TROIS AMIGOS !

TROIS AMIGOS !

John Landis, 1986

LE COMMENTAIRE

La différence entre les héros sur grand écran et les zéros du quotidien est assez ténue tant les uns peuvent influencer les autres, et réciproquement. Tout va si vite dans le monde d’aujourd’hui… Un jeu de regard peut rentrer dans la légende pour toujours (cf Le bon la brute et le truand). Tout comme un vilain mouvement de hanches peut terminer en macarena.

LE PITCH

Trois héros de cinéma deviennent trois héros tout court.

LE RÉSUMÉ

Un criminel du nom de El Guapo (Alfonso Arau) sème la terreur dans le Mexique du début du XXe siècle. Carmen (Patrice Martinez) est à court de solution pour protéger le village jusqu’à ce qu’elle voit un film muet en noir et blanc représentant trois justiciers (cf The Artist). Les trois amigos volent au secours des opprimé·es.

Il n’en faut pas plus à Carmen pour leur écrire un télégramme afin de demander leur aide. Malheureusement, elle n’a pas assez d’argent, le texte tronqué prête à confusion.

« Three Amigos, Hollywood, California. You are very great. 100,000 pesos. Come to Santa Poco put on show, stop. The In-famous El Guapo. »

En effet, Lucky Day (Steve Martin), Dusty Bottoms (Chevy Chase) et Ned Nederlander (Martin Short) sont dans la dèche. Virés sèchement par leur producteur (Joe Mantegna). Ils reçoivent le message de Carmen comme une aubaine.

What does that mean, in-famous?

Oh, Dusty. In-famous is when you’re MORE than famous. This man El Guapo, he’s not just famous, he’s IN-famous.

100,000 pesos to perform with this El Guapo, who’s probably the biggest actor to come out of Mexico!

Les trois compères débarquent comme des princes dans le village de Santo Poco. Ils font illusion suite à un quiproquo qui fait fuir les hommes de mains de El Guapo.

You dirt-eating piece of slime, you scum-sucking pig, you son of a motherless goat!

Lorsque le chef débarque, c’est une toute autre histoire. Lucky Day prend une balle et comprend ce qui se trame.

Oh great! Real bullets! You’re in a lot of troubles mister!

Très vite, c’est la panique.

What are we gonna do??

We’re not gonna get paid that’s for sure!

Les trois amigos se dérobent. El Guapo s’empare de Carmen. Après quoi les trois hommes reviennent au village la queue basse. C’est le temps de la honte.

We’re not gun fighters, we’re movie stars…

Cependant Ned Nederlander n’entend pas s’en aller.

Back there there the three amigos are already dead, here we can be the three amigos for real. I’m drawing a line. Men or mice?

Les trois amigos vont affronter l’ennemi avec beaucoup de courage. Suffisamment pour inspirer les villageois qui se déguisent comme les amigos (cf V for Vendetta). Leur union vient à bout des gangsters. El Guapo est vaincu.

Les habitants donnent tout ce qu’ils ont aux amigos. Après une seconde d’hésitation, Ned Nederlander refuse, dans un élan de générosité.

Our reward is that justice has been done!

Lucky Day enchaîne.

In a way, all of us has an El Guapo to face. For some, shyness might be their El Guapo, for others, a lack of education might be their El Guapo, for us, El Guapo is a big, dangerous man who wants to kill us. But as sure as my name is Lucky Day, the people of Santa Poco can conquer their own personal El Guapo, who also happens to be *the actual* El Guapo!

Et les trois amis de conclure fièrement :

Wherever there is injustice, you will find us, wherever there is suffering, we’ll be there, wherever liberty is threatened, you will find… The Three Amigos!

Avant de s’en aller dans le désert.

L’EXPLICATION

Trois amigos, ce sont des imposteurs qui n’en sont pas.

Les trois mousquetaires se posaient-ils des questions sur leur légitimité ? Se remettaient-ils en question parfois ? Pensaient-ils être au niveau ? Batman est connu pour se taper quelques mauvais délires du fin fond de sa cave (cf The Dark Knight). Il reste néanmoins une exception. Les super-héros, trop engagés dans leur lutte contre le mal, n’ont en général que peu de temps pour s’interroger sur leur condition (cf Avengers).

Tout le contraire de nous autres, les sans grades, régulièrement victimes du syndrome de l’imposteur. Un sentiment de doute maladif qui nous conduit à croire que nous ne méritons rien de ce qui nous arrive de bien. Ce syndrome peut être sérieusement handicapant. Alors que le plus souvent, il n’est même pas fondé.

Seuls les moins réalistes ne se rendent pas compte qu’ils sont effectivement des imposteurs, comme les trois amigos qui confondent la réalité avec l’un de leur film (cf Le Prestige). Ils se permettent de parler à leur producteur comme à un chien.

What we’re talking about is money, real money, Amigo money. No dough, no show.

Ils débarquent à Santo Poco en terrain conquis.

Do you have anything here besides Mexican food?

À force de constamment regarder plus haut, leurs pieds ne touchent plus terre. Hors-sol. On peut affirmer que toute leur vie n’est finalement qu’une vulgaire méprise (cf L’homme qui en savait trop peu).

Ils vont se prendre le mur du réel avec violence.

… This is real.

Cette expérience mexicaine s’avère salutaire car elle permet à ces trois baltringues de prouver qu’ils valent mieux que cela.

Well, we’re just gonna have to use our brains.

Plus que de sauver le monde à eux-seuls, les trois amigos vont faire mieux : ils vont inspirer les autres (cf La vie des autres).

Après avoir compris qu’ils n’étaient que des liliputiens, les amigos vont trouver une manière de venir à bout de Gulliver. Ils prennent leur courage à six mains pour permettre aux villageois de reprendre le pouvoir.

We want to defend ourselves, but how?

By using the skills and the talents of the people of Santa Poco. This is not a town of weaklings.

C’est l’histoire de trois narcisses qui font l’expérience de l’inscience. Ce qui leur permet d’ouvrir les yeux sur le monde et de venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin. Non pas en faisant justice à leur place, mais en les aidant à se libérer eux-mêmes du joug de leur tyran. Face au tyran, nous sommes tous des amigos.

Trois porteurs de la bonne parole de la Boétie au Mexique : Soyez résolus de ne servir plus et vous voilà libres.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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