BRONSON
Nicolas Winding Refn, 2008
LE COMMENTAIRE
Depuis Narcisse, l’humanité a une fâcheuse tendance à se fasciner pour elle-même. Au point qu’elle s’estime le droit de se plaindre de tout et de rien. C’est dommage, car la vie est courte. Si seulement on pouvait s’amuser de ce qui se passe autour. On ne devrait pas passer à côté des occasions de rire.
LE PITCH
Un homme se sent en prison comme un poisson dans un bocal.
LE RÉSUMÉ
Michael Peterson (Tom Hardy) a un rêve et très peu de marge de manoeuvre.
I knew I was made for better things, I just didn’t know what it is. Wasn’t singing. I can’t fucking act. Kinda running out of choices really, aren’t we?
Incapable de se résoudre à une vie banale dans le nord de l’Angleterre, il commet un braquage de banque qui lui rapporte 26 livres et 7 ans de prison. Au cours de son incarcération, son comportement violent lui vaut de multiples prolongations de peine.
Devant ce cas particulier, l’administration pénitentiaire refile la patate chaude à l’institution psychiatrique (cf Vol au dessus d’un nid de coucou). Peterson est anesthésié par des drogues. Ses tentatives d’évasion sont infructueuses. Il retrouve quelques forces pour étrangler un pédophile et gagner le droit de retourner en prison.
Déclaré sain d’esprit, il est pourtant relâché. Son retour à la vie civile le déprime (cf Les Évadés). À l’extérieur, il retrouve Paul Daniels (Matt King), un ex-co-détenu grâce auquel Peterson va faire quelques combats. On le surnomme Charles Bronson, comme l’acteur Américain.
All you need is a name.
What’s wrong with Mickey Peterson.
You need a fighting name, like a movie star.
Charlton Heston.
Look, love. No one gives a toss about Charlton Heston. The man’s a cunt. You’re more of the Charles Bronson type.
Il tombe amoureux d’une jeune femme (Juliet Oldfield). Sa déclaration d’amour n’obtient pas l’effet attendu (cf Two Lovers).
I love you.
It’s been nice. But I love Brian.
Bronson lui vole une bague pour mieux retourner en cellule. Il y prend en otage le libraire de la prison et s’enduit le corps de vaseline pour mieux se livrer à une bagarre générale avec les gardiens. Le directeur le met en garde. Si son attitude ne change pas, il risque de finir sa vie derrière les barreaux. Ainsi soit-il.
I don’t deserve that, I done nothing on this planet to deserve that. My bed is four inches off the floor, it’s a concrete bed, my toilet hasn’t even got a seat on it or a lid, and I ‘ave to live like this month after month after month, and the way it’s looking it’s year after year after year. Now is that’s right then so be, but let somebody else ‘ave a fucking go at it, ’cause I’ve had twenty-six years of this bollocks and it’s time to come out, and I want the jury at my trail to come and see how I’m living. But I’m not living, I’m existing.
Bronson montre quelques facultés artistiques en cours de dessin. Il reçoit les encouragements de son professeur qu’il prendre malgré tout en otage. L’occasion de se battre avec des gardiens encore plus violents.
Depuis 1974, Bronson a passé une cinquantaine de jours en liberté contre trente de ses trente-quatre années de détention en isolement.
L’EXPLICATION
Bronson, c’est un rebut.
Michael Peterson n’est qu’un pur produit de la société : il veut devenir la nouvelle star. Rien d’autre.
All my life I wanted to be famous.
Il a en lui une force vitale extraordinaire qu’il ne sait pas exprimer autrement qu’avec violence. Encore une fois, un signe des temps. Après avoir engendré un tel phénomène, la société n’est pas en mesure de l’intégrer. Alors elle l’envoie à l’ombre où elle pense pouvoir éteindre son feu. L’incendie continue pourtant de se propager. Car c’est finalement dans cette prison que Peterson, dorénavant Bronson, s’exprime le mieux.
You don’t want to be trapped inside with me sunshine. Inside, I’m somebody nobody wants to fuck with do you understand? I am Charlie Bronson, I am Britain’s most violent prisoner.
Pour beaucoup, la prison est un enfer. Bronson semble s’en nourrir tant et si bien que lorsqu’il obtient une permission de sortie, il ne pense qu’à une chose : y retourner. Il préfère la grille à la camisole.
When do I go back?
Bronson est une sorte d’élève surdoué que le professeur chercherait à punir pour son indiscipline (cf Les 400 Coups). Dès lors, le détenu qu’il devient trouve quelqu’un à qui parler. L’autorité lui envoie des gardiens qui font preuve du répondant dont il a besoin pour s’épanouir. C’est parfait.
You shouldn’t mess with boys that are bigger than you.
Dans un plaidoyer à la cour, Bronson ne se positionne pas comme une victime. Au contraire, il assume pleinement qui il est.
Il revendique son droit d’exister contrairement à la majorité silencieuse qui traverse son existence sans faire de bruit, ni laisser de trace. Bronson a envie qu’on l’entende, qu’on le remarque. C’est pour cette raison qu’il frappe aussi fort.
How would you feel, waking up in the morning without a window? My window is a steel grid, I ‘ave to put my lips against that steel grid and suck in air, that’s my morning… ’cause I got no air in my cell. I have to eat, sleep and crap in that room twenty-three hours of a twenty-four hour day. You tell me, what human being deserves that? Apart from the stinking paedophile or a child killer.
On sait que la société ne sait pas recycler (cf Rambo). Cette même société prétend vouloir construire des ego comme des cathédrales (cf L’associé du Diable) alors qu’en réalité elle ne sait pas quoi en faire lorsqu’ils sortent un peu trop du cadre. On les met à l’écart, au sous-sol (cf Mauvaises Herbes). Sinon on les envoie direct à l’abattoir (cf Bullhead).
Bronson est un oiseau un peu trop bruyant qu’on cherche à mettre dans une cage de plus en plus petite, ce qui ne l’empêchera pas de chanter (cf V for Vendetta).