PIÈGE DE CRISTAL
John McTiernan, 1988
LE COMMENTAIRE
Les hommes aiment jouer les intrépides pour faire les intéressants. Décoiffés. Avec un peu de sang sur le visage. Bad boys. Un débardeur qui laisse éclater de beaux biceps, symboles d’une force virile qui emporte tout sur son passage. N’occultons pas leur sensibilité néanmoins. Tout kamikaze qu’il est (cf Porco Rosso), il n’y a rien qu’un roi aime autant que de retrouver sa princesse (cf The King), emmitouflé dans une couverture épaisse.
LE PITCH
Mauvais casting lors d’une prise d’otages à Los Angeles.
LE RÉSUMÉ
Le Lieutenant John McClane (Bruce Willis) traverse les États-Unis pour se rendre sur la côte Ouest où il compte bien recoller les morceaux avec Holly (Bonnie Bedelia). Le couple doit se retrouver à la fête de Noël de Nakatomi Corporation où travaille la femme de McClane. Manque de bol, c’est aussi le moment que choisit Hans Gruber (Alan Rickman) et ses soit disant terroristes pour prendre les invités en otages. En réalité, ils veulent surtout prendre les $640M en bons du trésor.
Malheureusement pour les cambrioleurs, McClane est dans la place. Ils vont apprendre à faire connaissance.
Who are you then?
Just a fly in the ointment, Hans. The monkey in the wrench. The pain in the ass.
Pendant que le FBI tente de négocier avec les malfrats (cf Inside Man), McClane prend les choses en mains sur place. Il découvre que Gruber veut feindre la mort de son équipe pour mieux disparaître dans la nature.
Why’d you have to nuke the whole building, Hans?
Well, when you steal $600, you can just disappear. When you steal 600 million, they will find you, unless they think you’re already dead.
Ce fumier de Gruber découvre la relation entre Holly et John. Il essaie d’en profiter pour faire chanter McClane. C’est peine perdue car le lieutenant de police n’a peur de rien et que sa détermination le rend littéralement invincible.
They’re using artillery on us!
You idiot, it’s not the police. It’s him!
Au terme de cette nuit infernale, le couple se retrouve finalement dehors en compagnie du Sergent Powell (Reginald VelJohnson) qui abat Karl (Alexander Godunov), le bras droit de Gruber qui voulait se venger. Un vautour de reporter (cf Night call) cherche à interviewer les McClane. Cette fois, c’est Holly qui s’en occupe.
Il est temps de partir. Les deux amoureux sont escortés par Argyle (De’voreaux White), le chauffeur de limousine qui avait conduit John à la fête.
L’EXPLICATION
Piège de Cristal, ce sont les choses qui rentrent dans l’ordre.
John McClane travaille pour les forces de l’ordre. Ce qui veut dire qu’il se bat pour maintenir le statu quo (cf The Batman), afin que tout soit exactement comme d’habitude (cf Alpha the right to kill). Il est habilité à recadrer les débats quand la situation l’exige.
This time John Wayne does not walk off into the sunset with Grace Kelly.
That was Gary Cooper, asshole.
Pourtant sous ses airs cool, McClane n’est ni plus ni moins qu’un défenseur de la charentaise. La routine coule dans ses veines. Il est le chevalier du train-train du quotidien. Au point qu’il est capable de traverser les Etats-Unis d’Amérique d’Est en Ouest pour que la situation avec sa femme revienne à la normale (cf Welcome).
Come out to the coast, we’ll get together, have a few laughs…
Pas du tout. En réalité, John McClane n’est pas là pour rire mais pour que le monde continue de tourner comme d’habitude.
Dans ce décor de fête de fin d’année corpo, Gruber représente l’inhabituel. Il fait figure de trublion (cf The Dark Knight). Tout d’abord, il est l’Allemand, c’est à dire le méchant presque trop évident. Un nazi sommeille encore en lui, c’est sûr. Ensuite, Gruber vient perturber la fête avec son objectif de prendre le pactole. On ne sait pas pourquoi. Peut-être est-il une sorte de Robin des Bois d’outre-Rhin ?
Toujours est-il qu’il ennuie des centaines d’honnêtes cadres qui ont souffert toute l’année pour pouvoir déguster une petite coupette de champagne entre collègues. Gruber perturbe l’ordre établi.
Tout cela pour quoi ? Pour $640M, et des brouettes ?
Non. Pas ce soir. Cela ne se passera pas comme ça. Pas avec John McClane.
Le caillou dans la chaussure de la soirée va trouver son propre caillou dans la chaussure en la personne du lieutenant.
Who are you then?
Just a fly in the ointment, Hans. The monkey in the wrench. The pain in the ass.
À tous les amoureux de la théorie du chaos (cf Jurassic Park) qui cherchent à semer le néant (cf Neverending story) partout où ils vont, McClane est là pour leur rappeler que cela ne va pas se passer comme ça. Oh que non.
La routine est tenace, avec son humour lourdingue.
Who’s driving this car : Stevie Wonder?
La star c’est John, et les choses doivent rester ainsi. Toujours. C’est lui le patron.
I’ve got a hundred people down here, and they’re covered with glass.
Glass? Who gives a shit about glass? Who the fuck is this?
This is Deputy Chief of Police, Dwayne T. Robinson, and I am in charge of this situation.
Oh, you’re in charge? Well, I got some bad news for you *Dwayne*, from up here it doesn’t look like you’re in charge of jack shit.
C’est sa fête.
Welcome to the party, pal.
John a l’air sympa avec ses cascades mais fondamentalement, il est très pénible. Ses blagues se périment quasi-immédiatement. De temps en temps, quand il y a des braquages, on s’amuse bien avec ce McGyver.
Mais en réalité, on s’ennuie ferme au quotidien en sa compagnie.
Only John can drive somebody that crazy.
Sa philosophie binaire devient très vite barbante. Il a un côté blanc ou noir assez basique.
Now, you listen to me, jerk-off, if you’re not a part of the solution, you’re a part of the problem.
Au moins, il y en a une qui en profite. Holly va très bien avec John puisqu’elle frappe le journaliste qui voudrait les faire sortir de leur ordinaire. Elle aime que tout soit bien droit. La vie qui ne déborde pas. On ne fait pas de vague chez les McClane. On fout un beau bazar dans un immeuble pour ne pas mourir.
Une fois que c’est fini, on fait le ménage.
Puis on s’en retourne à la maison tranquillement, pour se coucher – avant 22h si possible. Demain il faut retourner au charbon (cf Germinal).
3 commentaires