A BEAUTIFUL DAY

A BEAUTIFUL DAY

Lynne Ramsay, 2017

LE COMMENTAIRE

L’habit ne fait pas le moine (cf Angels and Demons). Nos sauveurs ne ressemblent pas toujours à ceux que l’on pense : de grands et costauds pompiers comme The Rock (cf San Andreas) ou bien de beaux jeunes hommes avec une cape et un gros S sur le torse. Parfois nos sauveurs sont des petits gros, avec une barbe hirsute et ils sentent bon la sueur.

LE PITCH

Un homme essaie de sauver son âme en sauvant des enfants.

LE RÉSUMÉ

Joe (Joaquin Phoenix) est un ancien soldat qui a vu quelques horreurs sur le champ de bataille. C’est également un ancien agent du FBI qui a vu des choses qu’il n’aurait pas du voir (cf Indiana Jones). On peut rajouter à cela la violence que lui a infligé son père. Ça fait beaucoup. Désormais reconverti comme tueur à gage, il occupe son temps à s’occuper de sa vieille mère (Judith Roberts) qui vit à New York entre deux missions. Ce qui ne l’aide pas à chasser ses pensées suicidaires.

Joe accepte un nouveau job de son employeur John McCleary (John Doman). Il s’agit de retrouver la fille du sénateur Albert Votto (Alex Manette) qui s’est faite kidnapper. McCleary a besoin de quelqu’un qui peut agir vite, bien, discrètement et violemment si besoin.

McCleary said you were brutal.

…I can be.

Joe se rend dans un hotel particulier, neutralise la sécurité à coups de marteau et sauve Nina (Ekaterina Samsonov) qui était sur le point d’être revendue dans le cadre d’un traffic d’enfants. De retour à sa chambre d’hôtel, Joe découvre sur son écran de TV que le sénateur s’est suicidé. Deux officiers de police l’agresse et kidnappe Nina à nouveau. Joe parvient à s’échapper.

McCleary a été assassiné, ainsi que Angel (Frank Pando) son intermédiaire et son fils. Ceux qui en ont après Joe sont haut placés. Ils travaillent pour le compte du Gouverneur Williams (Alessandro Nivola) dont Nina se trouve être la favorite.

À New York, Joe a le malheur de découvrir que des hommes du gouvernement ont également assassiné sa mère. Il vit la malédiction de Benoit Patard (cf C’est arrivé près de chez vous). Les meurtriers sont encore à son domicile. Il les tue sauvagement.

Résolu à en finir, il laisse la dépouille de sa mère couler dans un lac en lui lestant les poches. Joe compte bien l’accompagner sous l’eau vers l’au-delà. Puis il est pris d’une vision de Nina. Tout comme il n’arrive jamais à se suicider avec un sac en plastique, il ne va pas réussir à se noyer. Pas encore en tout cas. Il remonte à la surface bien décidé à sauver la petite fille des griffes de ce monstre (cf Split).

Chez Williams, il découvre le Gouverneur avec la gorge tranchée. Nina est à table, apaisée, un rasoir à la main. Tous les deux vont prendre un petit déjeuner dans un diner. Pendant que Nina va aux toilettes, Joe s’imagine se mettre une balle dans la tête. Au retour de la fillette, il se réveille. La vie continue.

Joe, wake up. It’s a beautiful day.

YWNRH

L’EXPLICATION

A beautiful day, c’est un bon samaritain qui va pouvoir s’occuper de lui-même.

Joe a baigné dans la violence depuis qu’il est tout petit. Il n’a connu que ça. Émotionnellement il n’est pas en ruines car il n’a jamais pu se construire autrement. Son père cognait dur et sa mère subissait le même traitement. Il s’agit donc de quelqu’un qui est là sans l’être (cf The Barber), déjà mort à l’intérieur, ou qui préférerait peut-être ne pas être là et qui n’arrive pas à disparaître.

Comme si la vie n’était qu’une longue et douloureuse agonie. Ce serait plus facile de faire semblant de ne pas voir l’envers du monde avec toutes les horreurs que cela suppose : des hommes politiques pédophiles, capables des pires cruautés. On préférerait sûrement garder les yeux fermés et ne pas savoir tout ça. Joe est comme Travis (cf Taxi Driver). Il navigue en eaux troubles. À l’opposé de Forrest Gump. La vie ne ressemble pas à une boîte de chocolats mais plutôt à des marrons qu’on se prend dans la tête.

C’est malheureusement la réalité de Joe. La violence est omniprésente. Partout où il est passé, il a reproduit les mêmes schémas : d’abord chez les marines, puis ensuite au FBI. Qu’est-ce qui l’empêchait de se reconvertir comme fleuriste ? A priori rien en dehors du fait qu’il ne sait faire que tuer. Alors c’est logiquement qu’il est devenu Léon, cherchant malgré tout une Mathilda qui puisse l’aider à trouver la paix.

If she’s there, I’ll get her back.

Il cherche la paix en essayant de voler au secours de ces enfants, victimes de la folie des grands qui avait scandalisé Patrick Bruel à l’époque dans une tribune émouvante. Joe aimerait peut-être devenir Yves Duteil ? Il fait avec les moyens du bord. Il essaie sans y parvenir.

Quand il sauve un·e enfant, il y’en a toujours un·e autre à sauver. Et lorsqu’il délivre Nina, il y a toujours des gros bras pour lui reprendre l’innocence des mains – sans jamais le tuer bien sûr.

C’est sa punition. Le serpent se mord la queue (cf Mission 88). Bien qu’il tente de faire le bien autour de lui, il ne peut pas se débarrasser de ses pulsions de mort (cf Mesrine).

Nina va lui apprendre autre chose. Elle va lui montrer qu’elle peut se débrouiller par elle même pour venir à bout de son ravisseur. Pascal le grand frère ne lui serait d’aucune utilité. Trancher la gorge d’un pédophile n’est pas si compliqué finalement, même quand on a dix ans.

Ce qui va, on l’espère, permettre à Joe de vivre différemment. Le passé est derrière lui ou sur son corps comme des cicatrices. Son employeur est mort. Sa mission est terminée car Nina sait se débrouiller toute seule. Elle n’a pas besoin de Joe.

La vie est belle. Il est temps pour Joe de s’occuper un peu de lui.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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