L’ARMÉE DES DOUZE SINGES
Terry Gilliam, 1996
LE COMMENTAIRE
Quand y aura plus sur la terre que du beurre fondu, avec le dernier soupir du dernier disparu, alors la nature reprendra ses droits. Nous ferons office de dinosaures et les animaux du zoo ne pleureront certainement pas notre disparition. Ils ne feront pas de films en notre mémoire (cf Jurassic Park). Le roi de la jungle sera trop occupé à faire régner l’ordre (cf Le Roi Lion).
LE PITCH
Un condamné se porte volontaire pour sauver le monde.
LE RÉSUMÉ
En 1996, un virus décime la terre entière. Une poignée d’humains se réfugient sous terre et mènent des opérations scientifico-temporelles pour essayer de trouver un vaccin. En 2035, le prisonnier James Cole (Bruce Willis) est envoyé à la surface pour collecter des échantillons permettant aux scientifiques de mieux comprendre comment le virus se comporte.
Parallèlement, Cole est perturbé par un cauchemar récurrent impliquant une fusillade dans un aéroport.
Les scientifiques sont sur la piste de l’Armée des Douze Singes qui serait responsable de cette apocalypse. Ils proposent à Cole et son pote José (Jon Seda) de les envoyer dans le passé pour retrouver le patient zéro. Malheureusement, au lieu de les envoyer en 1996, ils les envoient en 1990!
Tenant des propos jugés incohérents, Cole est aussitôt interné et suivi par le professeur Kathryn Railly (Madeleine Stowe). À l’hôpital il fait la connaissance de Jeffrey Goines (Brad Pitt), un lunatique qui prendra plus tard la tête de la fameuse Armée des 12 Singes.
De retour en 2035, les scientifiques ont reçu un message étrange à propos de l’Armée des 12 Singes et du virus. Ils proposent à Cole de le renvoyer dans le passé.
Cole retourne en 1996. Il retrouve sa thérapeute et la force à le conduire à Philadelphie pour y retrouver Jeffrey Goines qui travaille désormais pour le laboratoire de son père (Christopher Plummer). Goines parle de l’Armée des 12 Singes, un groupe d’activistes écologistes. Il affirme que l’idée originale venait de Cole. Elle n’était pas la sienne.
Maybe the human race deserves to be wiped out?
Cole commence à souffrir de ces voyages dans le temps et se demande s’il n’est pas vraiment barjot. Changer de dimension perturbe ses repères.
I want the future to be unknown, I want to become a whole person.
Katryn le croit. Elle veut l’aider. Tous les deux décident de partir en Floride avant l’hécatombe. En chemin pour l’aéroport, les deux amoureux découvrent que l’Armée des 12 Singes n’est responsable de rien.
Le responsable de la fin du monde est le Dr. Peters (David Morse) que Katryn reconnaît à l’aéroport. Elle se rappelle qu’il lui avait tenu des propos inquiétants un peu plus tôt dans l’année lors d’une séance de dédicaces.
Le Dr. Peters s’apprête justement à embarquer pour un long voyage au quatre coins de la terre avec ses fioles empoisonnées.
Cole force la sécurité et tente d’abattre le Dr. Peters mais c’est lui qui se fait abattre par la police, sous les yeux d’un petit garçon… qui n’est autre que lui même. Le cauchemar qui le hante est en train de se dérouler sous ses yeux (cf La Jetée). Son regard paniqué d’enfant croisera celui plus apaisant de Katryn qui le reconnaît.
À bord de l’avion, le Dr. Peters s’installe à côté de Jones (Carol Florence), une scientifique envoyée du futur. L’humanité continue de se battre contre elle-même, au nom de sa préservation.
L’EXPLICATION
L’Armée des 12 Singes, c’est l’armée de Cassandre.
Comment faire la différence entre LJ Washington qui affirme venir d’une autre planète et Cole qui affirme venir du futur ? L’arbitre est le psychiatre. Il est celui qui a le pouvoir de juger de manière impartial.
