MISSISSIPPI BURNING

MISSISSIPPI BURNING

Alan Parker, 1988

LE COMMENTAIRE

Depuis que le monde est monde, l’homme aime scinder les choses. Par réflexe, par peur et par paresse aussi : Les bleus contre les rouges. Les garçons et les filles. Le blanc et le noir. La vie est pourtant plus complexe qu’une ligne avec deux extrémités (cf Donnie Darko)! Cette logique qu’on pourrait qualifier de jour / nuit (cf les Visiteurs) ne nous emmène pas beaucoup plus loin que les toilettes.

LE PITCH

Deux policiers défient le Klan.

LE RÉSUMÉ

Trois membres du mouvement afro-américain des droits civiques, deux Juifs et un Noir, sont assassinés dans le comté de Jessup, Mississippi. On soupçonne évidemment un crime raciste. Deux agents du FBI sont dépêchés sur place : Rupert Anderson (Gene Hackman) et le jeune Alan Ward (Willem Dafoe).

Sur place, le Sheriff Ray Stuckey (Gailard Sartain) et son adjoint Clinton Pell (Brad Dourif), de mèche avec le Ku Klux Klan, freinent l’enquête. Toute la ville est gangrénée.

You have to be a member to drink here.

Member? A member of what?

Member of the social club.

La femme de Pell (Frances McDormand), fatiguée de toute cette violence, confirme à Anderson qu’il s’agit bien d’un crime. Son mari va la battre sauvagement pour cela.

Les méthodes conventionnelles chères à Ward ne fonctionnent pas. Il va falloir jouer sale. Rupert Anderson prend les choses en mains. Le FBI va utiliser Lester Cowens (Pruitt Taylor Vince) pour semer la panique au sein du Klan. L’intimidation fonctionne. Persuadé que les membres du Klan l’ont abandonné et veulent sa peau, il se retourne et balance tout le monde.

Tous les membres du Klan tombent à l’exception de Stuckey qui bénéficie d’appuis solides en la personne du businessman Clayton Townley (Stephen Tobolowsky).

Miss Pell essaie de refaire sa vie.

Avant de quitter les lieux, Anderson et Ward s’arrêtent dans un cimetière afro-américain pour rendre un dernier hommage aux victimes.

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L’EXPLICATION

Mississipi Burning, c’est comme lutter contre le cancer.

À l’origine il y a toujours un Livre. Dans ce livre, on trouve beaucoup de règles approximatives, voire paradoxales, auxquelles tout le monde accorde trop d’importance finalement. Le livre est toujours sujet à interprétations et il y a toujours quelqu’un pour lire de travers. Quand il s’agit du Coran, un fondamentaliste va retenir qu’il faut égorger les païens. Avec la Bible, un fondamentaliste va penser qu’elle valide la suprématie des blancs sur les autres races.

Un livre, une personne qui ne sait pas lire… comme Clayton Townley qui en profite pour diviser pour mieux régner.

Et les Noirs se retrouvent comme des sous-Blancs, au nom de l’héritage anglo-saxon chrétien (cf Le 13e).

En bout de chaîne, on trouve une foule de moutons de Panurge, comme Madame Pell qui fait ce qu’on lui dit de faire. Sans réfléchir ni discuter, sinon c’est une tarte dans la tronche – voire pire.

It’s ugly. This whole thing is so ugly. Have you any idea what it’s like to live with all this? People look at us and only see bigots and racists. Hatred isn’t something you’re born with. It gets taught. At school, they said segregation what’s said in the Bible… Genesis 9, Verse 27. At 7 years of age, you get told it enough times, you believe it. You believe the hatred, you live it, you breathe it, you marry it.

Voilà à peu près le terrain qui permet au racisme de se propager comme un cancer. Quand le mal est aussi profond, comment l’éradiquer?

D’abord prendre conscience de son origine, pour ne pas faire d’erreur.

You know, when I was a little boy, there was an old negro farmer that lived down the road from us, name of Monroe. (…) He bought himself a mule. That was a big deal around that town. My daddy hated that mule. (…) One morning, that mule showed up dead. They poisoned the water. After that, there wasn’t any mention about that mule around my daddy. It just never came up. One time, we were driving down that road, and we passed Monroe’s place and we saw it was empty. He just packed up and left, I guess, he must of went up north or something. I looked over at my daddy’s face. I knew he done it. He saw that I knew, he was ashamed. I guess he was ashamed. He looked at me and said, « If you ain’t better than a nigger, son, who are you better than? »

You think that’s an excuse?

No it’s not an excuse. It’s just a story about my daddy.

Where’s that leave you?

My old man was just so full of hate that he didn’t know that bein’ poor was what was killin’ him.

Reconnaître que son propre père était un imbécile (cf American History X) pour ne pas prendre le même chemin que lui. Que le responsable de son propre malheur n’est pas forcément l’autre. La couleur de la peau n’a rien à voir là-dedans. Comprendre que la pauvreté fait dire n’importe quoi à n’importe qui. Et que le racisme n’est donc pas une fatalité. Reprendre le contrôle. Puis se salir les mains, quand même. Partir en croisade.

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Just don’t lose sight of whose rights are being violated!

Don’t put me on your perch, Mr. Ward.

Don’t drag me into your gutter, Mr. Anderson!

These people are crawling out of the SEWER, MR. WARD! Maybe the gutter’s where we outta be!

Parce qu’on ne peut pas toujours attendre que les victimes s’en sortent miraculeusement avec le temps (cf 12 years a slave) ou qu’elles se rebellent enfin contre l’oppresseur (cf Blackkklansman), il faut leur tendre la main (cf Hidden Figures).

Rejoindre la résistance et faire le ménage à l’intérieur de soi, parfois violemment. Se battre pour chasser la tumeur avant de faire de la méditation et tenir un discours de paix.

Et puis quand on a l’impression que la bataille est gagnée, ne pas oublier qu’il s’agit d’une guerre (cf Detroit). Se rappeler que ce n’est qu’un début. Ne rien lâcher. Don’t go gentle (cf Interstellar). Heureusement qu’une personne sur deux aura un cancer dans sa vie.

We’re all in this together!

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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