PETER PAN

PETER PAN

Clyde Geronimi, Wilfred Jackson, Hamilton Luske, 1953

LE COMMENTAIRE

Les personnages animés donnent souvent l’impression d’être des marionnettes mises au service de l’histoire de leurs auteurs ou autrices (cf Dans la peau de John Malkovich). Sympathiques et drôles, mais sans vraie profondeur. On les voit que trop rarement réfléchir sur leur propre condition en se rejouant le mythe de la caverne.

LE PITCH

Des enfants partent faire un tour au pays imaginaire pour donner du fil à retordre aux pirates.

LE RÉSUMÉ

Monsieur et Madame Darling se préparent pour sortir. Les enfants sont agités et refusent d’aller se coucher. Jean et Michel sont trop occupés à jouer les rôles de Peter Pan et du pirate, une histoire que leur a raconté Wendy leur soeur aînée.

George Darling s’impatiente car il ne trouve pas ses boutons de manchette. Lorsqu’il découvre que les enfants se sont servis de son plastron comme d’une carte au trésor, il perd son sang froid. La mère tente d’atténuer la colère du patriarche. Mais Wendy va devoir faire chambre à part.

It’s not his fault, it’s in the story…

That’s no excuse! (…) The child’s growing up. (…) This is your last night in the nursery.

Wendy avoue à sa mère qu’elle aimerait ne pas grandir.

I don’t want to grow up.

Les parents s’en vont à leur réception. La fenêtre est restée ouverte : Peter Pan en profite pour s’insérer dans la chambre des enfants, en compagnie de la fée Clochette.

But what were you doing there?

I came to listen to your stories.

My stories? But they’re all about you.

Of course! That’s why I like ’em!

Il propose à tout le monde de le suivre vers le pays imaginaire.

Off to Neverland!

La fée Clochette est jalouse de Wendy qui a essayé d’embrasser Peter. Elle donne de mauvaises indications aux enfants. Furieux, Peter Pan la bannit du groupe. Wendy intervient en sa faveur pour réduire sa peine.

Tinker Bell! I hereby banish you forever.

Please, not forever.

Well, for a week then.

Une aubaine pour le capitaine Crochet qui murit sa vengeance depuis qu’il s’est fait manger la main par Tic Tac le crocodile. Il se sert de la fée Clochette pour retrouver la trace de son ennemi juré.

Jean se dit qu’il aimerait bien rentrer chez lui, après que Wendy lui ait expliqué ce qu’était une maman.

A mother is the most wonderful person in the world.

En l’occurrence, sa maman lui manque. Sa volonté de partir fâche Peter Pan.

Once you grown up, you can never come back! Never!

Les enfants sont faits prisonniers par Crocher qui veut en faire des pirates, ou les jeter par dessus bord. Peter Pan les sauve in extremis. Tandis que Crochet essaie de se soustraire au crocodile, le bateau fait route vers Londres où les enfants peuvent retrouver leur maison.

Les parents Darling sont de retour. Wendy est encore debout et raconte son histoire. Le père regarde le nuage dans le ciel en forme de bateau, qui semble lui rappeler un lointain souvenir…

You know, I have the strangest feeling that I’ve seen that ship before. A long time ago, when I was very young.

L’EXPLICATION

Peter Pan, c’est continuer de se raconter des histoires.

On pense que les enfants ne veulent pas grandir. Ce n’est pas tout à fait exact. Les enfants rêvent de prendre de l’âge pour pouvoir faire comme les grands (cf Big). Ils veulent pouvoir profiter de tous les avantages de la vie d’adulte, sans les inconvénients (cf Tanguy).

Les enfants ne veulent surtout renoncer à rien. Obtenir un peu de considération de la part du monde réel, sans arrêter de vivre dans son monde à soi (cf Ready Player One), où rien n’est vraiment grave.

Les enfants veulent continuer à pouvoir se raconter des histoires, à l’image de Wendy, Jean et de Michel qui se réfugient au pays imaginaire dès qu’ils en ont l’occasion (cf Shining). Leur bonheur en dépend.

Dans ce pays imaginaire, ils peuvent faire tout ce qu’ils ne peuvent pas réaliser en vrai – comme voler de leurs propres ailes.

You can fly.

Au pays imaginaire, on y trouve des mondes merveilleux, avec tout plein de choses à faire. Il y a des méchants qui font rigoler. Un crocodile qui fait peur mais qui est drôle aussi. Quand il mange la main du capitaine Crochet, ça ne fait pas mal. En fait, on ne voit même pas ce qui s’est passé. Il n’y a pas de film d’horreur au pays imaginaire. On n’est pas exposé à la vue du sang, ni à la chirurgie. Le crocodile voulait jouer. C’est tout.

Au pays imaginaire, il y a beaucoup de rebondissements et quelques trahisons parce que la fée Clochette elle est jalouse. Mais à la fin, globalement, tout se finit toujours bien – grâce à Peter Pan.

C’est cool le pays imaginaire.

En réalité, il n’y a pas que les enfants qui ont envie de continuer à se raconter des histoires. Les adultes aussi, secrètement, aimeraient bien pouvoir le faire.

Avec les années, les adultes ont d’abord découvert les codes de conduite. S’ils ne les respectent pas, ils risquent de se taper la honte. Et la honte, c’est nul. On doit se prendre au sérieux parce qu’on n’a pas le choix. Alors plutôt que de vivre dans l’imaginaire, on commence à vivre dans la peur.

Mary, unless I find my cufflinks, we don’t go to the party! If we don’t go to the party, I can never show my face in the office again!

Puis les adultes ont découvert le sens des responsabilités. Parce que la vie c’est sérieux aussi. On peut imaginer ce que l’on veut, mais il faut quand même appeler un chat un chat. Quand on est grand, on le sait.

You’re not really a nurse at all, you’re… well, a dog. And the children aren’t puppies, they’re people. And sooner or later, Nana, people have to grow up.

On a appris aux adultes que le bonheur c’était bien, mais pas essentiel. L’argent et le pouvoir, c’est mieux. Un joli poste de direction par exemple c’est super. Grade 18. Être heureux, ce n’est guère que la cerise sur le gateau. Et puis qu’est-ce que cela veut dire ‘être heureux’ ?

Avant d’être heureux, il faut savoir tenir ses engagements parce que ce n’est pas en racontant des histoires qu’on arrive à créer la confiance. Et sans confiance, pas de contrat. Alors mieux vaut ne pas dire n’importe quoi parce que les mots ont du sens. Pas de balivernes!

That means : no more stories!

Ce n’est certainement pas en racontant des histoires qu’on forme un gouvernement, ni qu’on tient une démocratie (cf Un pays qui se tient sage).

Quand on grandit on perce bien vite le grand mystère de la vie : trop long ou trop court, pénible, décevant, douloureux. Un gros bloc de béton (cf Le prestige). La vie c’est nul.

Les adultes jalousent les enfants, car contrairement aux enfants, les adultes n’arrivent plus à se raconter d’histoires (cf L’histoire sans fin). Plus assez d’argent pour s’offrir un billet pour le pays imaginaire. Ça coute cher. Y’a déjà le prêt-relais de la maison, le crédit pour la voiture…

Par contre, ce n’est pas l’envie qui leur manque.

Alors que les enfants se rassurent, Peter Pan n’est jamais très loin.

All this happened before, and it will happen again.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur

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