CASHBACK

CASHBACK

Sean Ellis, 2006

LE COMMENTAIRE

On ne devrait pas faire de cas particulier : un porc est un porc. Qu’il s’agisse d’un patron libidineux ou d’un employé à l’air innocent (cf La Loi du Marché). C’est pareil. Lorsqu’il vous regarde du coin de l’oeil faire vos courses dans les rayons, il ne pense en réalité qu’à une chose. Et ce n’est pas à l’encaissement, si l’on s’exprimer ainsi.

LE PITCH

Suite à une rupture douloureuse, un jeune homme se lance dans la grande distribution.

LE RÉSUMÉ

Ben Willis (Sean Biggerstaff) a fait les Beaux Arts. Sa sensibilité l’empêche de se remettre de sa séparation avec Suzy (Michelle Ryan). Il fait des insomnies.

I had just become immune to sleep, I suddenly found I had 8 extra hours. My life had been extended by a third. I wanted time to pass quickly but instead I was forced to witness the passing of every second of every hour, I wanted the hurt I felt to go away but in some cruel trick of events I now had even more time on my hands.

Pour s’occuper l’esprit, il décide de rejoindre les rangs des employés de Sainsbury. Il s’immerge dans la vie de cette grande surface et ne tarde pas à tomber amoureux de Sharon (Emilia Fox).

Pour tromper l’ennui, il s’imagine pouvoir arrêter les temps ce qui lui permet de déshabiller ses clientes et de les croquer – au sens artistique du terme. De nombreux flashbacks permettent à Ben de se rappeler l’origine de sa fascination pour les femmes (cf Le Mari de la Coiffeuse) : cette suédoise pulpeuse qui sortait de sa douche, la découverte des magazines porno de ses parents, cette fille qui lui avait montré son pissou contre la modique somme de cinquante centimes.

You see, I’ve always wanted to be a painter, and like many artists before me, the female form has always been a great source of fascination. I’ve always been in awe of the power they posses.

Le patron du magasin, Alan Jenkins (Stuart Goodwin) incite ses employés à participer à des matchs de foot. L’équipe est très mauvaise. Un soir de défaite, Ben stoppe le temps à nouveau et découvre qu’il n’est pas tout seul à avoir le pouvoir de se balader dans ce monde figé (cf Fight Club).

Pour célébrer la déroute de son équipe, ainsi que son anniversaire, Jenkins organise une petite sauterie. Sharon en profite pour demander à Ben de sortir avec elle. Certains garçons très timides ont cette faculté : ce sont les filles qui viennent à eux. Le problème pour Ben est que Suzy est également invitée et qu’elle veut remettre les couverts. Ben refuse mais Suzy l’embrasse. Certains garçons très timides ont cette faculté : ce sont les filles qui prennent l’initiative pour eux.

Ce bisou ne reste pas inaperçu. Sharon, blessée par cette flèche en plein coeur décochée par une autre femme (cf Les Liaisons Dangereuses), quitte la fête. La vie ne se joue pas à grand chose.

She caught the wrong second of a two second story.

Ben stoppe le temps à nouveau pendant plusieurs jours mais il est incapable de revenir en arrière pour réparer ses erreurs (cf Retour vers le Futur).

You can speed it up, you can slow it down, you can even freeze a moment, but you can’t rewind time, you can’t undo what is done. I thought about what she had seen, I thought about what she hadn’t seen, I thought about how I could explain, but the more I thought about it, the more I knew nothing I could say would make her anger go away. How long could I just wait here, delaying the inevitable?

Il tente de s’expliquer. Sharon ne veut rien entendre. C’est la rupture, à nouveau.

Histoire de se moquer de Ben, Barry (Michael Dixon) et Matt (Michael Lambourne) lui disent qu’un galleriste est intéressé par son travail. Ben se rend au rendez-vous et comprend qu’il s’agit d’une mauvaise blague. Le galleriste n’est au courant de rien. Néanmoins il s’intéresse de près aux dessins de Ben et accepte de les exposer (cf Made you Look).

