BURIED
Rodrigo Cortés, 2010
LE COMMENTAIRE
Pour signifier que quelqu’un a vraiment disparu, on dit que la personne est « morte et enterrée« . Pour passer à autre chose. Comme si morte tout court ne suffisait pas. Quand une personne est enterrée, il n’y a plus rien à attendre. On n’espère plus de résurrection. À la rigueur tant mieux. Quand les gens sortent de terre, en général, ce n’est pas très bon signe (cf Simetierre, 28 weeks later). Que les zombies que nous sommes devenu·es restent définitivement sous terre avec leurs téléphones portables!
LE PITCH
Un homme a un réveil difficile, la tête dans la boite.
LE RÉSUMÉ
Paul Conroy (Ryan Reynolds) est un chauffeur de camion basé en Irak. Il se réveille bâillonné, dans un cercueil en bois, six pieds sous terre. Avec en tout et pour tout un briquet et un smartphone. Ce qui pourrait être pire.
Il appelle à l’aide. Se débat. Tout cela ne sert évidemment à rien.
Il se rappelle de Wyclef Jean et appelle 911.
Les secours ne vont cependant pas pouvoir faire grand chose depuis l’Ohio. Alors il appelle ses amis qui sont tous sur répondeur. Plus que trois barres de batterie déjà. Saleté d’obsolescence programmée!
Surtout, il est sous terre. Enterré vivant.
I’m buried in a box.
Il appelle le FBI et raconte son histoire.Des terroristes ont attaqué son convoi. C’est la dernière chose dont il se rappelle. Puis il perd définitivement son réseau. Quand il en retrouve, il en profite pour appeler sa compagnie, puis perd les pédales.
Son ravisseur, un terroriste du nom de Jabir (José Luis García Pérez), l’appelle pour lui demander une rançon de cinq millions de patates avant 21h, ou ils le laissent croupir dans sa boite.
C’est la panique. Paul se dispute avec sa femme Linda (Samantha Mathis) pour obtenir le numéro du département d’État qui l’informe qu’aucune négociation avec les terroristes ne sera entreprise.
Paul n’est pas abandonné pour autant. Dan Brenner (Robert Paterson) du Hostage Working Group fait de son mieux pour le retrouver.
Jabir réclame une vidéo de Paul, sans quoi il exécutera une otage Américaine. Il accepte de descendre la rançon à un million mais execute l’otage malgré tout, histoire de créer un climat de confiance.
Des explosions à la surface endommagent le cercueil qui commence à prendre le sable. Le temps presse!
Paul appelle ses parents. Puis Brenner tente de le rassurer. Un certain Mark White s’est sorti d’une situation similaire.
Sa compagnie l’appelle pour l’informer de son licenciement à cause d’une relation qu’il aurait entretenu avec une collègue, celle-là même qui s’est faite executer il y a seulement quelques minutes. Quel drôle de timing pour apprendre ce genre de nouvelle.
Brenner le rappelle pour l’informer que les explosions étaient dues à un bombardement de F16 qui auraient peut-être tué ses ravisseurs. Paul désespère et enregistre son testament par vidéo (cf 127 hours).
Il manque de mettre le feu à son cercueil, souffre d’hallucinations et retrouve espoir lorsque Brenner l’informe qu’ils l’ont enfin localisé et qu’ils sont en chemin.
Conroy n’a plus que quelques minutes. Juste assez pour entendre Brenner lui dire qu’ils ne sont en fait pas au bon endroit. Son indic les a conduits à un autre cercueil, celui du fameux Mark White. Brenner s’excuse platement pour ce malentendu pendant que Paul étouffe.
I’m sorry Paul.
L’EXPLICATION
Buried, c’est une mise en boîte.
Paul est un civil, pas un militaire. A priori il n’a fait de mal à personne. Il a simplement eu le malheur de conduire le mauvais camion au mauvais endroit. C’est par la faute de gens qui font des amalgames et qui cherchent à l’utiliser comme monnaie d’échange qu’il se retrouve là.
Please get me out of here.
You are American?
Yeah.
Then you are soldier.
Paul disparait de la surface même s’il n’est pas totalement coupé du monde puisqu’il peut encore se mettre virtuellement en relation avec le FBI ou le département d’état. Il devient un anonyme de plus sur la longue liste de moribond·es sous perfusion à internet.
Tout le monde l’a laissé tomber.
Celles ou ceux qui étaient responsables de lui se sont défaussé·es. L’opératrice des urgences est impuissante, l’agent du FBI croit à un canular et lui demande son numéro de sécurité sociale. Le département d’État ne fait pas son boulot en refusant de négocier. Et son employeur le licencie pour un motif obscure. Celles et ceux sur qui Paul pouvaient compter se sont donc évaporé·es.
Ses fidèles, celles et ceux qui l’aiment, le laissent également tomber!
Sa mère n’a visiblement plus toute sa tête. Son père est occupé à regarder la télé. Et Linda ne trouve pas mieux que de se disputer avec lui. Personne ne semble véritablement prendre la mesure de la situation.
But the moment I’m asking you to give this number, if you don’t, I’m gonna die.
Brenner est le pire d’entre tous car il se moque de Paul en le laissant espérer jusqu’au dernier moment. Il joue avec ses émotions jusqu’à la toute dernière minute. Paul espère ainsi qu’on va le libérer. Il veut y croire et s’accroche.
Sa mort était pourtant programmée depuis longtemps. Que ressent-il lors de ces dernières secondes qui doivent lui paraître éternelles ? À quoi pense-t-il au moment où il réalise que tout cela n’était que du bidon et que, tel Ernest, il l’a dans le zéro ?
Mark White n’a jamais survécu à cette histoire puisqu’il était en train d’attendre quelque part ailleurs dans son cercueil! On ne peut faire confiance à personne.
Ce sont les légumes que l’on met en boîte. Paul est une conserve. Il n’a pas fait attention. Trop de temps passé à regarder ce qui se passait depuis l’extérieur pendant des années comme un spectateur et maintenant il se retrouve, un peu malgré lui, aux premières loges d’un mauvais épisode de télé réalité où il va pouvoir assister à sa propre mort en direct et en POV.
Il a vu les attentats terroristes en boucle sur les chaines d’information en continu, et maintenant c’est lui qui se retrouve coincé, sans échappatoire. Puis il s’est marié. A eu des enfants (cf Vivarium). Il a trompé sa femme, comme tout le monde. Faisait son boulot sans se poser de question et maintenant il est le cocu de l’histoire.
Son téléphone ne lui sert pas à grand chose depuis sa boîte. Il aura eu le mérite d’y croire jusqu’au bout, il peut se faire débrancher de la matrice la conscience tranquille mais pas sans un petit goût de sable amer dans l’arrière gorge.
À noter que le smartphone permet peut-être d’être connecté avec le monde mais ne le sauve pas pour autant. Bien au contraire, le téléphone finit de l’enfermer dans sa tombe.
S’il l’avait éteint pour faire marcher sa tête à la place, il s’en serait sûrement sorti. Avec un portable et un briquet, ce n’est pourtant pas être enfermé dans un cercueil qui aurait fait peur à McGyver!
Petite erreur; ce n’est pas avec sa femme qui se dispute c’est avec une certaine Donna Mitchel, qui je supposer doit être une amie de sa femme.
Je ne pense pas que son père à Paul regarde la TV, je pense juste qu’il est mort comme sa mère à Alzheimer, elle ne s’en rappelle pas et elle le crois toujours avec elle.