Psychiatry is the latest religion. We decide what’s right and wrong. We decide who’s crazy or not.
Or, le psychiatre a tendance à mettre tout le monde dans le même sac par facilité (cf Paranoïa). Cole est interné alors qu’il n’a pourtant rien d’un fou. Son discours est même parfaitement articulé.
We don’t use the term « crazy, » Mr. Cole.
Well, you’ve got some real nuts here.
La pilule de son histoire est simplement impossible à avaler (cf Matrix) pour ces hommes de science qui basent leurs décisions sur l’observation. Cole est interné non pas parce qu’il est une menace pour la société mais plutôt parce ne pas l’interner reviendrait à questionner le fondement de toute la théorie psychanalytique. Cole a beau se répéter, il n’y a absolument rien à faire.
This is a place for crazy people. I’m not crazy!
Cela ne sert à rien. Les psychiatres détiennent les clés de la vérité (cf Mafia Blues). Ils choisissent de réduire Cole au silence car ce qu’il représente met leur système en danger. Leur décision repose sur des critères purement rationnels. Or sur le plan strictement rationnel, Cole ne fait pas de sens. Ils ont donc raison. En condamnant Cole, ils condamnent la différence. Ils étouffent l’inexplicable.
Et si une autre vérité était possible ?
Le Professeur Railly de son côté écoute avec son cœur. Ce faisant, elle n’est plus tout à fait professionnelle. Sa curiosité ouvre pourtant la porte à l’impensable. Elle n’hésite pas à reconsidérer ses propres vérités, qu’elle a peut-être imposées aux autres pendant trop longtemps. Elle fait ce que les autres ne font plus: se remettre en question.
What we say is the truth is what everybody accepts.
Qu’est-ce que la vérité ? Jeffrey, bien qu’impulsif, est loin d’être fou lui aussi. Il comprend même très bien ce qui se passe. Sa remarque est totalement pertinente:
There’s no right, there’s no wrong, there’s only popular opinion.
Vrai ou faux, peu importe! Tout le monde s’en fiche désormais. Chacun se fait sa propre vérité. Donald Trump l’a parfaitement compris également. Si le monde en avait encore quelque chose à faire de la vérité, comment un homme qui a passé sa campagne à affirmer tout et son contraire a pu être élu Président ? Donald Trump a menti plus de 1,500 fois depuis le début de son mandat sans que cela ne dérange qui que ce soit.
In this context isn’t it obvious that Chicken Little represents the sane vision and the homo sapiens motto ‘Let’s go shopping’ is the cry of the true lunatic?
Qui est le vrai fou ? Ne faisons pas l’erreur de ne pas l’entendre sous prétexte qu’il veut détruire la planète. Le Dr Railly n’a pas fait attention à lui tout comme l’inspecteur Mills n’a pas prêté attention à John Doe dans les escaliers (cf Se7en).
Le système est en train d’enfanter des kamikazes et nous ne nous en rendons même pas compte car nous perdons notre temps à défendre des certitudes qui ne tiennent plus. Ne pas reconnaître que le système est en train de couler (cf Titanic), c’est couler avec lui. Finir sous terre pourrait se réaliser plus vite que prévu (cf Take shelter). Le confinement n’était peut-être qu’un avertissement.
Ce fameux système est avant tout la raison pour laquelle Cole en est là où il en est. Il en est prisonnier en boucle, condamné à revivre la même scène.
You’re here because of the system.
L’urgence semble venir ce système dysfonctionnel à repenser, sous peine de courir à la catastrophe. Les Cassandre sont de plus en plus nombreuses.
D’accord, mais comment se fait-il que Kathryn Railly croit connaître James Cole à leur première rencontre, en 1990 ? J’ai raté quelque chose ? Est-ce une incohérence ?
