BOUND

BOUND

Lana Wachowski, Lilly Wachowski, 1996

LE COMMENTAIRE

Quand le coeur s’arrête, pas besoin de sauter immédiatement au plafond. Inutile de sortir le défibrillateur ou d’avoir recours au massage cardiaque. On se calme. Parfois, il suffit simplement de s’embrasser. Se donner un peu de tendresse pour relancer la machine. Quelques caresses. Peut-être mettre un peu la langue si besoin. Un peu de passion de temps en temps ne fait de mal à personne.

LE PITCH

Deux femmes échappent aux griffes de la mafia et empochent le pactole.

LE RÉSUMÉ

Corky (Gina Gershon) accepte un job de plomberie. Dans l’ascenseur, elle croise un couple dont la jeune femme lui tape dans l’oeil. À la première occasion, Violet (Jennifer Tilly) la retrouve. Le coup de foudre était a priori réciproque.

What are you doing?

Isn’t it obvious? I’m trying to seduce you, (…) I’ve been thinking about you all day.

Caesar (Joe Pantoliano) les interrompt en revenant à l’appartement. L’hétérosexualité galopante de ce mâle alpha l’empêche de se douter de quoi que ce soit. Impossible que sa compagne puisse s’intéresser à une autre femme.

Caesar blanchit de l’argent pour la mafia.

Violet est l’objet de Caesar. Elle veut s’en sortir.

I want out.

Pour cela, elle a besoin de l’aide de Corky. Les deux femmes complotent pour voler une importante somme d’argent et faire porter le chapeau à Caesar en montant les mafieux les uns contre les autres.

Le plan est bien ficelé.

Évidemment, il ne marche pas.

Violet devait pouvoir rejoindre Corky. Finalement Caesar panique et l’empêche de partir. Corky écoute tout ce qui se passe depuis l’appartement d’à côté, impuissante. Les mafieux débarquent. Ils s’embrouillent. Caesar abat Gino Marzzone (Richard C. Sarafian), Johnnie Marzzone (Christopher Meloni) et Roy (Gene Borkan) leur garde du corps. C’est du sérieux.

Caesar découvre la manigance de Violet et Corky. Son hétérosexualité impeccable l’aveugle toujours.

What did she do to you??

Everything you couldn’t.

Fou de rage, il les attache toutes les deux et menace de les torturer.

Everybody knows your kind can’t be trusted. Fucking queers make me sick. But you made a fatal mistake. You tried fucking the wrong guy. And I swear to you that I’m going to kill you for it. Where’s my money?!

Mickey Malnato (John Ryan) débarque. Cette fois-ci c’est tendu.

Caesar a besoin de Violet pour éloigner Mickey.

Le vieux n’y voit que du feu et quitte les lieux.

Caesar s’écharpe avec les deux femmes, jusqu’à ce que Violet ait le dernier mot. Elle appelle Mickey, qui a un faible pour elle, et l’informe que Caesar a tué Gino et qu’il s’est barré avec le pognon. Mickey continue de gober.

Il propose à Violet de devenir son nouveau protecteur. Celle-ci lui répond qu’elle a besoin d’un congé sabbatique. Dans la foulée, elle retrouve Corky à bord de son nouveau pick up flambant neuf. La grande vie peut commencer.

You know what the difference is between you and me, Violet?

No.

Me neither.

L’EXPLICATION

Bound, c’est la force du lien féminin.

À ce qu’il paraitrait que les hommes viendraient de Mars et que les femmes viendraient de Vénus – d’après John Gray. Une manière plutôt caricaturale de mettre en relief des traits de caractère propres à chaque genre, pour arriver à la conclusion que les hommes ne sont pas des femmes et inversement. Ce n’est pas juste, mais cela simplifie les choses et arrangent au passage toutes celles et ceux qui ne veulent pas se prendre la tête : les bleus à droite et les rose à gauche.

Si certains hommes peuvent extérioriser leur sensibilité et que certaines femmes peuvent faire preuve de virilité, on conviendra néanmoins que les torchons et les serviettes ne se mélangent pas – au moins pour le souci de l’exercice.

Dans ce rapport de force opposant les genres (cf Un homme et une femme), l’homme fait tout ce qu’il peut pour imposer son pouvoir depuis qu’il est sorti de sa grotte. Il fait parler ses muscles. Pour rappel, le cerveau n’est pas un muscle.

It’s all part of the business.

L’homme est Caesar. Un bonhomme. Violent, bête et vulgaire – les trois allant souvent ensemble. Cet imbécile met des plombes avant de comprendre ce qui se passe, alors que tout se déroule quasiment sous son nez. Il parle fort, met des claques et sort son gun. À ses yeux, les femmes sont de simples gonzesses.

S’il y a bien une chose qu’un homme comme Caesar n’arrive pas à voir, c’est le lien unique reliant chaque femme entre elle. Dès qu’elles se croisent, Violet Corky accrochent immédiatement. Elles se tournent autour…

We’re not that different, Corky.

Ah, let’s see. This is the part where you tell me what matters is on the inside, and that inside of you there’s a little dyke just like me.

No, she’s nothing like you. She’s a whole lot smarter than you are.

Ce lien se traduit par des nuances. Souvent, il ne mérite aucun mot. Violet et Corky se comprennent d’un regard, ou d’un sourire.

La femme est dans la retenue. Elle demande pardon pour ce qu’elle n’a pas fait. Ce n’est pas tordu, c’est subtil. Délicat. Romantique.

I’m not apologizing for what I did, I’m apologizing for what I didn’t do.

Tandis que l’homme est une sorte de grenouille qui s’imaginerait plus grosse qu’un boeuf, la femme est parfaitement consciente de sa condition. Caesar tire et il discute après. Il ne pense pas aux conséquences de ses actes. Souvent, il ment. Tout l’inverse de Violet qui fait des plans et surtout qui assume ses responsabilités. Avec Corky, elle joue carte sur table sans ce jeu de dupes.

We make our own choices, we pay our own prices.

L’homme essaie d’abuser de la confiance, pour en tirer un avantage personnel sur le court-terme. Quant à la femme, la confiance se crée. Ellle est le ciment d’une relation qui va grandir dans le temps. Corky et Violet sont faites du même bois : pour que cela fonctionne, Corky a besoin de connaître Violet comme sa poche.

I can fuck someone I’ve just met. But to steal? I need to know someone like I know myself.

Dans un monde de trahisons en tout genre, le sol ne s’effondre pas sous les pieds de cette femme incarnée par Violet et Corky. La femme duale n’est pas vénale. Violet et Corky ne courent pas après l’argent. Les dollars ne sont qu’une cerise sur le cupcake. Violet et Corky sont éprises de liberté. Elles veulent pouvoir s’affranchir et pour y parvenir, elles ne peuvent compter que sur elles-mêmes (cf Thelma et Louise).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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