LES AVENTURES DE RABBI JACOB

LES AVENTURES DE RABBI JACOB

Gérard Oury, 1973

LE COMMENTAIRE

Les papillotes, à l’origine, étaient une manière pour les Juifs orthodoxes de se démarquer de leurs voisins qui se rasaient les joues (cf One of us). Les yéménites et les hassidiques ont donc laissé pousser leur barbe et leur tempes. Les hippies et les rockers s’en sont inspirés des années plus tard en se laissant pousser les rouflaquettes, bien qu’ils ne sachent pas danser aussi bien. La vérité, c’est pas donné à tout le monde.

LE PITCH

Un entrepreneur sans histoire se retrouve dans une sale histoire.

LE RÉSUMÉ

Le rabbin Jacob (Marcel Dalio) quitte Brooklyn escorté par son secrétaire Samuel afin de se rendre en France pour y célébrer la Bar-Mitzvah du jeune David Schmoll (Lionel Spielman).

Dans le même temps, Victor Pivert (Louis de Funès) et son chauffeur Salomon (Henri Guibet) sont bloqués dans les bouchons entre Deauville pour Paris où ils doivent se rendre au mariage d’Antoinette, la fille de Victor (Miou-Miou).

Pivert en profite pour cracher sa haine de l’étranger:

Vous les aimez vous les Anglais…? Moi je les aime pas! Tenez regardez là, un Suisse et un Allemand!

Et alors ?

Ben alors on n’est plus en France!

Suite à une sortie de route, ils se retrouvent dans la Seine. Salomon laisse son patron se débrouiller car c’est Shabbat et Salomon est Juif, à la surprise de Victor qui, comme beaucoup de racistes, est bête comme ses pieds et ne sait rien des traditions.

Pivert congédie aussitôt Salomon.

Il atterrit dans une usine de chewing-gum complètement par hasard en même temps que le Colonel Farès (Renzo Montagnani) qui y torture le révolutionnaire Mohamed Larbi Slimane (Claude Giraud). Victimes d’un énorme imbroglio, Pivert et Slimane prennent l’identité de… Rabbi Jacob et de Samuel qu’ils croisent dans les toilettes d’un aéroport pour échapper au Colonel et au Commissaire Andréani (Claude Pieplu).

Pivert et Slimane sont accueillis par la famille Schmoll, puis célébrés en héros rue des Rosiers. Complètement étranger aux coutumes ashkénazes, Pivert doit improviser. Au bout d’une course poursuite rocambolesque, Pivert et Slimane se font finalement reprendre par Farès, ainsi que Jacob et Samuel libérés par la police.

Bonne nouvelle: le gouvernement du pays de Slimane a été renversé et il est nommé Président par intérim. Farès s’excuse platement et conduit son nouveau patron à un héliport qui se trouve être le lieu du mariage d’Antoinette Pivert.

Le père du marié (Jacques François) s’insurge de voir des Juifs s’inviter à la cérémonie.

Pivert, qu’est-ce que c’est que cette tribu ??

Victor Pivert qui doit la vie à Slimane et Salomon est désormais réconcilié avec les étrangers.

Comment ça ‘cette tribu’? Ce sont mes amis les Schmoll!

L’EXPLICATION

Les Aventures de Rabbi Jacob, c’est élargir ses horizons.

Victor est un vrai raciste qui critique les Anglais, les Belges, les Suisses et les Allemands. Il aime sa France franchouillarde. Une France sans Arabe (cf Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu?). Ses remarques manquent cruellement de finesse et sont même carrément nauséabondes.

Vous avez vu Salomon ils ont des voitures maintenant…. héhé… Ils ont des Rolls blanches les noirs!

Contrairement à aujourd’hui (cf La Cravate), il n’assume pas – de peur d’être pris pour un ancien collabo.

Monsieur est peut-être un peu raciste…

Raciste ? Moi…?? Raciste ?!