Bonne observation. Elle avoue en effet « I have the strangest feeling that I met you before. » alors qu’ils sont en 1990 et qu’elle n’a techniquement jamais pu le rencontrer auparavant. Twelve Monkeys part du principe que les couloirs du temps ressemblent à du gruyère et que les individus sont faits pour s’y rencontrer. Il s’agit peut-être de la raison pour laquelle le personnage de Cole est familier pour Kathryn?
Elle l’a vu sur la photo de guerre lors de sa préparation de son livre 😉
Exact! Merci Ekahlo.
le sujet principal au début du film est James Cole. Puis, il change de fonction. Il sera remplacé par Kathryn Railly et il deviendra son adjuvant. a quels moments pensent tu vraiment que ce changement a lieu et pour quelles raisons se produit-il?
Il y a effectivement un passage de témoin qui s’opère dans Twelve Monkeys. Chacun doit faire sa part du travail pour assurer la survie de l’espèce. Le travail de Cole est de trouver le « patient zéro » de manière à ce que les scientifiques puissent prendre le relais et avoir accès au virus. Je ne dirais pas forcément que Kathryn remplace Cole. Je dirais plutôt qu’elle est le témoin de ce qu’il est en train de se passer. Elle offre à Cole un point de repère dans un espace temps mouvant, ce qui lui permet de ne pas perdre la raison.
Merci pour cette analyse!
Par contre ce que suggère la fin est extrêmement triste : l’histoire se répète à nouveau et il la catastrophe semble impossible à arrêter.
Mention spéciale pour cette belle punchline :
« Ça enchaîne par des entretiens d’embauche chez KPMG pour mieux réaliser que ce qu’on veut faire dans la vie, c’est de la musique et pas de l’audit. »
Merci Nicolas. Dans l’armée des 12 singes, ce qui est fait est fait. On ne change pas le présent en « bidoullant » le passé comme dans Retour vers le Futur.
La note positive, c’est qu’on peut apprendre du passé pour mieux gérer le présent. Tout n’est pas complètement perdu.
J’apprécie beaucoup votre analyse, merci à vous.
Merci Pol.
Superbe analyse! J’aime beaucoup toutes les citations au fur et à mesure de l’explication ainsi que tous les rapports à notre monde (cf commentaire sur Trump, Macron…). Le fait de lier le propos de ce film à ce qu’on vit est très astucieux.
En revanche, concernant les films qui traitent des voyages dans le temps et Retour vers le futur (car tu en parles dans un commentaire), je pense qu’en réalité, ils ne bidouillent pas le passé. En fait, ils se contentent de suivre la ligne qui a déjà été tracé. Ils disent constamment que notre futur n’est pas écrit et qu’on peut le changer, mais justement, tous les événements qu’ils font, en retournant plusieurs fois dans le passé, le futur, etc. N’étaient-ils déjà pas écrit?
Merci pour ce commentaire Math. Donc d’après toi, les voyages dans le temps seraient écrits? Les multiples dimensions et possibilités… tous ces scenarios seraient connus à l’avance et même les voyageurs du temps n’auraient finalement que l’illusion d’écrire leur propre histoire? On ne ferait qu’essayer de trouver sa bonne dimension, celle dans laquelle on est une célébrité qui mange des steaks saignants comme Cypher… avant d’être déconnecté de la Matrice? Si c’était le cas, il faudrait nécessairement que quelqu’un(e) soit derrière tout ça. Cela suppose donc l’existence d’une divinité control freak et un brin farceuse. Peut-être le Dieu qui créée les règles et les fait s’opposer dont parle John Milton dans l’Associé du Diable?
