FORREST GUMP
Robert Zemeckis, 1994
LE COMMENTAIRE
Qu’est-ce que la vie serait plus simple si elle ressemblait à une partie de tennis de table… Un adversaire en face de soi avec du répondant. Une belle débauche d’énergie. Des enchainements coups droit et revers, dans une mouvance topspin. Tout semblerait si machinal. Réglé comme du papier à musique.
LE PITCH
Un homme simple raconte sa vie riche.
LE RÉSUMÉ
Une plume atterrit au pied du simplet Forrest Gump (Tom Hanks), assis à un arrêt de bus et qui se remémore les événements qui ont marqué son incroyable vie.
Son amitié avec Jenny (Robin Wright) née en Alabama dans les années 50. Sa rencontre inopinée avec Elvis Presley dont il va inspirer la fameuse danse grâce à ses orthèses de jambes qui l’empêchent de marcher correctement.
En voulant échapper à d’autres garçons qui le tyrannisent, Forrest réalise qu’il est très rapide ce qui lui vaut une bourse pour rentrer à l’Université d’Alabama, malgré son QI déficient, et de devenir un running back populaire au point de serrer la main du président JFK.
Son diplôme en poche, Forrest s’engage dans les Marines, direction le Vietnam. Il sauve la vie (pas les jambes) du Lieutenant Dan Taylor (Gary Sinise), ce qui lui vaut une médaille d’honneur. À son retour, il se découvre un talent pour le ping-pong et part en Chine défier les maîtres lors de rencontres diplomatiques.
Lors d’un discours contre la guerre devant le Capitole à Washington, Forrest retrouve Jenny qui est devenue hippie.
Avec l’argent collecté grâce à la fabrication de raquettes de ping pong, il lance une business de crevettes, honorant ainsi la promesse qu’il avait faite à son ami Bubba (Mykelti Williamson). Le Lieutenant Dan lui avait également promis qu’il le rejoindrait au cas où il lancerait son affaire. Les deux collaborateurs profitent de l’ouragan Carmen pour écraser la concurrence et faire fortune. Dan réinvestit leurs profits dans une compagnie informatique du nom de Apple. Forrest n’a plus de souci (d’argent) à se faire.
À la fin des années 70, Jenny revient vivre avec Forrest. Après une aventure furtive, elle le quitte et lui brise le coeur au passage. Forrest décide de se mettre à courir sans s’arrêter. Il parcourt le pays et devient une sorte de guru puis rentre à la maison.
I’m pretty tired, I think I’ll go home now.
Jenny l’y attend avec son fils, Junior (Haley Joel Osment) qui ne présente aucune déficience mentale. Elle va les abandonner à nouveau, emportée par un mystérieux virus.
C’est l’heure du ramassage scolaire. Forrest Junior prend le bus pour l’école. Une plume à proximité du pied de son père redécolle vers le ciel.
L’EXPLICATION
Forrest Gump, c’est l’apologie de la légèreté.
Forrest est simple d’esprit, voire autiste (cf Rain Man), pas un imbécile (cf Idiocracy). Bien conscient du monde qui l’entoure. Romantique par moments.
You know it’s funny what a young man recollects? ‘Cause I don’t remember bein’ born. I don’t recall what I got for my first Christmas and I don’t know when I went on my first outdoor picnic. But I do remember the first time I heard the sweetest voice in the wide world.
Forrest prend la vie comme elle vient, comme lui a enseigné sa mère. Car pour lui, il n’y a pas d’autre option.
My momma always said, « Life was like a box of chocolates. You never know what you’re gonna get. »
On ne sait pas ce qui nous attend. Ne pas se poser de question et écouter ses envies. Forrest est un gourmand. Il avance, malgré son retard. Chocolat après chocolat.
Il ne se réfugie pas dans la religion pour trouver des réponses pralinées.
Have you found Jesus yet, Gump?
I didn’t know I was supposed to be looking for him, sir.
Sa mère lui a permis de comprendre que son destin n’appartient à personne d’autre qu’à lui-même.
What’s my destiny, Mama?
You’re gonna have to figure that out for yourself.
Il en a hérité une forme de pragmatisme qui va lui donner une force incroyable.
Do you ever dream, Forrest, about who you’re gonna be?
Who I’m gonna be?
Yeah.
Aren’t-aren’t I going to be me?
Certains se donnent des objectifs et parcourent un long chemin afin de les atteindre. Forrest, au contraire, se laisse porter comme une plume par le vent. Ce qui va l’amener encore plus loin.
Jenny, I don’t know if Momma was right or if, if it’s Lieutenant Dan. I don’t know if we each have a destiny, or if we’re all just floating around accidental-like on a breeze, but I, I think maybe it’s both. Maybe both is happening at the same time.
Sans le vouloir, Forrest va ainsi croiser la route de nombreuses célébrités. Il va même rencontrer mieux : le succès et surtout l’amour. Qui l’aurait cru? Il aura eu une vie bien remplie et Jenny lui a offert un fils pour que l’histoire continue. Forrest est l’homme qui défie les conventions, un peu comme Vincent (cf Gattaca), plutôt par naïveté que par détermination. Forrest est celui grâce à qui le Lieutenant Dan va envisager la vie différemment.
We all have a destiny: nothing just happens, it’s all part of a plan.
Le destin du Lieutenant était de mourir au combat, pas de finir cul-de-jatte. La vie capricieuse en a décidé autrement. C’est pour ça qu’il est préférable de se laisser porter. Le Lieutenant Dan refuse cette nouvelle réalité et devient un homme du ressentiment. Se braque. Refuse. L’amertume le ronge (cf Né un 4 juillet).
Jusqu’à ce qu’il embarque à bord du bateau de Forrest duquel il va sauter pour se laisser enfin dériver. Et cela va conduire ce vétéran de la guerre du Vietnam à la réconciliation qui se traduit par la fortune, des prothèses de jambes et un mariage avec une Asiatique. Le monde à l’envers. Il peut remercier Forrest.
I never thanked you for saving my life.
Il n’est jamais trop tard pour ouvrir les yeux (cf Eyes Wide Shut).
Tu as tout dit ! Le film est une ode à la vie et à sa simplicité. Là ou la plupart des gens se compliquent les choses, les simplets, eux, prennent la vie comme elle vient sans se poser trop de questions… Et à leur contact, on découvre que la vie est aussi légère qu’une plume ! Heureux sont les simples d’esprit !
PS: bel hommage à la culture pop des années 60-70 en passant 🙂
Merci Alex. Comme le dit Cypher dans Matrix : « les ignorants sont bénis »