SIMETIERRE
Mary Lambert, 1989
LE COMMENTAIRE
Les enfants sont fragiles de part leur naïveté (cf Bird Box). Il suffit de les laisser devant la Fureur de Vivre pour les retrouver sur la route à jouer les James Dean en face d’un camion lancé à pleine vitesse (cf Duel). Le petit garçon n’est pourtant pas de taille face au poids lourd.
LE PITCH
La famille Creed quitte Chicago pour s’installer à Ludlow.
LE RÉSUMÉ
Louis Creed (Dale Midkiff) se voit offrir un poste de docteur à l’Université du Maine. Il déménage sa femme Rachel (Denise Crosby), ses deux enfants Ellie (Blaze Berdahl), Gage (Miko Hughes) et son chat Church vers la petite commune de Ludlow. La famille s’installe dans une jolie maison, isolée de tout sauf d’une route mal fréquentée.
Louis sympathise avec le vieux Jud (Fred Gwynne), son voisin, qui le met en garde contre cette fameuse route dont les chauffeurs ignorent tout des limitations de vitesse à 80.
Le premier jour de Louis ne se passe pas très bien : on lui emmène Victor Pascow (Brad Greenquist), un jogger victime d’un accident de la route. Celui-ci décède rapidement de ses blessures avant de revenir à la vie et d’adresser un mystérieux message à Louis.
The soil in a man’s heart is stonier.
Le fantôme de Pascow réapparaît la nuit suivante et emmène Louis vers le cimetière des animaux. Cette fois-ci, il l’avertit.
This is the place where the dead speak. Do not go on to the place where the dead… walk.
Louis ne comprend pas vraiment jusqu’à ce que Jud ne découvre Church mort écrasé sur la route. Anticipant la tristesse de sa fille, Jud lui propose une solution.
Maybe there’s a better way…
Jud emmène Louis à travers bois vers un ancien cimetière indien. Louis y enterre le minou qui revient à la maison comme par magie noire. Parce que Church n’est plus que l’ombre de lui même. Il pue, crache. Le chat est devenu mort-vivant. Louis se dit qu’il a peut-être fait une bêtise. Il ne se pose pas la question deux fois après la mort de son fils Gage, lui aussi fauché par un camion. Jud le met en garde en lui parlant de Timmy Baterman, transformé en zombie après que son père ne l’enterre au cimetière Micmac. Louis n’arrive pas à faire son deuil. Il déterre Gage puis l’enterre à nouveau où il n’est pas censé le faire.
Tout comme Church, Gage revient métamorphosé. Il tue d’abord Jud avant de tuer sa mère. Louis réalise cette fois qu’il a bien fait une grosse bêtise. Il tue son chat et son fils. Puis il retombe dans ses travers en ré-enterrant sa femme, persuadé qu’il n’est pas trop tard.
I waited too long with Gage. With Rachel it will work this time because she just died.
Rachel revient des morts pour rouler une grosse pelle à son mari, avant de le poignarder.
L’EXPLICATION
Simetierre, c’est l’entêtement d’un homme.
Une histoire a un début et une fin. C’est précisément pour cela que la possibilité d’une vie après la mort nous fait saliver.
The place gets a hold of you but the place is evil.
Peu importe si les gens reviennent damnés, dès lorsqu’ils reviennent. Louis pense qu’il est plus fort que Dieu, trois fois de suite. Ce Frankenstein engendre des monstres (cf Mary Shelley) ce qui ne l’empêche pas de s’acharner. Les hommes ne retiennent pas la leçon. Jud aussi a vu son chien Puck revenir complètement cinglé. Il a entendu l’histoire de Timmy Baterman. Le cimetière indien, c’est pas bien. Il le sait. La mort est inévitable, voire même préférable dans certains cas.
Sometimes dead is better.
Et pourtant il est le premier mettre Louis sur une fausse piste après la mort de Church. Comme quoi, des fois, Adam n’a pas toujours besoin d’Eve pour manger des pommes. Votez Chirac.
Louis n’aurait pas du franchir cette barrière morale. A partir du moment où il s’aventure au delà de la loi, il n’a plus de limite. Impossible de revenir en arrière. Le pouvoir du cimetière le possède. Il dévale sur les fesses une piste noire sans fin. Comme un serial killer qui n’arrive plus à contrôler ses pulsions (cf Memento). Enchaînant les erreurs. S’il y a des barrières, ce n’est pas par hasard!
The barrier was not meant to be crossed.
Plus qu’une simple barrière morale, c’est aussi une route qui n’aurait pas du être traversée, à commencer par le chat et par Gage. Oui bien sûr les chauffeurs poids lourds conduisent trop vite. Il n’empêche que si Gage n’avait pas voulu attraper son cerf volant, on n’en serait pas là! Et si les parents avaient surveillé leur gosse comme ils auraient du le faire, le désastre ne se serait pas passé. Jud peut bien accuser la route.
It’s that damn road!
Au final, cela ne sert à rien. Parce que d’abord des routes, on en a besoin. On va pas revenir au temps des calèches juste pour faire plaisir à la sécurité routière ou aux écologistes. De la même manière que nous ne reviendrons pas au temps des cathédrales. Bruno Pelletier a eu son heure de gloire. Passons à autre chose.
Et surtout, cela ne sert à rien d’accuser la route parce que le vrai problème réside dans le fait que les hommes ne respectent pas les règles. Ils n’arrivent pas à prendre leur responsabilités. Louis se croit peut-être plus fort que Dieu mais surtout Louis agit comme un enfant. Pascow est plus qu’un fantôme il est son ange-gardien. Louis refuse d’écouter la raison. Il fait le choix d’oublier qu’on ne récolte que ce que l’on a semé.
A man grows what he can, and he tends it. ‘Cause what you buy, is what you own. And what you own… always comes home to you.
La vie est un boomerang qui nous revient en pleine figure. Si le monde disparaît, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Nous creusons malheureusement notre propre tombe.
Each buries his own.
À un moment, chacun doit faire sa propre auto-critique. Le réchauffement climatique n’est peut-être pas que le caprice de la nature. Renaud a chanté Putain de camion par facilité. Facile de jeter la faute sur les autres, surtout quand il s’agit de routiers. Et si Coluche était responsable? Et si rien n’était accidentel?
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