Effectivement vu comme ça, on pourrait penser qu’il s’agit d’un contrôle divin. Mais, ce que je veux dire c’est que le fait qu’un Homme X retourne dans le passé ou dans le futur, et bien c’est cela qui a engendré le présent de ce monsieur ou madame X. Sans passer par un contrôle divin, si le présent se déroule ainsi c’est parce que monsieur ou madame X est allé dans le passé, et c’est son passage dans le passé qui engendre le présent. Il n’existe alors pas et ne peu exister de paradoxe temporel puisque les événements se sont déjà déroulés, soit dans le passé, soit dans le futur. Ca va au-delà d’un Dieu qui nous assigne une destinée à suivre, car quand cet Homme X vit son présent, il est déjà allé dans le passé étant donné que le passé se déroule avant le présent (logique).
J’espère que ce que je viens de dire est compréhensible ^^.
Excellente analyse merci ! J’ai peut-être un autre point de vue concernant le voyage dans le futur qui pourrait ouvrir un autre angle d’interprétation du film (en toute simplicité évidemment) : Je pense la Vie est un élément émergeant de l’entropie générale de l’univers à une T° donnée et en présence d’eau liquide. Elle fait naître une conscience (nous ici sur terre) capable de conserver des informations sans matière. Un peu à la manière des trous noirs qui laisseront de l’information derrière eux après évaporation (dans notre système) comme l’évoquent les physiciens quantiques et certains astro physiciens. Dès lors qu’on l’admet on peut penser qu’il existe un réservoir d’informations quelque part entre matière et vide qui permet de reconstituer un passer en entier mais seulement de manière abstraite ce qui rend acceptable que Cole se voit enfant se regardant en mourant à ce passé…
Merci Didier pour cette explication plus technique qui fait naître une autre réflexion temporelle : Cole se retrouve planté dans une timeline qui tourne en boucle au cours de laquelle il ressuscite pour mourir à nouveau à l’aéroport. En permettant d’identifier le coupable, il permet néanmoins aux scientifiques de changer le futur. Il est prisonnier d’une timeline infernale mais la vie continue grâce à lui.
Bonjour, je sais que j’arrive des années après la bataille, mais, ayant regardé le film hier soir, j’avais envie de parler de la fin du film.
Bien sûr, ce que je vais dire est strictement mon interprétation.
Avant toute chose, je pense qu’il faut imaginer la fin comme le résultat d’un millefeuille.
Je m’explique : A la place de dessiner un personnage sur une feuille de papier unique, le dessin est fait sur une superposition de calques.
calque 1 : on dessine la tête.
calque 2 : on dessine le buste et les bras
calque 3 : on dessine les jambes
chaque calque est un dessin unique, mais la superposition de ceux-ci en fait un personnage complet. on peut modifier ou non la tête, indépendamment du buste ou des jambes…Au final on obtient toujours un personnage, mais chaque détail rajouté ou enlevé sur le calque, modifie son aspect complet…chaque calque rentrant en interaction avec les autres et en modifiant l’aspect global.
Partageons la fin du film en « calques » :
Calque 1 : Le professeur (un des personnages qui fait voyager le héros dans le temps) est à coté du « génocideur » dans l’avion.
Deux solutions : il n’y était pas à l’origine (avant les voyages dans le temps), mais les actions du héros font qu’il y est ….OU…il y a toujours été mais ne savait pas qu’il était en présence du « génocideur »…
Calque 2 : Le héros a une arme et tente de tuer le « génocideur ».
Deux solutions : Le héros n’avait pas d’arme… OU… le héros a obtenu une arme par ses actions.
Calque 3 : La psychiatre regarde le héros jeune et lui fait un sourire.
Deux solutions : Elle ne l’a pas regardé à l’origine ou alors il n’en a pas gardé le souvenir… OU… Elle l’a regardé et il en garde le souvenir.
Maintenant analysons la fin en fonction du changement des calques…on peut en déduire plein de choses selon ce qu’on a décidé d’associer !
exemple :
le professeur n’était pas dans l’avion à l’origine, le héros n’avait pas d’arme, il n’a pas vu le sourire de la psychiatre étant petit (ou il ne s’en souvient plus).
