercueil d’un autre. Le rescapé va devoir apprendre à se contenter de sa détermination, pour atteindre la sagesse et pouvoir partager ses expériences à ses petits-enfants un jour.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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