LÉON

Luc Besson, 1994

LE COMMENTAIRE

Les rapports mère-fille sont toujours compliqués (cf 20th century women). Tandis qu’avec les pères, la relation est plus pragmatique. Avec eux on apprend des choses utiles dans la vie, comme tirer à la carabine – pas que pour une question de gagner des nounours dans les fêtes foraines, mais pour fusiller des garçons à distance (cf American Sniper). Parce que secrètement, le père cherche à rester le seul homme dans la vie de sa fille (cf Mon beau-père et moi).

LE PITCH

Un homme héberge courtoisement sa voisine après le meurtre de sa famille.

L’HISTOIRE

Léon (Jean Reno) est un tueur à gage Italien, un peu simplet. On l’appelle et il fait le ménage (cf Death Note). Il vit seul, à Little Italy, sans faire de bruit. Quand il ne tue pas, il aime faire des abdos et s’occuper de sa plante. Léon travaille pour le gros Tony (Danny Aiello) qui lui donne des contrats que Léon exécute proprement. Pendant ce temps, Tony garde son argent au chaud.

It’s your money you know I’m just holding it for you, like a bank. Except better than a bank because banks always get knocked off.

Léon croise de temps en temps sa jeune voisine Mathilda (Natalie Portman) sur le pas de sa porte. La petite se fait régulièrement frapper par son père qui trempe aussi dans des histoires de drogue pour le compte de Stansfield (Gary Oldman), un flic pourri.

La vie de Léon va être chamboulée lorsque la famille de Mathilda se fait massacrer par Stansfield et ses sbires. Sortie chercher du lait pour Léon, elle échappe au carnage. Lorsqu’elle revient à l’appartement, tout le monde est mort. Léon l’accueille. Il n’a pas le cœur à la tuer dans son sommeil ni à la mettre dehors le lendemain matin.

Elle découvre son métier et le supplie de lui enseigner le maniement des armes. Il va la prendre sous son aile.

Mathilda répète assez fréquemment qu’elle est amoureuse de Léon.

Leon, I think I’m kinda falling in love with you.

Lui qui se faisait une fierté de ne pas avoir d’attache, comme sa plante, va doucement se rapprocher d’elle au point de demander à Tony de lui léguer sa fortune en cas de pépin.

Mathilda a des envies de vengeance. Elle fait une descente chez les flics, armée jusqu’aux dents, pour se faire Stansfield. Sans surprise, elle se fait neutraliser rapidement. Léon fait à son tour une descente au poste pour faire le ménage et récupérer Mathilda. Il tue tout le monde.

Stansfield est en pétard. Il demande à Tony où il peut trouver ce fameux « tueur italien ».

I’m dying to meet him…

Ce sont plusieurs cars de police qui débarquent au pied de l’immeuble de Léon le lendemain matin. Les forces spéciales donnent l’assaut. Léon riposte et permet à Mathilda de s’échapper. Grâce à un subterfuge, il se fait passer pour un policier et s’apprête à sortir du bâtiment incognito.

Stansfield l’a repéré et l’abat de sang froid, dans le dos. Léon n’a pas dit son dernier mot. Son veston rempli d’explosifs: Il se fait sauter avec Stansfied.

This is from Mathilda.

Après l’assaut, Mathilda va voir Tony qui garde son argent au chaud jusqu’à ses 18 ans et la ré-expédie direct à l’école. Mathilda demande à la directrice de lui venir en aide.

If you don’t help me, I’ll be dead by tonight.

Avant de reprendre les cours, Mathilda plante le caoutchouc de Léon, dans le parc devant l’école.

L’EXPLICATION

Léon, c’est prendre racine.

Deux paumés se rencontrent. Léon est un sacré tocard. Il boit du lait, il tue des gens, et sa seule amie est une plante.

It’s my best friend. Always happy. No questions.

Mathilda est une cassoce qui végète dans une famille dont les parents sont des poids.

Grâce à Mathilda, Léon va apprendre à socialiser et se détendre. La machine commence à prendre forme humaine petit à petit. À travers cette rencontre, il découvre qu’il existe des autres vies à côté de lui qui méritent de l’attention et avec qui il peut interagir. Fini la solitude. Il redécouvre le sens des responsabilités. La vie n’est pas qu’une question de contrats à exécuter mais le contrat est plutôt de prendre soin de l’autre: Protéger plutôt que liquider.

You saved my life. Now you’re responsible for it.

De son côté, Tony sent qu’il est en train de perdre son poulain. Il essaie de le ramener à la raison. Ce rétrograde pense qu’il faut se méfier des femmes (cf Le Nom de la Rose).

You got to be careful with women.

Ce en quoi il n’a pas tort car Mathilda fragilise Léon. Elle le rend aussi plus intéressant car elle transforme le tueur en homme. Léon parle d’amour. Pas l’amour des organes génitaux qui ferait prendre à l’histoire une tournure pédophile dérangeante (cf les chatouilles). Ni l’amour passionnel (cf Love), régit par le cœur qui prend le pas sur la raison. Plutôt un amour profond, qui prend aux tripes. Stomacal.

How do you know it’s love if you’ve never been in love before?

‘Cause I feel it.

Where?

In my stomach.

Cet amour ne doit pas nous faire perdre la tête. L’école avant tout. C’est la victoire de l’éducation sur la bêtise. Une fenêtre qui s’ouvre (cf Un prophète). Un peu d’air et de lumière. Léon porte des lunettes de soleil qui l’empêchent de voir le monde tel qu’il est. Mathilda l’en débarrasse. Elle lui apprend à sourire, à rigoler et à dormir dans un lit plutôt que dans un fauteuil. En retour, Léon lui apprend à se défendre dans ce monde impitoyable.

Is life always this hard, or is it just when you’re a kid?

Surtout il lui apprend la sagesse. Il explique à Mathilda comment encaisser les coups, puisque la revanche ne sert à rien.

Revenge is not a good thing, it’s better to forget.

Grâce à cette rencontre, Mathilda a fait l’expérience de la violence. Elle va enfin pouvoir grandir et s’épanouir.

You need some time to grow up a little.

Enfin débarrassée de sa famille qui était plus encombrante qu’autre chose, Mathilda peut se concentrer sur ses études littéraires. C’est à l’école qu’on prend racine et c’est grâce à l’école qu’on peut s’épanouir. Mathilda peut simplement s’estimer heureuse de ne pas être en ZEP (cf entre les murs). Elle a la vie devant elle.