Au global : sûrement la situation d’origine (avant les voyages temporels) qui entraîne la mort de 5 milliards d’humains.
exemple 2 :
le professeur n’était pas dans l’avion à l’origine, le héros a obtenu une arme, il n’a pas vu le sourire de la psychiatre étant petit.
Au global : grâce à son enquête, le héros a repéré le « génocideur », on lui donne une arme pour le tuer, il n’y arrive pas mais le professeur vient rattraper le coup et sauve l’humanité.
exemple 3 :
Le professeur était dans l’avion à l’origine, le héros a obtenu une arme par ses actions mais n’a pas pu tuer le « génocideur », le professeur sait qui est le « génocideur » mais décide de le laisser faire son crime. En échange il négocie d’avoir accès au virus d’origine afin de rendre un faible pourcentage de la population immunisée, s’engageant à ne pas occuper la surface de la planète.
Le fait qu’à plusieurs reprises dans le film, on nous parle du fait que l’humain a trop d’impact sur la terre et qu’il court à sa perte est intéressant…
on peut penser que le professeur est dans une version du monde surpeuplée au bord de la fin… et qu’il fait en sorte que le génocide se déroule, allant jusqu’à court-circuiter le héros en lui faisant obtenir une arme…dans le seul but qu’il soit abattu par la sécurité…il réussit ainsi à sauver une partie de la population que le virus aurait tué, et à préserver les autres espèces.
exemple 4 :
Le professeur n’était pas dans l’avion à l’origine. le héros n’a pas obtenu d’arme, il a vu le sourire de la psychiatre étant petit.
Sûrement ce qu’il pourrait se passer dans la prochaine version des faits (une fois que le petit sera grand)…
La psychiatre connait l’identité du petit, elle prend contact avec lui et lui explique ce qu’il va se passer.
Quand cela se passe, il est au courant. Du coup, il sait qu’il n’est pas fou, il est préparé, et connait déjà le coupable et peut donc le tuer sans avoir à passer par toutes les étapes précédentes. Il peut ainsi sauver l’humanité et rester avec la psychiatre.
Tout le long, le film joue avec les calques… on peut penser que le héros sauve le monde…puis finalement qu’il est fou…puis que non.. puis que la psychiatre est folle…puis que non…
Le film tente peut être de jouer avec le fait qu’il a déjà essayé d’arrêter le coupable…qu’il a raté…mais le professeur a réussi…mais en fait la surpopulation entraîne d’autres problèmes…etc…
En fait, la situation est amenée à se rejouer éternellement… un problème amenant une solution, qui amène un autre problème etc…
Voilà ! C’était long, mais j’avais envie de partager cela avec vous. Merci si vous avez réussi à lire -et comprendre ^^- ce que j’ai tenté d’expliquer.
Merci Ach3nAr pour cette proposition. Vous mettez en avant la possibilité qu’il puisse exister plusieurs timelines. Le voyage dans le temps fait que Cole se retrouve prisonnier d’une situation qui est amenée à se rejouer sans cesse, selon des scénarios différents, jusqu’à son hypothétique résolution finale.
Salut Ach3nAr, ton commentaire est le plus interessant que j’ai vu sur ce film. Ca fait 25 ans que j’essaie de le comprendre parfaitement.
Par contre il y a une erreur dans ton 4eme exemple qui fait que ca ne marche pas:
citation: « La psychiatre connait l’identité du petit, elle prend contact avec lui et lui explique ce qu’il va se passer. »
Il me semble que Kathrin est arreté à la fin, elle va surement faire de la prison pour complicité pour avoir aider james cole et perdre son boulot. la catastrophe est imminente et elle n’aura pas la possibilité de parler a James cole enfant.
Merci Furya. N’est-ce pas là aussi la beauté du film : ne jamais véritablement réussir à percer son mystère? Y trouver de nouvelles compréhensions après les années?