LA VIE DES AUTRES

LA VIE DES AUTRES

Florian Henckel von Donnersmarck, 2007

LE COMMENTAIRE

Après avoir tant critiqué les régimes totalitaires Soviétique, Est-Allemand ou encore Chinois, quelle ne serait pas notre angoisse de découvrir que le moindre de nos faits et gestes était également consigné dans le cloud… (cf The Social Dilemma) ?

LE PITCH

La plume de l’écrivain est plus forte que l’oreillette de la police secrète (cf Docteur Zhivago).

LE RÉSUMÉ

Le Capitaine de la Stasi, Gerd Wiesler (Ulrich Mühe), nom de code HGW XX/7 enseigne l’espionnage à l’Université. Ses techniques sont infaillibles.

An innocent prisoner will become more angry by the hour due to the injustice suffered. He will shout and rage. A guilty prisoner becomes more calm and quiet. Or he cries. He knows he’s there for a reason. The best way to establish guilt or innocence is non-stop interrogation.

Il est chargé d’enquêter sur les agissements du dramaturge Georg Dreyman (Sebastian Koch) sur ordre du Ministre de la Culture Bruno Hempf (Thomas Thieme) qui se méfie du caractère dissident de l’artiste et veut lui piquer son amoureuse Christa-Maria Sieland (Martina Gedeck). Le lieutenant-colonel Grubitz (Ulrich Tukur) a tout intérêt à ce que cette mission soit un succès. Wiesler se met au travail.

Il s’attache rapidement au couple. L’une de ses interventions permet à Dreyman de comprendre que Sieland fréquente Hempf. Il essaie de la dissuader.

You are a great artist. I know that, and your audience knows it, too. You don’t need him, you don’t need him. Stay here. Don’t go to him. 

Wiesler couvre secrètement Dreyman qui écrit des articles controversés pour le Spiegel.

Sieland est finalement arrêtée puis interrogée par la Stasi. Épuisée et sous le chantage, elle dénonce son compagnon. Wiesler arrive juste à temps pour protéger une nouvelle fois Dreyman sans pouvoir empêcher Sieland de se suicider. Grubitz n’est pas bête. Il comprend ce qui se passe et rétrograde aussitôt Wiesler au service de contrôle du courrier.

Après la chute du mur, Dreyman revoit Hempf qui lui révèle que son appartement était sur écoute. La RDA était au courant de tous ses faits et gestes.

We knew everything.

Dreyman consulte son dossier et constate qu’il a été protégé à plusieurs reprises par le mystérieux agent HGW XX/7 dont il retrouve la trace. Wiesler est à présent livreur de prospectus. Dreyman préfère ne pas le contacter. Il va faire mieux en lui dédiant son nouveau ouvrage Sonate vom Guten Menschen. 

Wiesler, ému, s’offre le livre.

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L’EXPLICATION

La Vie des Autres, c’est le salut qui vient du peuple.

Wiesler n’est pas un monstre, il est monsieur tout le monde. Un bon soldat qui ne réfléchit pas, totalement dévoué à son régime. Sa vie est monotone (cf Le Grand Blond avec une Chaussure Noire). Il a néanmoins une sensibilité qui va se révéler au contact de Dreyman, le romantique.

You know what Lenin said about Beethoven’s Appassionata, ‘If I keep listening to it, I won’t finish the revolution.’ Can anyone who has heard this music, I mean truly heard it, really be a bad person?

Comme rien n’arrive par hasard, cette mission coïncide avec une brève discussion que Wiesler a eu avec le fils de ses voisins.

Are you really with the Stasi?

Do you even know what the Stasi is?

Yes. They’re bad men who put people in prison, says my dad.

I see. What is the name of your…

Cette conversation de rien montre que Wiesler a des mauvais réflexes. Elle lui sert d’électrochoc. Il réalise qui il est. Sa vie insignifiante et son métier qui est de traquer pour étouffer, vont soudain prendre de belles couleurs. La vie va changer.

À travers les disputes du couple Dreyman-Sieland, Wiesler, va d’abord s’interroger sur ce régime qu’on accepte parce qu’on n’a pas d’alternative. Ce régime, on ne le questionne pas. On en dépend.

Don’t I need this whole system? What about you? Then you don’t need it either, or need it even less. But you get in bed with them, too. Why do you do it? Because they can destroy you too, despite your talent and your faith, because they decide what we play, who is to act, and who can direct.

Puis Wiesler arrête d’espionner pour dénoncer et commencer à écouter pour impacter. Même s’il est transparent, derrière son miroir sans teint, il peut avoir une influence sur la vie des autres. Il prend même le risque de sortir de l’ombre pour aller à la rencontre de Sieland et partager son opinion, ce qui est répréhensible à l’époque.

Do we know each other?

You don’t know me, but I know you.

[…]

So you know her well, this Christa-Maria Sieland. What do you think – would she hurt someone who loves her above all else? Would she sell herself for art?

For art? You already have art. That’d be a bad deal. You are a great artist. Don’t you know that?

And you are a good man.

Le fait est que l’espionnage s’est généralisé. Il est toléré. Google espionne nos déplacements. Amazon nous espionne à la maison. Les réseaux sociaux ont nourri notre tendance au voyeurisme, même plus besoin de se donner du mal. Nous passons aujourd’hui le plus clair de notre temps à espionner les autres sous prétexte qu’ils n’ont pas fermé à clé la porte de leur compte.

Wiesler est pourtant la preuve que si l’on aide les autres plutôt que de colporter des ragots, on peut changer le monde. Certes Wiesler, seul, ne peut pas renverser le régime. Malgré tout, il peut apporter sa contribution. Il est le second rôle essentiel.

Wiesler est l’homme du peuple qu’on dénonce car il suit les yeux fermés. Il est celui au nom duquel les dictateurs gouvernent. Le peuple, pour peu qu’on souffle sur ses braises, est aussi celui qui peut contribuer à renverser Hempf. Nous avons besoin d’un peuple qui ouvre les yeux, se reprend en main, inspiré en cela par des artistes qui arrêtent de s’isoler dans leurs petits cercles trop fermés.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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