À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU

À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU

Edward Berger, 2022

LE COMMENTAIRE

Si fumer c’est nul, ça fait tousser. Que dire alors de la guerre (cf 1917, Armadillo, JarheadFull Metal Jacket, La Ligne Rouge, Né un 4 Juillet, Requiem pour un massacre)…? Quand on pense qu’on offrait jadis des petits soldats aux enfants pour qu’ils s’amusent… Qu’on regarde sur grand écran le triste spectacle de soldats se jetant du pain rassis pendant qu’on s’enfile calmement un peu de pop corn.

LE PITCH

De jeunes Allemands partent en guerre, la fleur au fusil.

LE RÉSUMÉ

1917. Paul (Felix Kammerer), Franz (Moritz Klaus), Albert (Aaron Hilmer) et Ludwig (Adrian Grünewald) reçoivent leur convocation pour partir au front. Ils partent avec le sourire. Gonflés à bloc.

Vous êtes au seuil de l’existence. N’oubliez jamais ce moment. C’est un grand moment. Dans des années, on vous verra pour ce que vous êtes devenus aujourd’hui : la Jeunesse de fer de l’Allemagne! Vous avez la chance de vivre une grande époque.

Ils vont découvrir l’horreur des tranchées.

Bienvenue sur le front de l’Ouest.

En France, ils sympathisent avec Tjaden (Edin Hasanovic) et Kat (Albrecht Schuch). Dès le premier bombardement, Ludwig exprime clairement son souhait de rentrer à la maison. Il sera le premier à tomber.

Une année plus tard, c’est l’hécatombe chez les boches. Matthias Erzberger (Daniel Brühl) obtient du haut commandement de négocier l’armistice avec les alliés.

Je crois qu’ils savent que c’est fini. On le sait tous.

Cette intention ne plait pas au Général Friedrichs (Devid Striesow).

Les sociaux-démocrates seront la fin de l’humanité. (…) Ces gens vendent notre patrie. J’ai reçu pour ordre de faire la guerre. Nous devons rester forts et rester patients. (…) Les Français veulent nous imposer leurs conditions merdiques. Je ne capitulerai pas. Il faut frapper maintenant, de toutes nos forces!

Le Maréchal Foch (Thibault de Montalembert) rencontre la délégation allemande à Compiègne. Son discours est ferme.

Vous avez soixante douze heures pour accepter nos conditions. Elles ne sont pas négociables. En attendant, la guerre continue.

Erzberger obtient de Hindenburg de pouvoir signer la proposition alliée.

Les déserteurs se multiplient dans le camp allemand. Friedrichs lance un dernier assaut.

Cette guerre se terminera sur une victoire!

Alors qu’il s’apprêtait à rentrer, Paul meurt transpercé par un coup de baillonnette dans le dos. Au moment où sonnent les clairons.

Plus de trois millions de soldats sont morts, souvent pour ne gagner qu’une centaine de mètres.

L’EXPLICATION

À l’Ouest rien de nouveau, c’est une guerre qui n’aura vraiment servi à rien.

La guerre sert souvent une industrie (cf Lord of War, La Guerre selon Charlie Wilson). Néanmoins elle réclame tellement de sacrifices qu’il faut quand même la justifier un minimum : convertir les païens, contraindre les autochtones à payer l’impôt (cf Gladiator), abolir l’esclavage (cf Glory)…

Le seul mérite de la première Guerre Mondiale fut de prouver la limite des conflits impérialistes tels qu’on les connaissait jusque là. Elle n’empêcha pas une seconde Guerre Mondiale, sorte d’ultime sursaut d’orgueil allemand suite à l’humiliation de Versailles – si l’on peut la qualifier ainsi évidemment.

Plus de soixante millions de soldats ont pris part à la guerre opposant la Triple Entente et la Quadruplice, entre 1914 et 1918. Jamais autant de forces vives n’avaient été mobilisées. La guerre totale.

On partait se battre naïvement, avec son baluchon et le coeur léger, en chantant à la gloire de la petite mimi. Pour remplir son devoir au nom de la patrie. Empruntant des uniformes militaires sans remarquer que l’étiquette du défunt propriétaire précédant était encore cousue sur le col…

L’Empire allemand nourrissait de grandes ambitions expansionnistes. Finalement, les deux grands blocs se neutralisent et la bataille va rapidement s’enliser dans une guerre de position.

Je ne voyais pas ça comme ça.

Sur place, on vit dans la boue avec les rats. À compter les morts.

Cette guerre qui s’impose à ces jeunes Allemands leur fait comprendre leur place dans le monde. Leur vie individuelle n’a pas grand importance. Ils sont là pour servir de chair à canon.

L’individu n’est rien à côté de l’ensemble.

Tandis qu’aujourd’hui on s’imagine immortel·le, en ce début de XXe siècle on comprend mieux ce qui vivre au jour le jour veut dire.

On attend de vous que vous surviviez au moins six semaines.

La première Guerre Mondiale fut un combat de propagande. Une sorte de délire belliqueux mené par des militaires sans véritable objectif, si ce n’est qu’il fallait la faire. Le choix n’était évidemment pas donné aux soldats à qui l’on retournait la tête pour mieux les envoyer à la boucherie.

Le Kaiser a besoin de soldats, pas d’enfants. L’heure n’est pas à la faiblesse!

Des jeunes à qui l’on ne demandait pas de réfléchir pour tirer sur celui d’en face. Paul doit tuer un soldat français au corps à corps par légitime défense. Après quoi, il se sent aussitôt coupable d’avoir été contraint de commettre un tel acte de barbarie. Quant à Kat, il est prisonnier à vie des tranchés. Ne sachant plus vraiment quoi faire, ni espérer.

Que nous réserve l’avenir ? Rentrer à la maison un jour. Retrouver nos vies d’avant. Ils voudront juste savoir si on s’est battus au corps à corps. On aura l’impression de voyager dans le passé. Je me demande si je ne préférerais pas m’asseoir autour d’un feu de camp avec toi, Tjaden et Kropp, et Müller aussi. Et manger des patates avec la peau.

Heureusement que certains Allemands auront oeuvré pour abréger le désastre en officialisant la paix.

Chaque mois 250.000 Américains débarquent en Europe. Tout est perdu. Seule une fierté mal placée nous sépare d’un cessez-le-feu. Il est temps de s’occuper de chaos que vous avez semé avec vos généraux.

Des conditions insoutenables furent proposées aux vaincus par des Français trop blessés, et désireux de calmer les ardeurs allemandes.

Je refuse tout compromis.

Erzberger a perdu son fils dans cette guerre. Il a voulu éteindre l’incendie, en créant les conditions nécessaires à l’évitement d’une reprise de feu.

Soyez juste envers votre adversaire sans quoi cette paix sera haïe.

L’armistice libère les poilus et autres gueules cassées (cf Au revoir là-haut).

La fin du cauchemar.

Au moins temporairement, car à peine vingt années plus tard il allait falloir reprendre du service pour un deuxième tour de manège infernal. La première Guerre Mondiale causa la mort de dix huit millions de personnes. Quatre-vingt millions mourront lors de la seconde.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur

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