YOUNGBLOOD
Peter Markle, 1986
LE COMMENTAIRE
Une équipe sportive, c’est un coach et des joueurs à la recherche de résultats. Le boulot du coach est de mettre en place un système et faire respecter ses consignes – pour faire gagner l’équipe. Gérer l’ego de ses troupes. Garder la tête froide. S’assurer que les hommes ne reviennent pas à l’état animal.
LE PITCH
Un jeune hockeyeur talentueux se donne les moyens de passer professionnel.
LE RÉSUMÉ
Dean Youngblood (Rob Lowe) essaie de convaincre son fermier de père (Eric Nesterenko), pourtant ex-professionnel, que son avenir est sur la glace plutôt que dans la grange. Son frère Kelly (Jim Youngs) va réussir à convaincre le paternel. Dean traverse la frontière Canadienne et tente sa chance aux Mustangs d’Hamilton, l’équipe entraînée par Murray Chadwick (Ed Lauter), un ex-All Star.
Dean passe les sélections avec succès. Bien qu’il soit un peu trop acrobate pour ce sport de brutes, ses qualités de patineur lui ont permis de faire la différence face au jeu musclé de l’autre prétendant Carl Racki (George Finn).
Dean découvre le vestiaire ainsi que son chef, Derek Sutton (Patrick Swayze). Le bizuth est rasé puis dépucelé par Miss McGill (Fionnula Flanagan). Dean tombe amoureux par hasard de Jessie (Cynthia Gibb) qui se trouve être la fille du coach.
L’équipe se comporte bien avant de perdre son leader victime d’une vilaine commotion cérébrale suite à un mauvais tour de Carl Racki, passé chez l’adversaire. Dean, effrayé par cette blessure, rentre chez lui se mettre au vert. Son frère et son père vont l’encourager à s’endurcir.
You can learn to punch in the barn, but you gotta learn to survive on the ice.
Dean revient encore plus déterminé. Pendant les playoffs, les Mustangs affrontent à nouveau l’équipe de Racki. Le match vire à la foire d’empoigne. Racki met de gros taquets à Younglood. Dean va non seulement garder son sang froid pour faire gagner les Mustangs et aussi mettre une grosse branlée à Racki lors du combat final.
Le joueur est célébré par la foule et porté en triomphe par ses coéquipiers. Jessie préfère quitter l’arène, dégoûtée par toute cette violence qu’elle ne peut pas cautionner.
L’amour est plus fort. Elle revient donc plus tard sur la patinoire, interrompant une séance d’autographes, pour embrasser son champion.
You look like shit, but I like you anyway.
Les yeux plein d’amour.
LE COMMENTAIRE
Youngblood, c’est se faire violence.
D’une certaine manière, l’histoire de Dean Youngblood ressemble à celle de Robert Pirès: un mec né à Reims, dont la technique sur le terrain pétille comme le champagne mais qui est un peu tendre, sans doute de par ses origines origines portugaises. Du FC Metz à Arsenal, Robert Pirès a eu une carrière honorable étant donné qu’il a gagné la Coupe du Monde 1998 auprès des Zidane, Deschamps et autre Lionel Charbonnier. Il a pourtant fallu qu’Aimé Jacquet lui remonte les bretelles.
Un peu de la même manière, Dean découvre la réalité du hockey qui n’a rien à voir avec celle du patinage artistique. Le hockey, un peu comme le football, est l’un des derniers tremplins pour sortir de sa cambrousse en fonction de son talent plus que des relations de ses parents.
Encore très marqué par la culture redneck Nord-Américaine, le hockey est un sport auquel s’accrochent une quantité de bourins incapables de réussir ailleurs. La patinoire est une arène.
To the game and getting out of this hick town! Thank God there is a sport for middle-sized white boys.
Au Canada, encore plus qu’ailleurs, il faut savoir donner des coups. Dean le fragile Américain va devoir se faire le cuir au contact des Canucks.
Where else could I get beaten up every day, treated like shit by prima donna Canadians, get my nuts shaved?
Il doit se faire repérer par le coach. Gagner le respect du vestiaire. Prouver sa valeur (cf The Gray Man). Parce qu’il est Américain et qu’il veut le beurre de cacahuète en plus des cacahuètes, il lui faut la fille du coach. Jessy va essayer d’élever le niveau.
Dans la petite ville d’Hamilton, elle a l’ambition de s’en sortir en lisant des livres. Pour elle, les joueurs de hockey n’ont pas forcément besoin d’être des analphabètes.
I think all hockey players should know how to read and write.
Youngblood va vite comprendre que ce n’est pas lire Shakespeare qui va l’aider à se faire un nom. Alors au diable la poésie. Le hockey, c’est pas juste que des caprices d’enfants, des fantasmes de coupe Stanley ou des parties de rigolade à jouer avec Jean Coutu.
Non, le hockey est à l’image de la vie, rugueux et plutôt bas de plafond.
Un moyen de gagner sa croute, si on a encore assez de dents pour manger autre chose que de la soupe.
I don’t give a shit where I play as long as I go number one in the draft and I sign the biggest contract I can, I’ve been busting my ass in this league for four years, and I’m gonna get what’s coming to me.
Alors Youngblood oublie ses beaux principes. À plus tard la diplomatie. Il continue à patiner comme un Dieu et en plus il se met à cogner pour venger son copain Derek, pour convaincre le coach qu’il peut le laisser sortir avec sa fille et qu’elle se fera pas ennuyer avec lui – en espérant qu’il ne soit pas adepte des violences conjugales parce que sinon bon courage.
C’est simple, les gamins ne lui auraient pas demandé d’autographe s’il n’avait pas montré de quel bois il se chauffait.
Jessie et ses bonnes manières se met aussi au diapason. Elle sait que celui ou celle qui traitera son mec d’abruti finira avec deux dents en moins (cf Retour vers le futur).
À croire que l’homme ne peut devenir homme qu’après avoir frappé d’un coup de poing sur la table, ou dans la tronche du mec en face (cf A history of violence).
Qu’on se le dise, le hockey n’est pas un sport d’intellos. Le monde est rustre. Sur la glace on se les gèle. Pas de réchauffement climatique dans les patinoires. Dans les vestiaires, il n’y a pas d’eau chaude. La victoire va se chercher avec le goût de rouille et d’os dans la bouche.
Franchement, c’est à se demander comment on fait pour vivre sans service militaire obligatoire.
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