L’ÂME DIVISÉE DE L’AMÉRIQUE

L’ÂME DIVISÉE DE L’AMÉRIQUE

Jörg Daniel Hissen, 2018

LE COMMENTAIRE

Quand un candidat dit qu’il veut refaire de son pays une grande nation, il tient un discours digne de Retour vers le Futur. Ce qui séduit immédiatement des électeurs nostalgiques d’un passé glorieux. Regarder en arrière ne devrait cependant pas être une excuse pour penser comme un arriéré et ressortir des symboles d’un passé qui devrait susciter la honte encore aujourd’hui.

LE PITCH

Une Amérique malade se cherche un remède.

LE RÉSUMÉ

L’arrivée de Trump à la Maison Blanche a mis KO pas mal de monde. Sa victoire aux élections n’a pourtant rien d’une surprise tant le pays est divisé. Personne ne voulait l’admettre.

Il est possible que Donald Trump soit le signe avant coureur de la fin de l’Amérique telle qu’on la connait. (…) D’une certaine manière, Trump nous montre ce que nous n’avons jamais cessé d’être.

Dans le Kentucky, l’état de Lincoln et désormais symbole de l’Amérique profonde, les anciens mineurs au chômage ont massivement voté pour Trump. Ils sont les seuls à croire encore que le charbon soit une énergie d’avenir, héritée de Dieu, au point qu’ils en oublieraient presque les désagréments associés avec cette énergie fossile, comme l’anthracose par exemple.

J’espère qu’on n’aura plus jamais un président comme Obama! Qu’on soit d’accord avec Trump ou pas, au moins il dit ce qu’il pense!

À New-York, les artistes et caricaturistes s’en donnent à coeur joie. Ils sont néanmoins très inquiets. Leur constat respire l’impuissance.

Derrière Trump, il y a tout un système de corruption. Couper une seule tête ne suffit pas.

Force est d’avouer que la victoire de Trump ne doit rien au hasard, en réalité. Les milieux culturels ont refusé de reconnaître la vérité et d’ouvrir les yeux sur une Amérique qui n’a pas changé tant que ça. Les Afro-Américains pourront en témoigner (cf Detroit). La parole des suprémacistes blancs s’est décomplexée après les incidents de Charlottesville et l’absence de condamnation du Président.

Trump et tout ce qui s’est passé, c’est typiquement Américain. L’Amérique est un pays tribal.

Non seulement, l’Amérique souffre toujours des maux du passé, mais en plus elle fonctionne à deux vitesses. 

Certains sont immensément riches mais 90% de la population fait du sur-place.

Le modèle du rêve américain, le fondement de la nation, est remis en question. Le peuple n’y croit plus. Plutôt que de le réinventer, Trump veut le ressusciter alors que même les lobbyistes se montrent critiques à l’égard des plus défavorisés – jugés coupables d’avoir perdu l’esprit des pionniers (cf There will be blood).

Nous avons perdu notre esprit de conquête et d’entreprise. les gens ne sont plus assez flexibles pour aller saisir les opportunités là où elles se trouvent.

Il semble que l’Amérique se soit perdue en route. Ses concitoyens ne se reconnaissent plus, au point que certains décident de déménager au Texas, cédant aux sirènes des agences immobilières leur promettant de trouver une communauté de gens qui leurs ressemblent. Les médias prospèrent sur ces clivages.

La société civile s’interroge et ne reste pas les bras croisés. Des initiatives citoyennes naissent pour que des habitants d’un même état puissent se rencontrer afin de discuter de leurs divergences de point de vue et tenter de les régler par le dialogue. Car l’heure est grave.

L’Amérique doit se réconcilier avec elle même. L’enjeu est la survie de la Démocratie et de la Liberté.

L’EXPLICATION

L’âme divisée de l’Amérique, c’est une question de mathématique existentielle.

Les mathématiques parlent à tout le monde. Une grande banque française mutualiste a utilisé le slogan publicitaire suivant: Additionner les forces. Multiplier les chances. C’était plutôt adroit tant les consommateurs que nous sommes préfèrent penser à des additions qu’à des soustractions lorsqu’il s’agit de notre argent. Une autre grande banque française n’avait elle pas construit toute sa communication autour du plus lors de son changement de nom ?

Aux États-Unis, où la pensée capitaliste a émergé puis prospéré, les additions et les multiplications ne profitent qu’à une certaine partie de la population qui possède déjà un capital confortable.

Il n’y a plus que des riches et des pauvres. La classe moyenne a quasiment disparu. Il est quasiment impossible d’échapper au milieu dans lequel on est né.

Aux États-Unis, on est beaucoup moins à l’aise avec les divisions. On ne partage pas. Lorsque Lance Armstrong s’échappe pour gagner la course, il n’attend pas le reste du peloton. Tout comme un obèse ne donne pas un morceau de son burger avec un SDF. Or, quand le pays est scindé en deux, il n’est clairement plus le même. Les mathématiques prennent alors un virage plus philosophique. 

Qu’est-ce que l’Amérique ? Qui sommes nous ?

On sait que les Américains préfèrent accumuler que s’interroger. Ils ne savent pas répondre à cette question car elle est complexe. L’Amérique c’est John Oliver, qui n’est même pas Américain, et le redneck de Floride. Des élites qui font la morale et des classes populaires qui ne se reconnaissent plus dans l’image que l’industrie du divertissement renvoie d’elle. CNN se bat contre Fox News (cf Scandale). Les blacks du New Jersey contre les néo-nazis des états du Sud. Des riches contre des pauvres (cf Cleveland vs Wall Street) Un leader du monde libre qui n’avance finalement plus tant que cela (cf Red Rocket).

La société Américaine souffre de ces antagonismes et parait irréconciliable. On ne peut plus y discuter. Comme si ce joli ciment qui avait unifié l’ensemble s’était soudainement abimé, sans qu’on s’en rende compte.

Ce qui nous manque, c’est la vision partagée d’une identité politique.

Il s’agit bien là de mathématiques, voire même de géométrie. Car ce qui se passe en Europe est devenu une image vectorielle de ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique. La situation que nous connaissons en France comporte des similitudes troublantes : une fracture sociale entre des riches et des pauvres. Des médias et des politiques qui en profitent. Quelques donneurs de leçons d’un coté et un peuple de gilets jaunes qui se sentent délaissés de l’autre. Une absence de dialogue. Un rêve américain ou un grand débat en trompe l’oeil.

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Nous avons la solution. Pour sortir de l’impasse, nous avons besoin de redéfinir une identité politique commune. Quel est notre projet de société ? Les Français ont une histoire Gauloise et râleuse. Ils ont aussi un héritage philosophique lumineux. Faisons-leur confiance pour apporter une réponse à cette question. Et réfléchissons également de notre côté. Tout le monde est concerné.

Si on ne trouve pas de solution à ce bazar comme des gens civilisés, alors il faudra tout brûler (cf Joker). Ce serait dommage.  

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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