THE LAUNDROMAT :
L’AFFAIRE DES PANAMA PAPERS
Steven Soderbergh, 2019
LE COMMENTAIRE
Toutes les meilleures choses ont une fin, il faut croire. Chaque civilisation est amenée à disparaitre. Des couples se séparent (cf Love). Les serial killers finissent derrière les barreaux – ou pas (cf Zodiac). Certains athlètes tombent pour dopage (cf Lance Armstrong). Les organisations criminelles sont démantelées (cf Donnie Brasco). Ainsi va la vie. Pas besoin de Superman ou de l’inspecteur Harry. Souvent, c’est un simple grain de sable qui dérègle la machine entière. Le bateau prend l’eau à cause d’une personne qu’on ne soupçonne pas.
LE PITCH
Petite leçon d’évasion fiscale en cinq chapitres.
LE RÉSUMÉ
Chapitre 1 – Les humbles sont dans la mouise
Ellen Martin (Meryl Streep) et son mari Joe (James Cromwell) font une modeste croisière sur le lac George. Une vague renverse leur embarcation (cf Poséidon). Ellen s’en sort mais Joe finit au fond de l’eau (cf Titanic). Le Capitaine Perry réalise que son assureur, dont la police a été racheté par une autre compagnie basée aux Caraïbes, ne peut pas rembourser les victimes. Le cabinet de Jürgen Mossack (Gary Oldman) et Ramon Fonseca (Antonio Banderas) est derrière tout ça.
Chapitre 2 – Ce ne sont que des coquilles
Ellen se fait souffler le bel appartement qu’elle voulait acheter à Las Vegas par des Russes qui paient cash, grâce à des sociétés écran gérées par un certain Boncamper (Jeffrey Wright), employé par le cabinet Mossack Fonseca. En réalité, il ne fait que signer des papiers. Ellen se rend à Nevis pour mieux comprendre. Elle alerte aussi la presse locale qui ne semble pas intéressée par son histoire.
We like to focus on stories that are closer to home.
Chapitre 3 – Dites-le à un ami
Ramon Fonseca assume son choix de carrière, égoïste.
Saving the world is very hard you know. Long hours. Bad pay. And perhaps the world doesn’t want to be saved. We want to be fair and yet we want to win. We want to be righteous and we want to get ahead. Such is our struggle. At some point you need to decide. You might as well save yourself.
Chapitre 4 – Le b-a-ba des pots-de-vin
Charles (Nonso Anozie), un client africain de Mossack Fonseca est surpris par sa fille en train de flirter avec sa co-locataire. Elle menace de tout dire à sa mère. Le père négocie.
This is adulthood. Welcome. It’s filled with disappointments and negotiations.
It’s fucked up.
No. This is how problems are solved. What’s fucked up is your inability to see that.
Il lui promet des sociétés off-shore d’une valeur de $20M. Suite à un quiproquo, tout s’effondre. Charles est démasqué. Qu’à cela ne tienne, sa fille veut l’argent. Mais son père a pris soin de faire quelques virements de façon à ce qu’elle ne puisse toucher que quelques dollars.
Chapitre 5 – Assassinats
Maywood (Matthias Schoenaerts), un homme d’affaires blanchissant de l’argent pour le compte de Gu Kailai (Rosalind Chao), est assassiné par sa cliente après l’avoir menacée. Gu Kallai est arrêtée pour meurtre et son mari tombe pour corruption, après un discours devant le gouvernement précisément pour dénoncer la corruption.
Mossack et Fonseca protestent. Ils expliquent qu’ils ne violent pas la loi. Simplement, ils ne font que la contourner. Ça s’appelle de l’optimisation fiscale. Rien à voir avec de l’évasion fiscale.
We didn’t write the laws! We just wrote contracts.
Après tout, dans l’état du Delaware, 285 000 sociétés ne paient pas d’impôts. Même chose en Suisse, au Luxembourg ou à Honk-Kong.
En 2016, l’affaire des Panama Papers éclate après une fuite dont un mystérieux John Doe est responsable. Elle éclabousse tout le monde ou presque. Les politiques réagissent. Certains impliqués directement dans le scandale doivent démissionner. Mossack et Fonseca font un petit tour en prison. Trois mois à peine. Pour le principe.
Pendant ce temps là, les États-Unis se frottent les mains. Les grandes compagnies également.
In 2018, 60 of the largest companies in the USA paid no taxes on pre-tax income of 79 billion dollars.
Ellen, au nom du contribuable, appelle à un changement.
Reform of America’s broken finance system cannot wait.
L’EXPLICATION
The Laundromat, ce sont toujours les mêmes qui paient à la fin.
L’argent ne fait pas le bonheur. Pour autant, il change indéniablement la vie de la petite minorité qui en possède beaucoup.
There are just over 2,000 billionnaire in the world. Or maybe you’re just a millionnaire. There are 15 million of them in the world.
Ce serait faire un raccourci que de dire que ces possédants ont volé leur argent. Pas du tout. Certains ont même du bosser dur pour faire fortune, tuant leurs concurrents au passage pour arriver où ils en sont (cf There will be blood). Par contre, la manière dont ces possédants entretiennent cet argent et dont ils le font prospérer est crapuleuse dans la mesure où ils ne jouent pas le jeu de la redistribution. Certes, ces méthodes obscures ne sont pas toujours illégales mais le résultat reste le même : les riches échappent à l’impôt. C’est un fait. Quelle drôle d’hypocrisie de râler après des taxes qu’on ne paie pas. Et dire que la Bible promet aux mendiants qu’il finiront pas hériter de la terre…
The meek, they were supposed to inherit the earth.
Le problème des riches est peut-être de trop bien appliquer les règles du capitalisme. Pourquoi n’avoir qu’une voiture quand on peut en avoir deux ? Qui n’aurait pas envie d’avoir plus d’argent ?
There is more money than ever before.
Ils comprennent aussi mieux que personne les règles de la fiscalité. Pratique. Mossack et Fonseca profitent de la complexité du système. Mais attention, tout le monde ne peut pas jouer à ce jeu.
How does it all work, this world of offshore companies? And how do you know if it is for you?
First of all, you must ask yourself : are you wealthy?
Sauf que lorsqu’il s’agit d’argent, tout le monde finit par être concerné.
Don’t worry. Those stories are not just about us. They are also about you.
Alors qu’est-ce qu’il reste aux autres ?
What about the rest of us in the middle?
Et bien c’est simple : on ne peut rien prendre à ceux qui n’ont rien. Donc ce sont les fameuses classes moyennes qui trinquent. Parce que pendant que les riches font des montages financiers, la vraie vie continue. Avec les conséquences qui vont avec. Malheureusement, en cas de problème, on n’a personne vers qui se retourner.
When there’s an accident (…), there’s nobody we can hold accountable.
L’argent sur le papier s’est volatilisé. A-t-il jamais vraiment existé ? En tout cas, le fossé se creuse de plus en plus entre des joueurs de foot professionnels toujours plus riches et des spectateurs qui n’ont même plus de quoi se payer un billet pour aller au stade.
Quelle est la solution ? Revenir à un système de troc pré-historique ? Personne ne veut de cela. Par ailleurs, cela semble impossible. Les Anglais n’arrivent déjà pas à sortir de l’Europe alors qu’ils ne faisaient même pas partie de la monnaie unique…
La solution passe peut-être d’abord par l’intégrité morale de ceux qui se rendent complices de ce système frauduleux. Afin que le monde sache. Que personne ne se rendorme. Et que les pays opèrent une mise à niveau. Facile. C’est peut-être le prix à payer pour éviter le chaos (cf Joker).
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