TERMINATOR
James Cameron, 1984
LE COMMENTAIRE
La machine est ambivalente. Son oeil droit dénué d’émotions donne pourtant l’impression qu’il est rempli de tristesse, comme s’il y avait une part d’humanité dans le robot. Tandis que son oeil gauche, remplacé par une lumière rouge menaçante digne de celle de HAL (cf 2001 l’odyssée de l’espace) nous pénètre comme le viseur d’une arme à feu. De la même manière, la machine nous soulage des tâches les plus avilissantes. Ce faisant, elle peut nous remplacer si nous ne nous renouvelons pas suffisamment.
LE PITCH
Un homme et un robot voyagent dans le temps à la recherche d’une femme.
LE RÉSUMÉ
Lors du big bang, deux personnages ont été envoyés du futur: l’un est un Terminator T-800 (Arnold Schwarzenegger), mi-homme mi-machine, visant à détruire.
L’autre s’appelle Kyle Reese (Michael Biehn), 100% humain, visant à protéger l’espèce. Tous les deux cherchent à retrouver Sarah Connor (Linda Hamilton), la mère du chef de la résistance.
Why me, why does it want me?
There was a nuclear war. A few years from now, all this, this whole place, everything, it’s gone. Just gone. There were survivors. Here, there. Nobody even knew who started it. It was the machines, Sarah.
I don’t understand.
Defense network computers. New, powerful, hooked into everything, trusted to run it all. They say it got smart, a new order of intelligence. Then it saw all people as a threat, not just the ones on the other side. Decided our fate in a microsecond: extermination.
Dans le futur, les hommes et les machines vont effectivement se livrer une guerre sans merci. Dans l’optique d’éteindre la résistance avant même qu’elle ait lieu, les machines ont l’éclair de génie de voyager dans le temps pour empêcher la source de tous leurs ennuis de voir le jour.
Plus de Sarah Connor, pas de John Connor.
Pas de John Connor, plus de problème.
Le Terminator est un tueur professionnel (cf Léon).
Listen, and understand! That Terminator is out there! It can’t be bargained with, it can’t be reasoned with, it doesn’t feel pity, or remorse, or fear. And it absolutely will not stop. Ever. Until you are dead!
Kyle Reese est là pour la protéger, mais pas seulement. Il porte un message du fils de Sarah.
Thank you, Sarah, for your courage through the dark years. I can’t help you with what you must soon face, except to say that the future is not set. You must be stronger than you imagine you can be, you must survive, or I will never exist.
Il porte aussi la petite graine. Car Kyle est le père de John.
I came across time for you, Sarah, I love you, I always have.
Romantique en plus, le coquin!
Le résistant finit par perdre la vie dans une lutte acharnée avec le T-800. Sarah parvient à le détruire, à l’aide d’une autre machine. Quelle ironie.
You’re terminated, fucker.
Elle prend le maquis, enceinte jusqu’aux dents, et file en direction du Mexique.
Tant mieux. Car la tempête se lève (cf Take Shelter).
L’EXPLICATION
Terminator, c’est le changement c’est maintenant.
Depuis que nous voyons le temps comme quelque chose de linéaire, nous découpons la vie en fonction d’un début et d’une fin avec trois temps : l’avant, le pendant et l’après. C’est simple. Cela fonctionne.
Les plus fantaisistes d’entre nous s’imaginent que nos actes génèrent des conséquences capables de créer des lignes temporelles parallèles (cf Retour vers le Futur). Après tout pourquoi pas ?
Toujours est-il que l’humanité est passée maître dans l’art de la nostalgie, ce qui lui permet de vivre bloquée dans le passé.
Par ailleurs, rien n’excite autant l’humanité que la perspective de savoir ce qui va se passer demain. Nous sommes des êtres impatients, curieux de la suite. Il faut être au courant et anticiper les tendances de demain avant même qu’elles n’aient eu lieu (cf Minority Report). Cela rassure de faire semblant de savoir où nous mettons les pieds.
Kyle, the women in your time, what are they like?
Good fighters.
Il est quasiment impossible pour nous de vivre au présent, en dehors de quelques poètes (cf Le cercle des Poètes disparus) ou autres yogis qui grâce à des exercices méditatifs affirment pouvoir profiter pleinement profiter de l’instant – au prix de fermer les yeux et ne rien faire du tout, ce qui n’est quand même pas très pratique.
On oublie que l’avant, le pendant et l’après sont étroitement connectés. Et que demain s’écrit aujourd’hui. Si dans le futur nous livrons la guerre aux machines, le combat commence dès ce soir.
The machines rose from the ashes of the nuclear fire. Their war to exterminate mankind had raged for decades, but the final battle would not be fought in the future. It would be fought here, in our present. Tonight…
Chacun peut faire le choix d’attendre l’ineluctable. On voit la vague arriver mais on reste confortablement assis dans son canapé à regarder TF1 en mangeant des cacahuètes. On s’en moque.
Look at this way: in a hundred years, who’s gonna care?
Tout le monde s’en fiche. Alors qu’est-ce que cela changerait de toute façon ? Cette philosophie nous conduit à vivre comme des fantômes, sous tutelle (cf Captive State), dans l’attente de se faire débrancher (cf Matrix).
Ou alors on peut décider de se prendre en main pour impacter les choses. Sarah saisit la main que lui tend Kyle.
Come with me if you want to live.
Tous les deux vont oeuvrer ensemble à mettre en place les conditions du changement. Les résultats du changement ne vont pas se faire sentir immédiatement, comme l’annonce des mesures suite au grand débat.
Un peu comme si l’ère industrielle nous avait fait perdre notre esprit agricole, grâce auquel nous sommes quand même où nous en sommes aujourd’hui. Tous les principes de nos aïeux ne sont pas forcément bons à jeter.
Comme disait le philosophe Pascal Obispo : il faut du temps, mais avons nous le coeur assez grand?
Telle est la question.
Cela commence en tout cas par faire l’amour. Pas pour se faire du bien, égoïstement, mais plutôt pour donner naissance à John qui pilotera la révolution dans quelques années. C’est du boulot de sauver une espèce! Fini la contraception et l’avortement.
Il ne s’agit donc qu’une histoire de temps et de travail. Nous avons tout le temps. Les machines vont revenir à la charge quoi qu’il arrive. Elles l’ont annoncé.
I’ll be back!
Finalement, le temps est peut-être bien une affaire de cycles comme le pensaient les Grecs ?
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