1922
Zak Hilditch, 2017
LE COMMENTAIRE
Les hommes regardent parfois à l’horizon, quand ils sont philosophes (cf At Eternity’s Gate). Pensifs face à l’infini, ils prennent conscience de leur existence au monde en tant que grain de sable dans l’océan, ou de goutte d’eau dans le désert. Au choix (cf Matrix). Les hommes regardent aussi parfois dans le vague, quand ils sont bêtes. Parce que les hommes peuvent être aussi de sombres idiots. Tout simplement.
LE PITCH
Après avoir tué sa femme, un homme est hanté par la culpabilité (cf Elle l’adore).
LE RÉSUMÉ
Wilfred James (Thomas Jane) est un modeste agriculteur du Nebraska des années 20. Pas vraiment dans le délire Charleston. Il se dispute avec sa femme (Molly Parker) au sujet de leur propriété car Arlette veut vendre et il n’est pas d’accord. Arlette a des envies d’Omaha. Ce qui n’est pas le cas de Wilfred. Elle aimerait encaisser le cash money. Lui ne s’imagine pas se séparer de sa terre.
In 1922, a man’s pride was a man’s land.
Incapable de trouver un terrain d’accord, Wilfred pense à l’impensable.
I believe there’s another man inside every man.
Il finit par convaincre son fils Henry (Dylan Schmid) de l’aider à assassiner Arlette. Il se trouve que la mère était contre le flirt de son fils pour Shannon (Kaitlyn Bernard), leur jeune voisine. L’affaire est entendue. Les deux hommes saoulent Arlette et profitent de son sommeil pour lui trancher la gorge.
La dépouille est jetée dans le puisard où elle se fait dévorer par les rats.
Pour couvrir le cadavre, Wilfred a l’idée de génie de faire tomber une vache dans le puits. Ainsi on ne risque pas de retrouver le corps. Le Sheriff Jones (Brian d’Arcy James) leur rend toutefois visite afin d’enquêter sur la soudaine disparition d’Arlette.
Après une bonne récolte en trompe l’oeil, le sort va s’acharner sur Wilfred. Il commence à voir des rats partout. Puis il se dispute avec son fils qui engrosse Shannon.
I got no money to give you a start.
Elle est envoyée dans une institution où l’enfant lui sera enlevé. Henry désobéit à son père pour retrouver Shannon. Tous les deux vont vivre une vie de Bonnie & Clyde sous le pseudonyme des Sweetheart Bandits jusqu’à se faire prendre.
In the end, we all get caught.
Wilfred sombre dans l’alcool et perd sa main droite après s’être fait mordre par un rat. Finalement, il doit vendre ses biens pour une somme modique. Il finit comme ouvrier à la chaîne (cf Les Temps Modernes), à Omaha. Malgré sa confession, il voit toujours des rats partout. Les fantômes d’Arlette, Henry et Shannon le retrouve sans sa chambre d’hôtel pour mettre fin à son calvaire. Pas si rancuniers finalement.
L’EXPLICATION
1922, c’est la malédiction associée au féminicide.
Wilfred est une figure du patriarcat (cf Les dents de la mer 2), dans toute sa splendeur. Un homme ancré dans ses convictions et qui ne veut surtout pas en démordre, sous peine de perdre la face. Ce qui est simplement inimaginable. Alors il reste où il est, tel un chêne.
This is our house, this is where we belong.
Ce cul terreux déteste la ville pour tout ce qu’elle représente, c’est à dire tout ce qu’il n’est pas : Bouillonnante, inspirante, érudite. Autant dire que pour cet homme, la ville est un nid d’imbéciles.
Cities are for fools.
Il vit dans un trou perdu au fin fond du Nebraska, qui n’est pas l’état le plus développé des Etats-Unis. Ses voisins sont également un bel exemple de modèle patriarcal où le mari décide. Au sein de ce couple, la femme est remarquablement obéissante. Elle rivalise sans doute avec le chien dans le rôle du meilleur ami de l’homme.
Whatever you think it’s best dear.
Malheureusement pour Wilfred, ce n’est pas le cas d’Arlette qui n’a pas la langue dans sa poche (cf 20th century women) : une femme de caractère, en avance sur son temps. Une femme qui ne vit sans doute pas au bon endroit, ni à la bonne époque. Pour la maîtrise de la natalité. Avec un peu d’ambition et des envies d’ailleurs – ce qui n’était certainement pas une option en 1922. Arlette va le payer de sa vie, assassinée par un mari dont on connait désormais les idées.
In those days, a man’s wife was considered a man’s business.
Après ce crime, Wilfred couvre son méfait comme si personne n’allait le remarquer. Il est vrai qu’en 1922, on pouvait accepter l’idée qu’une femme puisse partir sans laisser de trace, comme ça sur un coup de tête. Les hommes mènent l’enquête, un peu rapidement (cf La Nuit du 12).
On pense qu’une vie tranquille peut s’offrir à lui, débarrassé de cette empêcheuse de tourner en rond. De cette emmerdeuse. Puis les soucis commencent à s’accumuler parce que les hommes qui tuent des femmes ont quand même un petit sens de la culpabilité qui traine dans le coin de leur tête.
S’il n’est pas rattrapé par la justice, Wilfred va se faire rattraper par sa conscience – quand même justement traumatisé par l’image d’Arlette avec un rat dans la bouche.
La disparition de sa femme va lui faire prendre toutes les mauvaises décisions concernant sa propriété, puis son fils qu’il finit par perdre également. Le sort s’acharne contre lui.
Alors en bon pervers narcissique, Wilfred se fait passer pour une victime.
What choice did I have?
Une fois dans la panade, il refuse de prendre ses responsabilités. Accuse la malchance.
En fait, il ne peut plus trouver de répit, peu importe où il aille. Le fantôme d’Arlette le poursuit. Partout, il entend des rats qui grignotent ses vaches ou qui lui mange la main. Il a beau fuir en ville, où il cauchemardait de finir. Rien n’y fait.
Whenever I try to busy myself with work, to keep out the thoughts, they’d find me.
Quand finalement, il rédige sa confession pour que son âme trouve la paix, il est trop tard. Il ne faudrait pas croire qu’on puisse tuer des femmes comme ça, impunément. Non monsieur! Wilfred doit passer à la caisse pour son méfait.
On ne peut qu’imaginer le calvaire moral que doit vivre Bertrand Cantat au quotidien.
C’est quoi cette explication pourrie par un féminisme exagéré ? Je suis venue pour comprendre mieux le film et ce que je lis c’est « feminicide », « patriarcat » bla-bla-bla … on est en 1920 pas besoin de rappeler le contexte!
Bref très déçue.
Merci Caroline pour votre commentaire. Puisque vous trouvez que le parallèle avec le féminisme est exagéré ou hors-sujet, auriez vous la courtoisie de partager votre interprétation de 1922 ?