PALAIS ROYAL!

Valérie Lemercier, 2005

LE COMMENTAIRE

Tandis que les hommes empotés croulent sous le poids de leur couronne, de leurs médailles et de leurs responsabilités (cf The King’s Speech), les femmes se retrouvent souvent catapultées comme des potiches dans un monde impitoyable. Alors elles essaient de garder le sourire et font preuve d’un peu de malice. Santé!

LE PITCH

Une jeune princesse accède au trône et renverse le Royaume.

LE RÉSUMÉ

Après la mort de son père, c’est finalement le Prince Arnaud (Lambert Wilson) qui hérite du trône. La Reine mère Eugenia (Catherine Deneuve), conseillée par René-Guy (Michel Aumont), n’a pas vraiment envie de voir Alban (Michel Vuillermoz) devenir le nouveau Roi, bien qu’il soit l’ainé. Il est célibataire, donc suspect. C’est une bonne excuse pour le destituer.

Arnaud doit donc délaisser sa vie insouciante, faite de virées shopping à Londres en compagnie de Titi (Denis Podalydès) et Laurence (Mathilde Seigner), accessoirement sa maîtresse.

Désormais il doit inaugurer des bibliothèques et se rendre à la foire du speculoos. Il prend la pose avec sa femme, ses filles et son chien. Histoire de soigner son image (cf l’Exercice de l’État).

Souriez, n’oubliez pas, souriez.

Armelle fait de son mieux. Sa naïveté et sa méconnaissance des protocoles lui jouent parfois des tours. Elle se ridiculise au Sri Lanka.

C’est affligeant.

Trimballée à droite à gauche. On lui marche sur les pieds. Elle est entartée par erreur. Gloup, gloup, gloup! Arnaud la retourne au petit matin pour une petite sodomie. Elle s’execute sans broncher.

Allez, tourne toi.

C’est pas comme ça qu’on va faire des enfants!…. Aie!

Lorsqu’elle surprend son mari au lit avec Laurence, ‘Mémelle’ va changer de partition. Elle va savonner la planche de la famille royale en commençant d’abord par changer la garde robe de son mari qui ne s’aperçoit pas que ses slips sont passés de la taille 4 à la taille 2. Il est persuadé de prendre du poids. Par ailleurs, Armelle prend soin de changer ses pots de crème 0% par des pots à 40%.

Quelques somnifères dans le whisky de son mari avant un diner officiel. Elle va même jusqu’à tuyauter des journalistes pour que sa relation adultère sorte dans la presse.

Désormais en position de faiblesse, Arnaud implore sa pitié.

Donne moi une seconde chance, je t’en supplie.

Armelle gagne en sympathie tandis que la côte d’Eugenia et d’Arnaud s’effrite.

Pourtant, elle n’est pas en reste puisqu’elle se tape discrètement son professeur de sport (Gilbert Melky). Elle finit de semer la Zizanie en sous-entendant qu’Eugenia est derrière les échecs répétés d’Alban. Suggère à son beau-frère de partager ses secrets. Pourquoi pas écrire un livre sur le sujet ?

Arnaud découvre impuissant le machiavélisme de sa femme.

C’est bien la gym. Tu te muscles la chatte et je me gave avec tes 40% de merde.

À Londres, elle est victime d’un accident d’élastique lors d’une manifestation pour la paix. Dans l’opinion, elle restera toujours la chouchoute.

La Reine a jamais su l’apprécier. (…) C’est leur staff qui a fait trafiquer son élastique à l’avance.

Elle quitte le grand monde avec panache, en faisant un beau pied de nez à sa belle famille.

L’EXPLICATION

Palais Royal!, c’est une bougie dans le vent.

Jadis les familles royales étaient les garantes de l’autorité. Leur pouvoir leur était conféré par Dieu.

Depuis que les représentants de Dieu ont reçu des avertissements pour fautes professionnelles (cf Amen, Spotlight), les croyants ont commencé à questionner leur foi. La royauté en a évidemment fait les frais (cf Marie-Antoinette). Les sujets se sont aperçus que leurs monarques n’étaient pas au dessus de tout reproche, loin de là.

Arnaud est vulgaire. Il fume, trompe sa femme avec la femme d’un ami, alors que c’est pourtant déconseillé dans la Bible. Si Alban est faible, Arnaud n’en est pas respectable pour autant.

D’habitude, la Royauté tient son rang (cf The King). On lave son linge sale en famille pour faire bonne figure. La bonne ferme les yeux sur les galipettes de l’héritier. Comme si de rien n’était. Et la princesse cocue s’enfonce des fourchettes dans les cuisses sous la table, sans faire la grimace – bien entendu. C’est le jeu.

Armelle ne va pas accepter cette comédie.

Arnaud avait essayé de la remuer, elle n’avait peut-être pas fait suffisamment attention.

À partir de maintenant il va falloir arrêter tes conneries. ‘Bonne’ ça s’écrit pas avec un C!

Le message est désormais bien passé. Les choses vont changer. Armelle reprend du poil de la bête. Changement de coupe de cheveux. Exercices réguliers. Finies les enculades. Armelle devance René-Guy en faisant des annonces de portes ouvertes. Elle a compris les règles de la communication et occupe l’espace médiatique.

J’essaie d’agir à mon petit niveau.

Elle représente le grain de sable qui dérègle la machine royale.

Celle qu’on ne voit pas venir. En même temps, ras le bol de faire des malaises pour avoir donné son sang et se faire entarter à la place du ministre (Franck de la Personne).

S’attaquer à une femme, c’est moche.

Si la vie est injuste alors Armelle le sera aussi, quitte à manger les kinder de ses filles et planquer les surprises sous le lit. Quitte à s’envoyer son coach. La femme fadasse qu’elle était va se transformer en petite garce tout en sabordant le navire. Elle joue le jeu d’Eugenia à la perfection. L’élève a dépassé la maîtresse.

Dans cette famille, j’essaie de faire le trait d’union.

Comme beaucoup de femmes, Armelle s’est réfugiée dans le confort d’une institution en laquelle elle avait pleinement confiance.

Grâce à Dieu, ici on est tranquille.

Sa rebellion montre que la fatalité n’existe pas. Cette famille voulait la modeler et en faire un pot de fleurs, au prix d’innombrables couleuvres à avaler. Elle a appris comment faire du chantage aux membres de sa famille tout en manipulant l’opinion. La femme s’affirme face aux hommes (cf Barbie, Je ne suis pas un homme facile), elle impose son style (cf Working girl).

À présent, elle terrasse toute une institution. C’est une véritable princesse dont on se souviendra.

Le vent aura fini par la souffler, mais on se souviendra de sa flamme.