C’est ainsi que Sharon va découvrir la profondeur des sentiments de Ben à son égard puisque l’essentiel de ses oeuvres a été inspiré par elle. Très touchée, elle le félicite. Ben stoppe le temps et tous les deux s’échappent de la réalité.

cashback

L’EXPLICATION

Cashback, c’est l’art du détachement.

Quand Jeanne Moreau chantait le tourbillon de la vie (cf Jules et Jim), c’était une autre manière d’exprimer à quel point la vie s’apparente à un grand huit et que nous essayons de profiter du voyage comme nous le pouvons.

Dans ces montagnes russes, nous avons parfois l’impression que le temps se fige et que nous en sommes prisonniers, en particulier lorsque le wagon monte lentement pendant de longues minutes. Puis on dévale la pente, cheveux aux vents, sans avoir vraiment le temps d’en profiter.

Heureusement que nous sommes en contrôle du temps.

The bad news is that time flies, the good news… is that you’re the pilot.

À partir du moment où le temps n’a plus d’emprise, nous devenons libres de nous balader dans ses couloirs (cf Interstellar). Ben connaît la technique.

There is an art to dealing with the boredom of an 8-hour shift. An art to putting your mind somewhere else while the seconds slowly tick away. I found that all the people working here had perfected their own individual art. Take Sharon Pintey. Sharon knows rule #1, the clock is the enemy. The basic rule is this: the more you look at the clock, the slower the time goes. It will uncover the hiding place of your mind, and torture it with every second. This is the basic art in dealing with the trade of your time.

Il parvient à prendre ses distances avec le réel, ce qui lui donne une certaine hauteur de point de vue. Regarder la vie différemment des autres. Tandis que chacun a le nez sur son écran, englué dans sa routine, Ben prend le temps d’apprécier la beauté des clientes de supermarché.

Once upon a time, I wanted to know what love was. Love is there if you want it to be. You just have to see that it’s wrapped in beauty and hidden away in between the seconds of your life. If you don’t stop for a minute, you might miss it.

Peu importe le lieu ou le contexte, il est capable de remarquer chaque détail et de leur trouver un intérêt, surtout lorsque ses détails font partie de l’intimité féminine.

I read once about a woman whose secret fantasy was to have an affair with an artist. She thought he would really see her. He would see every curve, every line, every indentation and love them because they were part of the beauty that made her unique.

Le cauchemar des hommes est de se retrouver avec un boulet au pied.

Pour s’épanouir, ils ont besoin de liberté (cf Mad Max). Ben est un évadé qui se ballade dans le temps quand cela lui chante.

Les femmes partagent un autre type d’angoisse : elles aiment être flattées mais pas trompées comme le Corbeau par le Renard, ce beau parleur à qui on ne peut pas faire confiance. Elles aiment qu’on soit fascinés par leurs formes, pas qu’on prétendre l’être pour mieux les exploiter.

Dès lors, elles se méfient des hommes et de leurs intentions : les posséder avant de les laisser sur le bord de la route. C’est la crainte de Sharon qui a été séduite par la sensibilité de Ben avant de comprendre qu’il est peut être encore en couple avec son ex. Peut-être fait-il ce numéro avec toutes les femmes ? Dans cette hypothèse Sharon n’aurait plus rien d’unique. Ben lui aurait donné puis repris son sentiment d’exister.

Ce n’est pas le cas, comme le prouve l’exposition. Ben ne pense qu’à Sharon. Certes, il est libre et s’intéresse à la nudité féminine mais il le fait de manière désintéressée. Donc il ne représente pas une menace pour la femme qui ne craint pas d’être abusée. Il dessine au nom de son art, pas pour coucher avec elles. C’est là toute la différence.

Il est un homme conduit par un coeur pur, non par un pénis qui gigote.

Et il n’y a de place dans son coeur que pour Sharon.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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