LES GOONIES
Richard Donner, 1985
LE COMMENTAIRE
La beauté est subjective. Personne ne le conteste. Et l’habit ne fait peut-être pas le moine (cf Anges et Démons) non plus. Il n’empêche que notre apparence joue un rôle non négligeable dans notre carrière – qu’on le veuille ou non. N’ayons pas peur de poser les questions qui fâchent : Pourquoi Jennifer a-t-elle dû avoir recours à la chirurgie plastique malgré son immense talent ? L’intouchable Harvey Weinstein aurait-il été inquiété s’il avait été le frère jumeau de George Clooney ? Superman aurait-il eu le destin qu’on lui connait s’il avait ressemblé à Elephant Man ?
LE PITCH
Quatre garçons plein d’avenir partent en quête d’un trésor.
LE RÉSUMÉ
À Astoria, Mikey Walsh (Sean Astin) et ses trois potes Chunk (Jeff Cohen), Mouth (Corey Feldman) et Data (Jonathan Ke Huy Quan) se retrouvent une dernière fois avant que leurs maisons ne soient saisies. Le quartier de Goon Dock a été racheté par le Country Club et va être rasé. Les pauvres sont priés de déguerpir.
Ils essaient de tromper l’ennui (cf Les Banshees d’Inisherin).
Nothing exciting happens around here.
Dans le grenier, les Goonies trouvent une carte au trésor menant au butin de Willy le Borgne. Ils échappent à la surveillance de Brandon (Josh Brolin), le grand frère de Mikey et partent à l’aventure.
Brandon se lance à leur recherche, secondé de Andy (Kerri Green) et sa copine Stef (Martha Plimpton).
Les enfants trouvent le restaurant indiqué sur la carte. Problème. C’est le repère de la famille Fratelli dont les fils Francis (Joe Pantoliano) et Jake (Robert Davi) viennent de s’évader de prison (cf Les évadés), avec l’aide de leur mama (Anne Ramsey).
Chunk est fait prisonnier et se retrouve enfermé avec Sinok (John Matuszak), le dernier fils Fratelli au visage difforme que sa mère gardait en captivité – par amour bien sûr.
Mama, you’ve been bad.
Oh, Slothy. I may have been bad. I may have kept you chained up in that room but it was for your own good.
Ils sympathisent.
Sous la pression de Francis et Jake, Chunk avoue où sont partis ses copains. Les Fratellis retrouvent les enfants à bord de l’Inferno, le bateau de Willy le Borgne caché au fond d’une grotte. Ils se sont remplis les poches en prenant soin de laisser laisser quelques pièces dans la balance en face du squelette du pirate.
Les Fratellis rackettent les marmots et pillent le restant du butin, déclenchant un piège. Tout le monde s’en sort miraculeusement grâce à l’aide de Sinok.
Sur la plage, la police attend les Fratellis de pied ferme.
Mikey réalise qu’il a encore quelques pierres précieuses dans sa poche. Une aubaine pour son père qui va pouvoir racheter l’hypothèque. Le quartier est sauvé. Et l’Inferno flotte au large.
L’EXPLICATION
Les Goonies, c’est va chercher bonheur.
Soyons clairs : si les enfants ne nous donnaient pas l’impression de prolonger notre propre espérance de vie (cf Tree of Life), nous n’en ferions pas. Égoïstement. Nous n’aurions aucune raison d’en faire sinon quelques photos postées sur les réseaux sociaux. Avant de pouvoir subvenir à leurs propres besoins, les enfants ne servent pas à grand chose.
Kids suck.
Un enfant aujourd’hui passe le plus clair de son temps à glander en jouant aux jeux vidéos, en s’empiffrant de junk food, se demandant vaguement ce qu’il va faire de sa vie sans avoir la moindre réponse. Et puis un enfant s’ennuie et râle à longueur de journée. Cela ne va jamais. Si on a le malheur de ne pas prendre la bonne marque de yaourt, c’est le scandale (cf Kramer contre Kramer).
Ah il est loin le temps des corons chanté par Pierre Bachelet, quand les mineurs devaient aller charbonner avec leurs parents (cf Germinal). Cela ne bronchait pas à l’époque!
Un peu précipités par l’actualité, les Goonies vont devoir se tirer les doigts, comme on dit vulgairement.
If we dont do something there will be a golf course where we’re standing now.
Ces fils de pauvres risquent effectivement de se retrouver à la rue s’ils ne font rien. Il est temps pour eux de prendre leur destin en mains, suivant en cela le conseil avisé des Inconnus. À eux de jouer désormais.
Our parents, they want the best of stuff for us. But right now, they got to do what’s right for them. Because it’s their time. Their time! Up there! Down here, it’s our time. It’s our time down here.
Ils ont l’opportunité de pouvoir se révéler. Ou plutôt, ils vont se créer cette opportunité en trouvant la carte au trésor et bravant tous les danger pour trouver Willy le Borgne, ou ce qu’il en reste.
Les quatre garçons doivent d’abord se soustraire à l’autorité du grand-frère. Ils doivent ensuite se jeter à l’eau sans savoir nager. Certes ils ont la carte, mais cela ne les aide pas à déjouer les pièges qui les attendent. Pour cela il faudra faire preuve de curiosité, ainsi que de malice.
Sans avoir peur de la menace que représentent les Fratellis évidemment.
L’aventure ne serait pas aussi belles si ces quatre amis n’avaient pas eu besoin d’affronter un boss de fin comme dans tout bon jeu vidéo qui se respecte.
Ces aventuriers en culottes courtes n’en oublient pas leur humilité. Ils ne se ruent pas sur le trésor comme des imbéciles. Bien que cette histoire leur donne l’impression d’être des super héros, ils ne snobent personne. En sympathisant avec Sinok le pestiféré, Chunk va sans le savoir se faire un ami bien utile. C’est grâce à Sinok que tout le monde s’en sort.
Car il s’agit bien de survie ici. Ces quatre garçons ont su mettre habilement leurs ambitions personnelles de côté, au profit de la préservation de leur quartier.
Sorry, Dad, we had our hands on the future, but we gave it up just to save our own lives.
Ils s’en trouvent récompensés. Bravo. La plus belle des fortunes c’est déjà de savoir ce contenter de ce qu’on a. La preuve également que le bonheur est quelque chose qui va se chercher. On ne l’attend pas. Les Goonies sont désormais des hommes accomplis, prêts à relever les défis immobiliers du futur.
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