AMERICAN HISTORY X

AMERICAN HISTORY X

Tony Kaye, 1999

LE COMMENTAIRE

On dit des militaires qu’ils ont le regard à l’horizon (cf Full Metal Jacket). Le crâne rasé et le regard vide. Les xénophobes ont le crâne rasé et le regard qui brille, comme s’ils étaient pleinement convaincus de leur bêtise. La colère les met en transe (cf Danny Balint), persuadés d’être sur le droit chemin.

LE PITCH

Un homme avale sa rancoeur et tente de sauver ce qui peut l’être.

LE RÉSUMÉ

Le jeune Danny Vinyard (Edward Furlong) est convoqué par le proviseur Sweeney (Avery Brooks) car il a pondu une dissertation sur Mein Kampf, par provocation envers son prof d’histoire Mr. Murray (Elliott Gould) qui se trouve être Juif.

Plutôt que de le virer sur le champ, Sweeney veut reprendre son élève en main. Il lui propose de le voir chaque jour pour discuter en tête à tête d’histoire contemporaine, comme s’il s’agissait d’un court particulier. Il le baptise l’American History X.

Le premier devoir de Danny sera d’écrire un papier sur son frère aîné Derek (Edward Norton).

Danny a rejoint le mouvement néo-nazi sous l’influence de Derek, un dur du mouvement qui s’est pris trois ans de prison pour avoir tué sauvagement un afro-américain.

Derek vient de sortir de prison. Ses amis sont impatients de le revoir. Les choses ont cependant changé. Ses cheveux ont repoussé. Il a muri. En prison, il est tombé de haut. D’abord il a sympathisé avec Lamont (Guy Torry). Leurs discussions lui ont permis d’arrêter de faire des amalgames. En parallèle, il a vu ses « frères » faire du business avec des étrangers.

Il n’a pas voulu entendre les conseils de certains qui lui suggéraient de lever le pied. Alors il s’est fait violer sous les douches par ses amis du White Power.

Sweeney lui a tendu la main.   

There was a moment, when I used to blame everything and everyone for all the pain and suffering and vile things that happened to me, that I saw happen to my people. Used to blame everybody. Blame White people, blame society, blame God. I didn’t get no answers ’cause I was asking the wrong questions. You have to ask the right questions.

Like what?

Has anything you’ve done made your life better?

Derek voulait s’enfuir. Sweeney lui a proposé un marché : partager son histoire avec Danny pour ne pas qu’il suive le même chemin. 

Lorsqu’il sort de prison, Derek raconte tout à Danny. Il lui parle aussi des raisons qui l’ont fait rejoindre le mouvement : l’assassinat de leur père pompier, tué par un dealer alors qu’il faisait son travail. Ce meurtre lui a fait perdre la tête et tenir des propos incohérents.

This country is becoming a haven for criminals so what do you expect? You know, decent hard-working Americans like my dad are getting rubbed out by social parasites.

Parasites?

Blacks, Browns, Yellow whatever. (…) My father was murdered doing his job! Putting out a fire in fucking Nigger neighborhood he shouldn’t be giving a shit about. He got shot by a fucking drug dealer who probably still collects a welfare check!

Le meurtre ne fut en fait qu’un déclencheur. Son père était aussi raciste et tenait des propos un peu limite, à l’égard de Sweeney notamment. Derek a dérivé à ce moment là.

Il n’est peut-être pas encore trop tard pour Danny. Alors Derek va annoncer à Cameron (Stacy Keach) qu’il quitte le mouvement, avec son frère.

I’m out. Out! And Danny’s out, too.

Danny rend son papier. Malheureusement il se fait abattre dans les toilettes par un jeune afro-américain avec lequel il s’était embrouillé. Derek arrive sur place, trop tard cette fois-ci. Il va devoir essayer de ne pas perdre la foi et s’accrocher comme il peut aux mots d’Abraham Lincoln.

‘We are not enemies, but friends, we must not be enemies. Though passion may have strained, it must not break our bonds of affection. The mystic chords of memory will swell when again touched, as surely they will be, by the better angels of our nature.’

L’EXPLICATION

American History X, c’est la difficulté de redresser le tir.

Une chose est certaine, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Ça veut dire que pendant que certains se la coulent douce, d’autres passent leur temps dans une galère.

On a beau essayer de jouer selon les règles en mettant en place tout un tas de choses pour créer les conditions de la réussite, rien n’y fait. La vie ne prend pas toujours la trajectoire que l’on souhaite. Alors on pourrait se poser la question : à quoi bon tous ces efforts ?

C’est bien ce que s’est demandé Derek après la mort injuste de son père. Il a trouvé une réponse : cela ne sert à rien! Lui qui était un bon élève a alors choisi le chemin de la facilité en se laissant aveugler par sa colère.

Pendant un temps il s’est cru mieux dans sa peau, le crane rasé et les muscles saillants. Il s’est senti puissant avec son tatouage de Svastika sur la poitrine. Soutenu par une fraternité. Un ennemi contre lequel se battre. Sa vie avait retrouvé du sens (cf La Cravate).

Cette vie l’a pourtant conduit en prison. Là-bas il a réalisé comme Malik que la seule manière de s’en sortir c’était d’être malin (cf Un Prophète). Il ne l’a pas été. Au contraire, il s’est obstiné et a fini par se prendre le mur en pleine figure. Ce fut une chance pour celui qui croyait avoir les yeux ouverts mais ne faisait que régurgiter une idéologie de haine.

La haine fatigue. C’est la conclusion. Rien de bien ne pousse sur la haine.

So I guess this is where I tell you what I learned – my conclusion, right? Well, my conclusion is: Hate is baggage. Life’s too short to be pissed off all the time. It’s just not worth it. 

Derek a donc pris ses responsabilités en arrêtant d’être égoïste et surtout en arrêtant de se plaindre.

I’m sorry, Derek, I’m sorry that happened to you.

I’m not, I’m lucky, I feel lucky because it’s wrong, Danny. It’s wrong and it was eating me up, it was going to kill me. And I kept asking myself all the time, how did I buy into this shit? It was because I was pissed off, and nothing I ever did ever took that feeling away. I killed two guys, Danny, I killed them. And it didn’t make me feel any different. It just got me more lost and I’m tired of being pissed off, Danny. I’m just tired of it.

Cette leçon lui a couté 6 points de suture au niveau de l’anus. Le chemin ne fait pourtant que commencer. La véritable épreuve, c’est la gestion de la mort de son frère dont il est forcément un peu responsable.

Pour redresser le tir, il faut se battre en permanence comme le fait Sweeney qui contrairement à Murray ne veut pas abandonner Danny.

This racist propaganda, this « Mein Kampf » psychobabble; he learned this nonsense, Murray, and he can unlearn it too. I will not give up on this child yet.

Parfois, cela ne marche pas. Il faut tout recommencer en partant de plus loin encore, sans se décourager – tel Sisyphe avec sa pierre. On pense que c’est dur, et cela n’est qu’un début. La route est longue. Ce n’est pas une question de choisir son camp entre les gentils et les méchants. Plutôt une bataille pour ne pas retourner à l’état sauvage. Sinon autant sauver sa peau, en infériorité numérique contre les zombies (cf World War Z)…

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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