MA VIE AVEC LIBERACE

MA VIE AVEC LIBERACE

Steven Soderbergh, 2013

LE COMMENTAIRE

L’homophobie génère du mépris, voire de la haine, envers l’homosexualité qu’elle estime être anormale. C’est une grossière erreur. Les couples gays sont tout ce qu’il y a de plus normaux. En dehors de quelques pratiques sexuelles répréhensibles au yeux de la religion, leur vie est très ordinaire dans les montagnes (cf Brokeback Mountain). Derrière une exubérance de façade, on trouve des sentiments profonds, partagés avec beaucoup de pudeur et de discrétion.

LE PITCH

Un pianiste virtuose de Las Vegas se trouve un nouveau petit protégé.

LE RÉSUMÉ

Scott Thorson (Matt Damon) fait la rencontre de Bob Black (Scott Bakula) dans un bar de Los Angeles. C’est par son intermédiaire qu’il va faire la connaissance charmante du pianiste Liberace (Michael Douglas) qui se produit à Las Vegas.

Dans sa loge, le partenaire de Liberace, Billy Leatherwood (Cheyenne Jackson) a le visage fermé. Et pour cause, il va être remplacé par Scott bombardé nouvel assistant de la star.

Les deux amants semblent avoir une complicité unique. Le majordome n’est pas dupe.

He got rid of all of them.

Liberace suggère à Scott de procéder à une opération de chirurgie esthétique afin qu’il lui ressemble davantage. Étrange.

I guess I should be flattered him wanting me to look like him.

Encore plus étrange, la star a dans l’idée d’adopter Scott! Tout doit rester secret, évidemment.

Le Dr. Jack Startz (Rob Lowe) rentre en scène. Il lui fournit des drogues pour perdre du poids et le charcute.

Scott est totalement sous dépendance. La relation se délite après une visite dans un peep show. Les deux amants font le test de l’union libre qui ne tardera pas à donner lui à une séparation, assortie de poursuites judiciaires.

Scott s’en tire avec quelques milliers de dollars, une poignée de voitures, et beaucoup d’amertume.

This is all you’re getting. Sign it.

You know I called Billy Leatherwood, he got more.

Quelques années plus tard, Liberace l’appelle pour lui avouer qu’il fut celui qui lui donna le plus de plaisir.

Il meurt du SIDA en 1986. Lors de l’enterrement, Scott imagine la cérémonie comme un spectacle de celui qui fut l’amour de sa vie.

Why do I love you? I love you not only for what you are. But for what I am when I’m with you. I love you not only for what you have made of yourself but for what you’re making of me, I love you for ignoring the possibilities of the fool in me. And for accepting the possibilities of the good in me.

L’EXPLICATION

Ma vie avec Liberace, c’est comme un ouragan la tempête en moi.

Scott est un provincial un peu naïf qui aime bien les chiens et rêve de devenir vétérinaire. Il s’épanouit dans la nature. Sa vie est simple. Las Vegas et ses casinos sont tout simplement trop grands pour lui.

Il va connaître la trajectoire classique des fans qui, de fil en aiguille, finissent dans la loge de leur artiste favori on ne sait pas trop comment (cf Almost Famous), puis qui passent à la machine à laver. Scott est une sorte de surfer novice qui va se prendre un beau rouleau (cf Point Break).

Car Liberace est un phénomène, un vieux de la vieille qui en a vu d’autres. Son ego est démesuré.

My talent comes from God. (…) I built this name.

Sa solitude est absolue.

No matter how many people around I’m all by myself.

Lorsqu’il dit à Scott qu’il a besoin d’un compagnon, il ne lui ment pas. Le problème est que Scott est un compagnon parmi tant d’autres. Le nouveau prétendant remplace littéralement Billy Leatherwood avec la fierté de celui qui pense qu’il peut faire mieux. Forcément différent. L’élu (cf Matrix).

Scott s’aventure dans cette histoire avec la naïveté qu’on lui connait. Il se veut rassurant auprès de son entourage.

My eyes are opened.

Il n’a en réalité aucune idée de l’enfer qui l’attend.

En emménageant chez le pianiste, il rentre dans un cycle programmé à l’avance et dont il ne peut ressortir que rincé, tel un fan prenant l’ouragan du show bizz en pleine figure et sans casque.

D’abord la lune de miel. La brise est bonne. Scott boit les belles paroles de Liberace.

What’s important is to be yourself.

Certes.

Puis le piège se referme doucement. Après les bijoux, les voitures, les costumes, les promesses, surgit la mauvaise humeur.

Puis après les rires, viennent les caprices.

Scott doit renoncer à son identité pour ressembler physiquement à celui qui veut devenir son père adoptif – après l’avoir pourtant sodomisé des nuits entières.

Scott est amoureux. Il accepte. C’est le tourbillon.

Les drogues le rendent paranoïaque.

They all hate me.

Le quotidien d’un couple s’accommode en général assez mal des tentations de Las Vegas (cf Very Bad Trip). Il en faut toujours plus à Liberace. Scott ne le suffit plus. Il se rend dans les lieux de débauche (cf Irréversible).

La vie de l’artiste est à son image : extravagante, et totalement dissolue. Scott essaie de le prévenir.

Are you out of your fucking mind?? You can’t have it all!

Cet avertissement sonne la fin du couple qui se sépare. Liberace retrouve un petit jeune en la personne de Cary James (Boyd Holbrook) à qui il fait faire la visite de ses appartements, comme il l’avait fait avec Scott à l’époque.

Un cycle se referme, un nouveau s’ouvre. Et c’est toujours la même chose.

Bonjour, bonsoir. Circulez, y’a rien à voir!

Liberace mastique les hommes puis les recrache.

Please don’t start an argument. I have to eat and take a nap before my next show, I have no time.

Pour Liberace, Scott aura été peut-être un peu plus qu’un marin de passage. Surtout si l’on en croit sa déclaration émouvante sur son canapé de mort.

Liberace, quant à lui, fut plus qu’un voyage pour Scott.

He’s my whole world.

Une source de joies et de souffrances indescriptibles.

La passion avec tout ce qu’elle compte de hauts et de bas.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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