LOST RIVER

LOST RIVER

Ryan Gosling, 2014

LE COMMENTAIRE

Les femmes qu’on trouve dans les vitrines aux lumières rouges d’Amsterdam ne sont pas des objets, n’en déplaise à ceux qui achètent un peu de leur temps. Un beau jour, la lumière va virer au pourpre (cf La Couleur Pourpre). Et tout deviendra soudainement plus clair.

LE PITCH

Une mère et ses deux garçons tentent de survivre comme ils peuvent dans une ville sinistrée.

LE RÉSUMÉ

Dans une ville à mi-chemin entre La Nouvelle Orléans post-Katrina et Cleveland post-crise des sub-primes, Billy (Christina Hendricks) et ses deux garçons Frank et Bones (Iain de Caestecker) s’accrochent aux branches. Bones collecte des bouts de métal récupérés dans des bâtiments délabrés. Il prend le risque de se faire attraper par Bully (Matt Smith), une sorte de dégénéré qui règne en tyran sur les ruines de la ville.

This is my city!

Un jour où il parvient à lui échapper, Bones découvre une ville sous l’eau. Rat (Saoirse Ronan), sa voisine, lui révélera que cette ville a été engloutie lors de la construction du réservoir. Pour rompre la malédiction de cette rivière perdue, la légende veut que quelqu’un ramène une chose de cette ville à la surface.

Billy de son côté continue de ramer. Elle essaie de trouver une solution pour conserver la maison dont elle ne peut clairement plus payer l’hypothèque. Elle fait face à son banquier, Dave (Ben Mendelsohn) qui lui met la pression en plus de reluquer son décolleté.

Dave propose à Billy de travailler dans un cabaret burlesque dont il est le propriétaire, histoire de se faire un peu d’argent. Face à la menace de voir le peu qui lui reste définitivement détruit, Billy finit par accepter et se rend dans ce cabaret lugubre à l’aide d’un chauffeur de taxi (Reda Kateb).

Elle y fait la rencontre de Cat (Eva Mendes), une actrice qui passe ses shows à se faire poignarder de manière aussi gore que réaliste pour asperger de sang une foule en délire. Cat indiquera à Billy comment gagner sa vie, au sous-sol, en prenant place dans un sarcophage translucide, à la merci des pervers.

Bully qui suit Bones à la trace remonte jusqu’à Rat et décide de mettre le feu à sa maison. Bones en a marre et veut mettre fin au maléfice. Il plonge dans la rivière perdue et remonte une tête d’un dinosaure en plastique à la surface. Elle lui servira à tuer Bully, pas à empêcher la baraque de brûler.

Billy se voit presque contrainte et forcée de rentrer dans ce sarcophage étouffant. Elle devient l’objet sexuel de Dave qui entame une danse de l’amour avant d’ouvrir le sarcophage qui était pourtant censé rester scellé. Billy parvient à le poignarder et à s’échapper.

Billy retrouve ses fils et Rat. Ils décideront tous de s’enfuir grâce au chauffeur de taxi.

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L’EXPLICATION

Lost River, c’est s’en sortir.

Au feu les pompiers, v’là la maison qui brûle. C’est pas moi qui l’ai brûlée, c’est la cantinière(cf Toto le héros)La maison brûle. Le monde a coulé (cf Inside Job). Plus personne n’est solvable. Tout le monde a un taf qui non seulement n’est pas épanouissant mais qui en plus ne paie pas. Le pouvoir est aux mains de financiers libidineux ou de violents écervelés.

Quand la maison brûle, on note que c’est toujours la faute de quelqu’un d’autre. Heureusement que Bones finit par prendre ses responsabilités en mettant la tête sous l’eau – pour mieux la sortir. Car c’est souvent en allant chercher dans les vestiges du passé qu’on trouve la solution (cf Retour vers le futur), en l’occurrence une tête de dinosaure (cf Jurassic Park).

Celles et ceux qui prétendent ne pas vouloir regarder sous le tapis se complaisent souvent dans leur situation et ne veulent pas trouver de solution pour en sortir.

La mère et le fils se retrouvent tous les deux plongés dans la violence bien réelle d’un monde que le père a déserté (cf Le Retour). Exposé, le fils est contraint de faire des petits boulots alors que la mère doit faire la prostituée dans un cabaret où les femmes sont trucidées, quand elles ne sont pas réduites à l’état de poupée gonflable dans un sous-sol. L’heure n’est plus à la rigolade.

Ce qui n’est pas rassurant surtout c’est que dans ce monde qui pourrit, la solution du recyclage envisagée par Bones ne semble pas porter ses fruits. Il ne gagne pas assez d’argent de sa collecte de métal. La seule réponse devient alors la fuite. Et on sait c’est qui qui quitte le navire en général. Est-ce que la solution c’est de quitter la terre pour aller vivre sur Mars (cf Total Recall) ?

Une question se pose néanmoins. Pourquoi finir par se barrer après s’être accroché aussi longtemps ? Après tout, pourquoi ne pas être parti simplement plus tôt ?

Billy perd. Dave a beau être un gros porc, on peut comprendre son étonnement face à l’obstination de Billy. Quand elle lui répond qu’elle tient absolument à rester à son domicile, la question de Dave est parfaitement légitime.

May I ask why?

La réponse de Billy qui semble pourtant évidente ne tient déjà plus debout.

Because that is our home.

Car demain on ne pourra plus vivre comme des sédentaires. Les crises économiques et climatiques nous ont montré qu’on va devoir rapidement apprendre à aimer vivre dans une caravane.

Notre home devra être mobile (cf Nomadland). Nous allons tous redevenir ce que nous avons toujours été : des gitans. Finalement on jette des cailloux sur les migrants parce qu’on refuse de voir notre propre reflet dans la glace. Les migrants ne sont rien d’autre que des trendsetters incompris, peut-être un peu trop en avance sur leur temps.

Dans cinq ans, quand on repensera aux individus qui traversent des océans sur des radeaux de fortune (cf Welcome), on les appellera peut-être des pionniers (cf The Revenant).

La bonne nouvelle dans tout cela est que le taxi permet à toute la bande de s’échapper, comme un symbole.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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