ALERTE!
Wolfgang Petersen, 1995
LE COMMENTAIRE
L’être humain porte en lui quelque chose de magique, de sa création improbable (cf Monty Python : le sens de la vie) jusqu’à ses intuitions géniales. Un petit miracle se situant quelque part entre raison et passion. Pourtant, quand on simplifie la fraction, on ne trouve guère plus qu’une petite poignée de cellules. Une séquence ADN qu’on peut défaire aussi facilement qu’on l’a assemblée.
LE PITCH
Un virus létal échappe au contrôle des militaires.
LE RÉSUMÉ
Les officiers Ford (Morgan Freeman) et McClintock (Donald Sutherland) se rendent en République Démocratique du Congo, en plein coeur de l’Afrique, pour y récupérer la souche d’un virus mortel.
Quelques trente ans plus tard, le médecin militaire Sam Daniels (Dustin Hoffman), le virologue Casey Schuler (Kevin Spacey) et le major Salt (Cuba Gooding Jr.) sont envoyés en République du Zaïre pour étudier un virus inconnu qui a terrassé un village entier. Les effets sont dévastateurs.
Les désormais Généraux Ford et McClintock reconnaissent la molécule.
Our African friend is back…
Ils souhaitent rester discrets. Quand Daniels veut lancer l’alerte, Ford l’en dissuade.
Keep your voice down!
Malheureusement, un singe porteur du virus a également voyagé vers les États-Unis. Il infecte quelques personnes. Le virus circule vite (cf Le Fléau).
If one of them have it then ten of them will have it and if one of them leave Cedar Creek then we’re in deep fucking shit… we’re already in deep fucking shit!
Pire, le virus mute. La contamination est désormais atmosphérique.
… It’s airborne.
Catastrophe. Une ville entière est contaminée. Le Secrétaire d’État (J. T. Walsh) considère une solution radicale pour enrayer l’épidémie : détruire Cedar Creek grâce à une bombe thermobarique. On n’en parle plus!
Daniels découvre la manigance de ses supérieurs. Cependant, il se bat pour préserver des vies. Il se met à la recherche du patient zéro (cf Contagion). Le temps est compté puisque sa femme Roberta (Rene Russo) a été infectée à son tour.
Grâce à l’aide de Salt, il retrouve le fameux singe dans une forêt de Californie et peut développer un antisérum.
Dans une manoeuvre héroïque, il s’oppose aux ordres de McClintock pour protéger la ville, et sa femme.
With all due respect, fuck you, sir.
L’état de Roberta montre déjà des signes d’amélioration.
L’EXPLICATION
Alerte!, c’est le moment opportun.
En cas de péril potentiel, on sonne l’alerte pour prévenir. Signaler aux équipes qu’elles doivent s’organiser en conséquence. Barricader (cf Take Shelter) ou évacuer (cf Deep Impact) si besoin. On se prépare afin d’anticiper les dégâts et réduire éventuellement les pertes.
Les Nazis crient ALARM quand ils remarquent la présence d’intrus (cf Indiana Jones et la Dernière Croisade).
Le garde côte se méfiant des requins sonne la cloche pour que les baigneurs sortent de l’eau (cf Les Dents de la Mer).
Un gouvernement peut déclencher un état d’alerte sanitaire en cas de pandémie, pour éviter des dommages trop importants.
L’alerte réveille le militaire qui sommeille en nous, ultra discipliné, et qui se met en ordre de marche pour coordonner les défenses. Mesures de précaution. Confinement. Couvre-feu. On prend la situation au sérieux. Les mots du Président résonnent encore.
We’re at war.
L’expérience montre qu’on ne peut pas maintenir l’état d’alerte dans la durée. Les forces s’épuisent d’être constamment sur le qui-vive et finissent même par faire des erreurs liées à la fatigue. La clé est de lancer l’alerte au bon moment. Tout un art.
Avant l’heure, c’est pas l’heure. Après l’heure, c’est plus l’heure.
Si l’alerte est lancée trop tôt, on dit qu’on crie au loup. Le petit garçon sème la panique dans le village pour attirer l’attention mais prend le risque que plus personne ne l’écoute le jour où le véritable danger se présente.
Car le danger rôle. Dans les zones les plus reculées du globe, des virus foudroyants ne demandent qu’à se propager. La punition du ciel, selon les païens.
This is a punishment!
Parfois nous sommes nous-mêmes porteurs du danger, à l’image des généraux Ford et McClintock qui jouent avec le feu en cultivant un virus mortel pour en faire une arme bactériologique digne de la dissuasion nucléaire.
We have to defend ourselves against the other maniacs who are developing biological weapons.
Le danger est donc partout sans que nous puissions constamment être sur nos gardes.
Le risque de lancer l’alerte trop tard est de se faire déborder. Pris au dépourvu et se retrouver dans une situation irréversible. Quand on voit l’iceberg et qu’on n’a pas pris le temps de virer, le bateau coule (cf Titanic). Impossible de revenir en arrière. Il n’est jamais trop tard, jusqu’à ce qu’il soit effectivement trop tard.
Dans ce cas de figure, la ville de Cedar Creek toute entière est contaminée. Les habitants sont testés positifs et sont conduits vers des camps de la mort sous haute surveillance. Le domino risque de faire tomber tous les autres. Lorsque l’alerte est donnée trop tard, la menace peut arriver aux portes de la Maison Blanche comme un raz de marée.
La conséquence est que plus personne n’écoute. Daniels a peut-être trouvé une solution mais le monde autour de lui a basculé dans un état de panique absolue.
Idiocy is our only option.
Daniels va néanmoins réussir à trouver les mots pour convaincre les soldats de ne pas commettre l’irréparable.
If you think I’m lying, drop the bomb, if you think I’m crazy, drop the bomb. But don’t drop the bomb just because you’re following orders!
In extremis.
Tout est question de timing, comme dans le couple entre Sam et Roberta. Quand les choses commencent à partir dans la mauvaise direction, on le remarque sans alerter personne. Comme lorsque Roberta est piquée par une aiguille contaminée. Elle cherche à dissimuler sa blessure mais elle ne pourra pas masquer ses symptômes bien longtemps.
Elle donne pourtant l’alerte à Sam que rien ne va plus puisqu’ils se séparent. Pas la peine d’insister. Daniel doit réagir sans chercher à la retenir. Il ne doit rien lâcher pour lui sauver la vie et sauver leur couple.
Rien ne sert de courir, il faut partir à point.
Un commentaire