DAS BOOT
Wolfgang Petersen, 1981
LE COMMENTAIRE
Les marins sont des aventuriers: Arthaud, Kersauson, Tabarly, McArthur, Cammas, Desjoyeaux, Autissier. Plus encore. Personnages ombrageux à l’image de Capitaines mythiques comme Achab, Nemo ou Quint. Leur responsabilité est énorme. Arriver à bon port, en temps et en heure (cf En pleine tempête). Pas étonnant que leurs âmes soient névrosées.
LE PITCH
L’équipage du sous-marin allemand U-96 s’apprête à prendre la mer.
LE RÉSUMÉ
En 1941, la 2e Guerre Mondiale fait rage et l’Allemagne Nazie, au sommet de sa forme, sème la terreur sur terre, dans les airs et en mer. Le lieutenant Werner (Herbert Grönemeyer) travaille comme correspondant et doit accompagner l’équipage du sous-marin U96 qui s’apprête à quitter La Rochelle. Il se retrouve dans un bordel, au beau milieu d’une beuverie au cours de laquelle Thomsen (Otto Sander), ivre, se laisse aller à des commentaires déplacés à l’encontre d’Hitler.
Le Capitaine du U96 (Jürgen Prochnow) est quant à lui plus silencieux. Il a pas mal navigué, c’est le cas de le dire. Malgré tout il appréhende ce voyage qu’il sait particulièrement dangereux puisque les Allemands ont pour mission de torpiller les bateaux de ravitaillement américains – ainsi que les navires de guerre anglais. Après des adieux émouvants entre officiers allemands et prostituées françaises, le sous-marin U96 quitte fièrement le port sous les applaudissements.
Après quelques jours sans rien à signaler, le sous-marin repère enfin un destroyer mais n’a pas le temps d’attaquer qu’il se fait bombarder par la Royal Air Force. Les trois semaines suivantes sont marquées par des tempêtes terribles qui mettent le moral des troupes à dure épreuve.
They made us all train for this day. « To be fearless and proud and alone, to need no one, just sacrifice. All for the Fatherland. » Oh God, all just empty words. It’s not the way they said it was, is it? I just want someone to be with. The only thing I feel is afraid.
Le U96 a enfin l’occasion de couler son premier convoi britannique. Les marins se félicitent. Ils ont le sentiment du devoir accompli même si le Capitaine ne peut s’empêcher de regarder les bateaux sombrer dans les flammes non sans une certaine amertume.
Alors que les membres du U96 s’attendaient à rentrer à La Rochelle pour Noël, ils apprennent qu’ils doivent faire escale à La Spezia. Après avoir traversé le très risqué détroit de Gibraltar, l’équipage se ravitaille à Vigo où ils sont reçus en héros. Pris en embuscade au moment de retraverser le détroit, le U96 s’en sort miraculeusement, porté par la détermination de son Capitaine.
They won’t catch us this time! Not this time! They haven’t spotted us! No, they’re all snoring in their bunks! Or, you know what? They’re drinking at the bar, celebrating our sinking! Not yet, my friends!
L’engin est victime d’un incident technique qui le contraint à plonger. Prisonniers des profondeurs et bientôt à court d’oxygène, les ingénieurs travaillent d’arrache pieds pour réparer les dommages et permettre au submersible de remonter à la surface (cf K-19).
À bout de nerfs et de forces, l’équipage parvient à regagner les côtes françaises tant bien que mal. Une fois arrivé à bon port, ils se font piéger par une attaque aérienne.
Le Capitaine, mortellement blessé, regarde avec tristesse son sous-marin couler dans la rade (cf Titanic).
L’EXPLICATION
Das Boot, c’est tout est bien qui finit mal.
Le sous-marinier n’est pas non plus n’importe quel marin. Il est celui qui par définition va sous l’eau. Celui qui espionne. Faire le sale boulot, sans faire de vague. Frapper discrètement.
So, what’s it like down there, in a submarine?
It’s quiet.
Le sous-marin est sournois. À l’époque où le radar est balbutiant, on ne peut pas le détecter facilement. Grâce à cet avantage injuste, le U96 peut exercer sa menace librement. Comme le requin blanc à l’affût des plagistes (cf Les Dents de la Mer). Le terroriste de l’océan.
Ces Allemands ne sont clairement pas des SS. Ils se retrouvent martyrs malgré eux pour la gloire d’un Führer sanguinaire. Le Capitaine n’a d’ailleurs absolument rien à voir avec ces officiers détestables qui braillent et se saoulent comme des porcs. Il a l’élégance du capitaine barbu avec ses mains dans les poches. Classique. Il se distingue des autres car il souhaite que ses garçons reviennent vivants, plus encore que le nombre de bateaux qu’il va pouvoir accrocher à son tableau de chasse. Un peu de noblesse et de sagesse.
Werner est impatient d’aller au feu. Le Capitaine lui rappelle que le plus dur, c’est surtout de rentrer.
Take photos of the crew returning. Not putting out to sea.
On est plongé dans cette guerre de manière troublante au côté d’un ennemi qui n’a pas demandé à l’être et qu’on découvre humain. Ces marins canardés font mal au coeur. On s’identifie forcément. Comment ne pas repenser aux projets sur lesquels on a travaillé comme des fous et qui ont fini par avorter juste avant de voir le jour (cf Fyre Festival).
On compatit. Ces pauvres Allemands ont traversé tant d’épreuves épiques, avec courage, pour finalement se faire tirer dans le dos alors qu’ils pensaient être rentrés. Un peu comme si on mourrait un vendredi soir, juste avant le weekend.
Il faut néanmoins se rappeler qu’en période de guerre, l’heure n’est plus aux politesses (cf 1917). On ne peut pas avoir de pitié. Le traître que représente ce sous-marin doit finir par être repris. Il ne peut pas en être autrement. On ne saurait oublier ce pourquoi ces officiers sont en mer. Ces Allemands ne sont peut-être que des pions (cf Munich), ils n’en restent pas moins sur l’échiquier.
L’Allemagne Nazie est en train de perdre la bataille de l’Atlantique. C’est le début de la fin. On va quand même pas se mettre à pleurer.
Cela finit mal et c’est tant mieux.
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