LUDwIG VAN B.
Bernard Rose, 1994
LE COMMENTAIRE
Les compositeurs vivent dans la tourmente. Ils explorent leurs blessures les plus profondes pour en retirer les plus belles mélodies. Ces âmes sensibles n’obtiennent jamais véritablement la reconnaissance qu’ils mériteraient du temps de leur vivant (cf Sugar Man, Birdman, Le Prestige).
LE PITCH
Beethoven lègue tout à son immortelle bien aimée et personne ne sait de qui il s’agit.
LE RÉSUMÉ
Anton Felix Schindler (Jeroen Krabbé) rend un hommage vibrant à Beethoven lors de ses funérailles :
It is the finest blades that are most easily blunted bent or broken.
Son frère réclame l’argent. Schindler qui est aussi l’exécuteur testamentaire du maestro trouve ses dernières volontés. Une lettre dans laquelle Beethoven précise que ce qui lui reste doit revenir à son amour éternel. Mais qui?
S’agit-il de la Comtesse Giulietta Guicciardi (Valeria Golino) qui connut le compositeur à l’âge de 17 ans? Devenue l’élève du génie, puis sa maîtresse, Guicciardi a été empêchée d’aller plus loin par son père. Quelques mois plus tard, elle se mariait avec le Comte Gallenburg.
Beethoven s’est ensuite brouillé avec son frère Kaspar (Christopher Fulford) lorsque celui-ci lui fit part de son intention de se marier avec Johanna Reiss (Johanna ter Steege). Ludwig van B. l’a jugée indigne de devenir sa femme. Une fille trop facile à son goût. De l’avis de tous, il était jaloux de leur bonheur.
Schindler rencontre ensuite la Comtesse Anne Marie Erdödy (Isabella Rossellini), marquée par la vulgarité d’un public incapable d’apprécier le talent du Maître en pleine déroute. L’histoire ne s’est jamais faite.
Puis, les troupes de Napoléon envahirent l’Autriche. Les soldats français violèrent la Comtesse Guicciardi. Les bombardements répétés n’arrangèrent pas la surdité de Beethoven.
Schindler est devenu le secrétaire de Beethoven au moment de la réconciliation avec Kaspar, juste avant la mort de son frère. Ludwig Van est devenu le tuteur de son neveu et lui confesse que lorsqu’il était enfant, il vécut dans l’ombre d’un certain Amadeus.
The boy is hardly a Mozart.
Le père de Ludwig était violent. Les coups dans la tête répétés qu’il asséna à son fils furent à n’en pas douter la raison de sa surdité.
Johanna s’est battue pour récupérer la garde son fils. Beethoven a du promettre la lune au Chancelier Metternich pour qu’il intervienne en sa faveur.
Pendant cinq ans, Beethoven s’est évertué à apprendre le piano à Karl. Mais le jeune homme (Marco Hofschneider) manquait cruellement de talent et de passion.
L’artiste devient aigri. Agressif envers tout le monde, y compris Schindler.
Schindler, I always thought you were a bore and an ass but you had your uses. Now you have none, so get out.
Karl fit une tentative de suicide ratée. Ludwig en fut tenu pour responsable. Les gens le moquèrent et le rouèrent de coups.
Après une discussion avec Anne Marie, Schindler comprend finalement que la femme que Beethoven rencontrait régulièrement à Karlsbad n’était autre que… Johanna.
The answer was always in front of you.
Après une relation plus qu’orageuse, Johanna avoue avoir fait la paix avec Beethoven lors de l’hymne à la joie. Une ovation inattendue qui émut l’artiste aux larmes.
I could not hate a man who could write such music.
Johanna a retrouvé Beethoven plus tard, à sa demande, avant qu’il ne passe à la postérité.
The comedy is over.
Celle qu’il a insulté copieusement et feint de mépriser toute sa vie était en fait son amour éternel. À l’époque, elle lui confia être enceinte de lui. Bien sûr, il n’entendit rien. Alors qu’il se rendait à Karlsbad, son carrosse s’est pris dans la boue. Il lui écrivit une lettre qu’elle ne reçut jamais, dans laquelle il la prévenait de son arrivée tardive et lui demandait de l’attendre. Lorsqu’il arriva un jour trop tard, Johanna était déjà partie.
He turned his back on me. He abandoned me. I was never anything to him.
Schindler fait mention de ces lignes qui ne fut jamais lues. Si cette lettre ne rétablit pas le passé (cf Retour vers le Futur), elle eut le mérite d’apporter du réconfort à Johanna qui partit aussitôt se recueillir sur la tombe de l’homme de sa vie.
L’EXPLICATION
Ludwig van B., c’est un rendez-vous manqué.
Le drame de la vie de Beethoven fut de ne jamais avoir rencontré son public.
Sa mort ne fut pas regrettée, en tout cas pas autant que celle de notre Johnny national.
Ah, van Beethoven is dead?
Alas, yes.
Best thing for him. He was a terrible man.
Cet artiste de génie fut l’amoureux d’une musique qu’il n’était pas capable d’entendre.
He carried the music in his heart.
Ses partitions furent hachées.
I can’t hear them, but I know that they are making a hash of it.
On le confondit avec un autre.
Sir you’re rude and offensive. I’m leaving.
Son exigence fut incomprise (cf Whiplash).
You think that because I do not stop you, that I am not listening. The manner in which you thump out the notes without the slightest thought as to their meaning is unforgivable. And your lack of passion is unforgivable. I shall have to beat you.
Ses symphonies sont passées dans l’oreille d’un sourd qui ne l’était pas, en l’occurrence son fils.
He does no work. All he does is scribble incomprehensible phrases.
Un fils dont il hérita sans le savoir et qu’il n’entendit même pas dire lors du procès cette phrase qui l’eut tellement rendu heureux si tout s’était passé autrement.
What I would prefer is that we all live together.
Cet homme fut considéré comme dur alors qu’il était le plus grand des romantiques.
Soon we’ll be together. And what a life it will be. (…) I have to see you. However much you love me, I love you more.
Ses classiques ont été travestis dans de nombreuses publicités honteuses pour promouvoir du chocolat Lanvin ou des voitures (cf 99 francs). Si seulement nous étions capables d’être à la hauteur de sa musique.
What was in my mind when I wrote this? Hmm? A man is trying to reach his lover. His carriage has broken down in the rain. The wheels stuck in the mud. She will only wait so long. This… is the sound of his agitation. « This is how it is… , » the music is saying.
Beethoven passa à côté de sa vie, dans la douleur, tout en laissant au monde une oeuvre grandiose qui inspira jusqu’aux gangs les plus ultra-violents d’Angleterre (cf Orange Mécanique). Son drame a quelque chose de provençal, digne de Pagnol (cf Manon des Sources).
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