IDENTITY
James Mangold, 2003
LE COMMENTAIRE
Femme au volant, mort au tournant. C’était l’expression misogyne d’un domaine réservé aux hommes. Qu’il est facile de blâmer les femmes pour leurs erreurs de conduite si personne ne leur transmet la science de la route. Nulle n’est censée ignorer qu’on ne roule pas avec des pneus slick par temps de pluie. Encore faut-il connaître la règle…
LE PITCH
Jeu de dominos macabre dans un motel du Nevada.
LE RÉSUMÉ
Le Dr Malick (Alfred Molina) cherche à démontrer la folie de son client Malcolm Rivers (Pruitt Taylor Vince) accusé d’un massacre collectif. Cela lui permettrait d’éviter la peine capitale et terminer sa vie dans un hôpital psychiatrique (cf Vol au dessus d’un Nid de Coucou). Le lascar souffrirait de troubles dissociatifs de la personnalité (cf Split).
Quelque part dans le Nevada, une dizaine d’inconnus se retrouvent un peu par hasard dans le motel crasseux de Larry Washington (John Hawkes) et sous une pluie battante.
Ed Dakota (John Cusak), un chauffeur de limousine qui percute la voiture des York : John (John C. McGinley), Alice (Leila Kenzle) et leur fils Timmy (Bret Loehr). Caroline Suzanne (Rebecca De Mornay), une actrice sur les nerfs. Paris Nevada (Amanda Peet), une professionnelle. Samuel Rhodes (Ray Liotta) un membre du personnel pénitentiaire qui escorte le détenu Robert Maine (Jake Busey). Les jeunes mariés Lou (William Lee Scott) et Ginny Isiana (Clea DuVall).
Suzanne est la première à mourir. Sa tête est retrouvée dans le sèche linge accompagnée de la clé numéro 10.
Lou et Ginny se disputent. Le mari est retrouvé mort à son tour avec la clé numéro 9 dans la main. C’est la panique.
Here’s the plan, okay? No one’s gonna move. We’re gonna stay here, like this, in this room until dawn. No one leaves, no one moves.
Maine a disparu. Il n’est pas le coupable puisqu’il est la troisième victime, avec la clé numéro 8 à côté de lui.
Alice meurt de ses blessures, ou pas. Rhodes retrouve la clé numéro 6. Auparavant, Georges avait fini avec la clé numéro 7 dans sa poche.
Ginny et son fils prennent un bus mais il explose.
Des hasards étranges entourent les faits : chaque personne est né le 10 mai, date anniversaire de Malcom et également le jour où il a commis ses crimes.
Malick appelle Ed, qui se trouve à l’audience sans véritablement comprendre pourquoi. Le psychiatre lui ordonne de retourner au motel pour se débarrasser des autres.
Lorsque Ed arrive, il découvre que Rhodes est en fait un criminel. S’en suit une tuerie dont Paris est la seule survivante.
Malcolm est reconnu comme fou. Il échappe à la prison. Dans sa tête, il imagine Paris retourner en Floride pour cultiver les oranges où elle découvre la clé numéro 1 enfouie dans la terre. Timmy s’apprête à la tuer avec un râteau.
Whores don’t get a second chance.
Timmy était derrière le massacre au motel (cf La Malédiction).
Sur le chemin qui le conduit à l’asile, Malcolm étrangle le Dr Malick. Le van s’arrête au beau milieu de la route, en plein désert.
As I was going up the stairs, I met a man who wasn’t there. He wasn’t there again today. I wish, I wish he’d go away.
L’EXPLICATION
Identity, c’est chercher à comprendre ce qui se passe dans la tête d’un fou.
Rien n’est plus captivant qu’un bon vieux mystère à élucider (cf Ne le dis à personne). Une énigme pleine de trous (cf Memento, Zodiac). Car l’inexplicable nous fascine. À toutes celles et ceux qui n’osent pas aller chercher des réponses du côté divin, il reste plein d’autres questions.
Par exemple, les personnes jugées rationnelles et saines d’esprit adorent s’intéresser aux psychopathes pour tenter désespérément de mettre du sens derrière leurs actes (cf Scream). Leur coller une étiquette. Une identité de jeu comme le disent les entraineurs de football. On veut résoudre le problème.
You remember that movie where the ten strangers went to an island, and then they all died, one by one? And then it turned out they weren’t strangers, that they all had a connection.
Tuer juste comme cela serait beaucoup trop chaotique (cf Massacre à la tronçonneuse). Il faut une raison, aussi incroyable soit-elle.
His story’s so unbelievable, I think it just might be true.
Concernant Malcolm Rivers, le Dr Malick croit justement tenir la raison : un trouble de la personnalité.
Que se passe-t-il véritablement dans la tête du tueur ?
La même chose que lors d’une nuit pluvieuse. On n’est pas vraiment d’humeur.
Listen to me, dude, I’m having a really fucked-up, really wet, very bad fucking day!
Il se passe que tout le monde devient soudainement très agaçant. Au point que si les membres du groupe venaient à disparaître, on ne s’en trouverait pas plus mal. Alors les victimes commencent à tomber les unes après les autres, sans que personne ne comprenne rien.
That’s not possible. I was standing right there. I saw what happened. We all saw what happened.
Ce qui n’empêche pas les protagonistes de s’exciter tout seuls. Ils se prennent la tête pour tenter de comprendre ce qui se passe. On se tient sur ses gardes, on suspecte les autres…
You’re a complicated cat, Edward.
Au moment où l’on croit se rapprocher de la vérité, tout s’emmêle. Ed se retrouve à deux endroits différents. La règle des trois unités explose en vol. On ne peut plus rien faire d’autre que se laisser porter par la nuit noire inquiétante, sans savoir…
Who am I speaking to?
On note bien quelques indices, mais n’est-ce pas tout simplement pas le fait du hasard ? Finalement ce serait Timmy qui serait derrière cette tragédie après avoir faint sa propre mort ?
Une histoire à dormir debout!
Du haut de son expérience, le juge (Holmes Osborne) avait peut-être la clé depuis le départ.
His mental state? Do you know what time it is? Hmm? You think I got time for bullshit?
On ne peut pas comprendre la folie (cf L’Armée des douze singes). Cela ne sert à rien. Le Dr Malick en finit étranglé, et le van en plein milieu de la route au beau milieu de nulle part. À l’arrêt.
On devrait ficher la paix à la folie et ne pas s’en faire des noeuds au cerveau au point de ne plus en fermer l’oeil de la nuit. Dormir est trop précieux.