MY LIFE

MY LIFE

Bruce Joel Rubin, 1993

LE COMMENTAIRE

Il y a encore quelques années, les collégiens se répondaient « 3615 code ta vie! » pour remettre à leur place ceux qui parlaient un peu trop d’eux-mêmes. C’était les années 80. Les années Minitel. C’était aussi le signe annonciateur d’une société dans laquelle il n’y en aurait plus que pour nous. Comme le dit aujourd’hui le penseur Édouard Baer : Ce qui compte, c’est nos souffrances à nous. Pas tes joies à toi.

LE PITCH

Un homme règle ses affaires après avoir été diagnostiqué en phase terminale (cf Biutiful).

LE RÉSUMÉ

En 1963, le petit Bob Ivanovich s’imagine qu’un cirque tout entier va débarquer dans son jardin le lendemain. Il prévient tous ses copains. Une fois de retour à la maison, il n’y a bien évidemment personne. Bob est moqué et part se cacher dans un coin de sa chambre, honteusement.

Des années plus tard, Bob (Michael Keaton) est devenu Bob Jones le patron d’une entreprise de RP à Los Angeles. Sa femme Gail (Nicole Kidman) attend leur premier enfant. Puis la mauvaise nouvelle tombe. Bob est atteint d’un cancer des reins et ne devrait pas vivre assez longtemps pour assister à la naissance de son enfant.

Bob refuse cette réalité puis doit finir par l’accepter. Il devient obsédé par l’idée de laisser une trace de lui à ce fils qu’il ne connaîtra jamais. C’est pourquoi il se lance dans une longue série de films dans lesquels il explique à son futur fils comment faire la cuisine, comment conduire, comment faire bonne impression etc.

Se sachant condamné, Bob tente le tout pour le temps en explorant des traitements alternatifs. Il rencontre Mr Ho (Dr. Haing S. Ngor) qui lui demande d’ouvrir son coeur. La vie envoie toujours des invitations à Bob et il est encore temps de les accepter.

Pour faire plaisir à sa femme, Bob se rend au mariage de son frère Paul (Bradley Whitford) avec lequel il était brouillé depuis des années. Bob reproche à Paul de ne pas avoir quitté Detroit pour LA. Son père lui reproche au contraire de s’être volontairement éloigné de la famille et d’avoir effacé son nom.

Bob retourne à Los Angeles triste de cette dispute, convaincu qu’il ne reverra plus sa famille.

This is my last trip home.

Mr Ho l’encourage encore et toujours à écouter son coeur. Alors Bob continue d’empiler les K7 VHS pours on fils. Et il va au devant de ses peurs. Il monte dans un grand-huit. Dans ce parc d’attraction, il réalise avec émotion qu’il vient de passer la fameuse date fatidique.

Today’s D-Day. Death day. I’m supposed to be dead today. From now on, I’m living on borrowed time.

Bob assiste à la naissance de son fils.

Sa condition se dégrade néanmoins rapidement. Il rend une dernière visite à Mr Ho qui lui ouvre la voie de la lumière. Le temps est venu pour Bob de mettre les choses en ordre avant de partir (cf Biutiful).

Bob est hospitalisé à domicile. Gail demande à la famille de Bob de venir à Los Angeles. Tout le monde lui fait alors une dernière surprise en l’invitant un matin à se rendre dans son jardin où l’attend un gigantesque cirque. Il fait la paix avec son père et part en paix, entouré des siens.

Un an plus tard, Gail en compagnie de son fils regarde Bob lire des passages du Dr Seuss.

L’EXPLICATION

My Life, c’est une autobiographie.

Se sachant atteint d’une maladie incurable, Bob ne peut plus ignorer l’épée de Damoclès sous laquelle nous vivons tous (cf Le Règne Animal). Parce que c’est le problème de Bob : depuis toujours il fuit la réalité. Il a quitté Detroit comme il a effacé son nom de famille.

Un peu par ambition, un peu aussi parce qu’il a honte de là d’où il vient et de qui il est. Surtout parce qu’il a peur que la vie ne le déçoive. Bob était un petit garçon rêveur qui avait plein d’espoirs. Le cirque n’était pas au rendez-vous. Alors il s’est renfermé sur lui même. Il s’est mis à bouder la vie.

À présent, Bob ne peut plus ignorer la minuterie. Il se lance dans un exercice dont le but est de permettre à son fils de mieux connaître qui était son père. La démarche de Bob est purement égoïste. Il veut proposer un reflet de lui-même. Un selfie. Ce n’est donc guère intéressant.

Au fur et à mesure, Bob va être obligé de se découvrir. Déjà parce que sa femme qui n’est pas à l’aise avec la démarche lui rappelle qu’il n’est pas encore mort.

I don’t understand how you can open your heart to a camera and I’m, I am flesh and blood, I feel like I have already lost you!

Bob comprend que son oeuvre n’en vaudra vraiment la peine que s’il parle vraiment de lui. Ce que lui confirme Mr Ho, Bob doit être dans la vie, pas en dehors. Il a encore quelques mois pour ne plus la refuser. Bob doit arrêter d’essayer de chercher le symbole. Il doit se trouver lui-même.

It’s not enough to marry goodness, you have to find it in yourself.

Le plus beau cadeau que Bob va faire à son fils, plus que les cassettes VHS, est de se réconcilier avec sa famille. Il offre à son fils un tonton et un grand père. Et c’est à travers eux qu’il apprendra à découvrir son père. Ce sont les autres qui parlent le mieux de nous et le plus objectivement. Les autres qui nous font vivre, plus encore que les photos ou les films.

C’est un peu dommage de ne comprendre tout cela que quelques minutes avant la fin de son histoire (cf Le temps qui reste).

Mieux vaut tard que jamais.

En même temps, il faut bien que le cancer serve à quelque chose.

Dying’s a really hard way to learn about life.

La mort est ce qui donne du sens à la vie.

Et puis la vie nous renvoie toujours l’ascenseur un moment ou un autre. Bob ne se sauve pas. Pour cela, il va être récompensé. Le cirque aura mis le temps. Il s’invite finalement chez lui. Tout cela en valait donc la peine.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

2 commentaires

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