Il est pourtant bel et bien raciste, trop soucieux de protéger son petit monde.

Dieu merci, Antoinette épouse un Français bien blanc. Il est même un peu palot vous trouvez pas ? 

Et chon ch’veux chur la langue ?

Il a un cheveux mais il est riche comme moi! Et catholique comme tout le monde!

Pivert est dénigrant envers les autres et leurs coutumes, par bêtise.

On voit bien que monsieur n’est pas au courant des traditions.

Je ne suis pas au courant de vos ‘simagrées’ et j’en suis fier.

Monsieur n’a pas le droit de manger de la viande le vendredi. Moi j’ai pas le droit d’allumer l’électricité le samedi. C’est pas plus bête.

Si c’est plus bête!

Victor est la figure du gros con comme il en existe de plus en plus. Son problème est double. Il a conservé un sentiment de supériorité, hérité du temps béni des colonies de Sardou. Alors que la France n’a pourtant déjà plus de quoi se sentir supérieure en 1973. Elle a perdu deux guerres mondiales ainsi que l’essentiel de ses territoires. Il n’y a plus d’Empire et il n’y a jamais eu de pétrole. Victor est un nostalgique qui croit toujours que le Français vaut mieux que les autres.

Regardez, c’est propre, c’est net, c’est silencieux. Y’a pas de fumée… c’est un Français!

Les autres sont tellement moins bien qu’ils n’ont aucun intérêt.

L’autre problème de Pivert est la territorialité. Il est en France chez lui et considère les étrangers comme des clandestins qui ne sont pas les bienvenus (cf Welcome, Le Grand Partage). Son jugement à l’égard des Arabes, dont on ne sait même pas de quel pays ils viennent, est sans appel:

Qu’ils règlent leur compte entre eux très bien, moins y’en aura… Mais pas chez nous!

Pivert n’a pas réalisé que la mixité est en marche grâce à l’immigration – que la reconstruction a rendu absolument nécessaire. Il ne peut pas lutter contre le progrès. Les événements vont se précipiter et faire de Pivert l’étranger chez lui, le mettant dans une situation de fragilité. De la même manière qu’il tombe dans la cuve à chewing-gum américain, il est dorénavant obligé de composer avec les étrangers de tout bord. Il ne peut plus faire autrement.

Cette expérience va d’abord lui permettre de réaliser que tout n’est que comédie.

Slimane l’Arabe devient Zeligman le Juif. Lors de sa Bar Mitzvah, le jeune David est baptisé par un catholique et un musulman, devant des Juifs qui n’y voient que du feu. Au final c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Un beau bordel. Les étrangers ne sont pas si différents de lui. C’est juste une histoire de folklore.

Dites donc Salomon, Slimane… Vous seriez pas un cousins ?

Cousins… éloignés.

Pivert comprend aussi que tout n’est qu’une question d’intérêts. Il change d’avis parce parce qu’il doit une fière chandelle à Salomon et Slimane. Les deux s’étant également venus en aide mutuellement.

Vous m’avez sauvé la vie Salomon…

Vous en auriez fait autant.

C’est parce qu’on se rend des services que la vie en société est rendue possible et que l’équilibre est maintenu. Faire du business pour éviter de se faire la guerre était le principe fondateur de la Communauté Économique Européenne. Si notre appétit pour l’argent peut nous permettre de nous entendre plutôt que de nous taper dessus… Après tout pourquoi pas ? Le représentant du gouvernement n’essaie-t-il pas de négocier avec le néo-Président Slimane dès qu’il en a l’occasion ?

Je lui parle du pétrole ?

Ce serait déplacé.

Et le Concorde ? On peut peut-être lui en caser un ?

La morale de l’histoire est qu’il faut toujours savoir se rendre utile et indispensable (cf Casino). Les racistes peuvent changer d’avis. Et la suppression des accords commerciaux entre la Chine et les États-Unis ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour la paix dans le monde.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

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