LA DERNIÈRE MARCHE
Tim Robbins, 1995
LE PITCH
Lorsque la bonne sœur rencontre le criminel, c’est la rencontre des opposés. Celle que tout le monde adore et celui que tout le monde déteste. La veste blanche contre la veste en jean. Le bonbon à la menthe contre la cigarette. Mais la même douleur. Le remord et la compassion. Derrière les barreaux, c’est bien le gros vilain qui pleure comme un petit garçon.
LE COMMENTAIRE
Une sœur apporte un soutien moral à un condamné à mort abandonné de tous.
LE RÉSUMÉ
Après 6 ans dans une prison de Louisiane, Matthew Poncelet (Sean Penn) est dans le couloir de la mort. Lui et Carl Vitello (Michael Cullen) ont tué un couple d’adolescents. Vitello a pris perpétuité tandis que Poncelet a pris la peine de mort. Il attend son tour.
La sœur Helen Prejean (Susan Sarandon) correspond régulièrement avec lui. Quand la sanction se rapproche, Poncelet veut faire appel et demande l’aide de la sœur. Elle décide de lui rendre visite. D’abord refroidie par ce lugubre personnage, ouvertement raciste et sexiste, qui ne semble éprouver aucun remord. Il clame haut et fort qu’il est innocent et que Vitello a tué les deux adolescents.
La sœur convainc Hilton Barber (Robert Prosky) de prendre l’affaire et de commuer la sentence en prison à vie. Helen Prejean se rapproche de plus en plus de Poncelet alors que les familles des victimes, religieuses elles-aussi, ne comprennent pas comment une bonne sœur puisse accorder son soutien à un criminel plutôt qu’aux victimes.
How can you stand next to him??
Mr. Percy, I’m just trying to follow the example of Jesus, who said that a person is not as bad as his worst deed.
Le juge confirme la sentence. Poncelet demande à ce que la sœur soit à ses côtés pour l’exécution, ce qu’elle accepte. Le jour venu, elle insiste pour que Matthew admette le crime dont il a été reconnu coupable. Il doit faire la paix. Matthew craque et avoue avoir tué Walter Delacroix (Peter Sasgaard) et violé Lucille Percy (Roberta Maxwell). Ses dernières paroles seront pour les familles des victimes auprès desquelles il s’excusera, avant de recevoir son injection.
Mr. Delacroix, I don’t wanna leave this world with any hate in my heart, I ask your forgiveness for what I done. It was a terrible thing I done, taking your son away from you.
How about us?
Mr. and Mrs. Percy, I hope my death gives you some relief.
M. Delacroix (Raymond J. Barry) d’abord haineux joindra finalement la sœur Prejean dans sa prière.
L’EXPLICATION
La Dernière Marche, c’est un courant d’air dans le couloir de la mort.
La sœur Helen Prejean est une progressiste qui a une interprétation très moderne de la Bible. Elle est contre la loi du talion. Plutôt que de suivre l’ancien testament, elle prend les écritures avec intelligence.
You know what the Bible say, ‘An eye for an eye’.
You know what else the Bible ask for death as a punishment? For adultery, prostitution, homosexuality, trespass upon sacred grounds, profane in a sabbath and contempt to parents.
Elle se sert de sa foi plus qu’elle ne se cache derrière sa foi. Une personne plus qu’une religieuse.
Show me some respect, Matthew.
Why? ‘Cause you’re a nun?
Because I’m a person.
Pour elle, l’amour n’est pas qu’un mot sur-utilisé par les marques de rouge à lèvres.
I want the last face you see in this world to be the face of love. So you look at me when they do this thing. I’ll be the face of love for you.
Elle est admirable car elle n’a pas peur d’aller au devant de la difficulté. Refusant de croire qu’il puisse y avoir des causes perdues (cf l’avocat de la terreur) ou des mauvaises herbes.
Tell me something sister, what is nun doing in a place like this. Shouldn’t you be teaching children? Didn’t you know what this man has done? How he killed them kids?
Non qu’il soit plus facile d’enseigner à des enfants (cf Entre les Murs). Il est néanmoins plus difficile d’accompagner ceux qui ont fauté. Personne ne veut s’en occuper. Et pourtant, cela compte également. En tout cas, cela compte pour Helen Prejean.
Elle n’est pas dans le jugement. Fondamentalement, les gens sont bons ou en tout cas qu’il y a une part de bon en chacun·e. C’est sur cette base qu’elle souhaite travailler. Elle pense que tout le monde mérite une chance, voire une seconde chance (cf Bad Boys).
You are a son of God.
Thank you. I’ve never been called a son of God before.
Contrairement aux Percy pour lesquels Poncelet n’est rien d’autre que l’assassin de leur fille.
This is not a person, this is an animal.
Et comment leur en vouloir ? La soeur Helen Prejen représente aussi toute la difficulté d’aimer son prochain quand celui-ci a été inhumain (cf Boy A).
Le travail de la sœur est d’essayer de réparer les dégâts, quelque part entre le pompier (cf Backdraft) et l’employé de la DDE (cf à l’origine). On a besoin d’elle pour continuer à vivre ensemble sans se tirer dessus. Elle soigne les blessures, pour que Matthew puisse gravir cette dernière marche et partir en paix avec lui-même; mais aussi pour que les familles des victimes puissent entamer leur deuil.
On ne peut occulter à quel point notre société reste violente, du crime de Poncelet jusqu’à sa punition. La sœur pardonne et apaise.
La justice inversement doit rendre un verdict en innocentant ou en condamnant. On note toutefois que si nous tenons à obtenir une réparation, nous ne voulons pas en accepter les conséquences. Personne ne veut plus se livrer à des exécutions sur la place publique comme c’était le cas par le passé.
Désormais on fait cela dans l’intimité, sans bruit, derrière une vitre, par pudeur. On n’abandonne pas l’idée que le condamné doive souffrir, on ne veut simplement pas voir sa souffrance. La société maquille. Elle anesthésie et masque la douleur. Et les efforts de la sœur ne doivent pas faire oublier cette réalité.
Now we have developed a device that is the most humane of all. Lethal injection. We strap the guy up, we anesthetize him with shot number one. Then we give him shot number two, and that implodes his lungs, and shot number three stops his heart. We put ’em to death just like an old horse. His face just, goes to sleep, while, inside, his organs are going through Armageddon. The muscles of his face would twist, and contort, and pull, but you see, shot number one relaxes all those muscles so we don’t have to see any horror show. We don’t have to taste the blood of revenge on our lips (…), we just sit there quietly. Nod our heads, and say: ‘Justice has been done.’
La sœur Helen Prejean ne triche pas. Sans filtre. Et il en faut du courage pour se tenir au côté de monstres et leur reconnaître le droit à l’erreur en tant qu’être humain. La possibilité de se repentir.
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