LA ZIZANIE

LA ZIZANIE

Claude Zidi, 1978

LE COMMENTAIRE

Les hommes sont mesquins. Ils avancent discrètement, masquant leurs intentions. En plus d’être mesquins, ils sont aussi très bêtes. Ils ne font pas attention. C’est ainsi qu’ils finissent toujours par se faire mordre le nez.

LE PITCH

Un couple est mis à l’épreuve de l’ambition personnelle de l’homme.

LE RÉSUMÉ

Guillaume Daubray-Lacaze (Louis de Funès) reçoit des clients Japonais qui veulent lui commander 3.000 appareils anti-pollution CX‑22. Problème: il faut livrer en 90 jours et l’usine est trop petite. Guillaume Daubray-Lacaze doit s’agrandir rapidement.

Le préfet bloque le projet.

Vous n’avez pas très bonne presse. Votre dépollueur pollue tout!

Guillaume Daubray-Lacaze n’a pas d’autre solution que de s’agrandir de l’intérieur en installant des machines dans sa propre maison ainsi que dans le potager de sa femme Bernadette (Annie Girardot). Autre problème de taille: Bernardette est horticultrice. Si elle approuve les CX-22, elle est contre la pollution engendrée par la production de ces engins gigantesques.

L’expansion économique… d’accord. Les Japonais… merveilleux. Mais le reste… JAMAIS!

Son mari, pressé par les enjeux économiques, continue d’exagérer. Bernardette quitte le domicile conjugal pour s’installer à l’hôtel. Guillaume l’y surprend au bras du Docteur Landry (Julien Guillomard). Il lui fait alors un vieux numéro de charme accompagné de promesses pour mieux la faire revenir à la maison.

Cela fonctionne, un temps. Réveillée dès le lendemain matin par le bruit des machines, Bernardette pique à nouveau une crise de nerfs.

Tu m’as perdue pour toujours!!

Non seulement elle le quitte pour de bon. En plus, elle se présente contre lui aux élections municipales. C’est la guerre.

On ne se tutoie plus?

Les Daubray-Lacaze finissent par s’écharper en direct à la télévision dans un spectacle pathétique.

Tu as détruit notre maison.

Pour le bien de l’entreprise!

Tu as détruit mon jardin d’hiver. Ruiné mon potager. Tu as détruit mes rêves, tu as piétiné mon coeur!

Les élections sont serrées et c’est Bernardette qui l’emporte. Elle refuse pourtant le poste par amour.

Je n’ai pas fait tout ça pour la mairie mais pour mon mari. 

Sauf que son mari est sur la paille. Ses Japonais ont fait faillite. Le couple part à la montagne élever des moutons. Chassez le naturel, il revient au galop. Guillaume a construit une machine qui tond les moutons à mesure qu’elle tricote des pulls. Et il voit déjà plus grand. Bernadette ne partage pas son rêve.

Prix de revient ridicule j’inonde le marché je refait fortune et j’achète la montagne.

Et ensuite.

Je construis une usine!

Non.

Comment ça non?

Non…

Oh mais si!

Mais non.

L’EXPLICATION

La Zizanie, c’est un petit avant goût de crise.

1978. Les Trente Glorieuses n’ont plus que quelques heures à vivre. Elles ont déjà été sérieusement entamées par le premier choc pétrolier. Le deuxième arrive. La France de Giscard peut attacher sa ceinture. Guillaume Daubray-Lacaze ne se doute pas de ce qui l’attend. Lui qui est bien dans le confort de sa petite entreprise et son conservatisme, il pense qu’il peut saouler ses clients Japonais au Calvados et les ré-expédier sur leur île juste après avoir encaissé leur chèque.

Trou normand vieille coutume française, c’est terminé!! Viré! Avion! Allez hop!

Il ne va pas être déçu du voyage. Le Made in Japan va lui faire très mal et il ne le sait pas encore. Il ne vivra même pas assez vieux pour se plaindre du Made in China.

Guillaume Daubray-Lacaze est à l’image d’une France dépassée, pantouflarde, qui se repose sur ses acquis et qui ne comprend plus le monde dans lequel elle vit. Guillaume a mauvaise presse comme lui dit le préfet. Il s’en fout. Persuadé qu’il peut continuer à polluer pour mieux faire son business. Il est totalement à côté de la plaque. Son programme en trois point ne concerne que le plein emploi. Il n’a pas de pétrole et il est à court d’idée. Impossible de réfléchir autrement. Il ne voit pas du tout arriver le virage de l’écologie incarné par sa femme.

Parti politique? 

Défense de la Nature.

Poireaux et pâquerettes, foutu programme…

Car il passe complètement à côté de sa femme. Il ne s’aperçoit pas qu’elle en a marre. La comédie a pourtant assez duré pour Bernadette.

Guillaume, tu m’as eu jeune fille. Tu m’as gardé femme. Nous sommes mariés depuis 23 ans. Je t’aime, je t’admire mais là j’ai sommeil!

Guillaume est un sexiste rétrograde qui ne dort pas dans le même lit que sa femme, femme qu’il considère tout juste bonne à faire la cuisine et le jardin.

Votre mari a demandé un face à face tout seul. Les femmes n’ont rien à dire.

Rien à dire, mais quelque chose à faire!

Bernadette est dans l’action. Du côté du peuple (cf Merci Patron!). Elle finit même par travailler comme ouvrière pour son mari. Les femmes font ce que les hommes ventripotents ne veulent plus faire: se mettre au travail et se salir les mains. Face à la menace Bernadette, qui ne devrait pas en être une, Guillaume fait preuve de bêtise. Lorsqu’elle expose son programme, il se moque d’elle et se tourne lui-même en ridicule.

Les Défenseurs de la Nature ne réclament pas une croissance qui aliène l’homme mais une croissance nouvelle. Contrôlée. Humaine!

Vous parlez comme une femme qui n’a jamais travaillé!

Tout finit en burn out (cf Falling Down). L’entrepreneur finit par élever des chèvres dans le Larzac.

Guillaume ne retient pas la leçon puisqu’il repart aussi sec dans ses délires d’expansion. Les plus libéraux penseront que Bernadette freine l’enthousiasme de Guillaume. Tandis que les plus socialistes objecteront que Guillaume avance, pas dans la bonne direction.

La réalité veut que Guillaume et Bernadette ne se comprennent plus. Certes ils sont toujours ensemble malgré les disputes et les départs répétés de Bernadette. Ils sont à la montagne, en altitude, au bon endroit pour tout recommencer sur de nouvelles bases plus saines. Rien n’a changé. Ils n’arrivent plus à communiquer.

Il n’y a plus d’équilibre. La Zizanie est la crise du couple Droite / Guillaume – Gauche / Bernadette qui profite à Macron. On a eu quarante ans pour réagir. On a préféré privatiser TF1 et gagner deux coupes du monde de foot à la place (cf Les Bleus 2018). Et voilà le résultat.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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