TWO LOVERS

James Gray, 2008

LE COMMENTAIRE

On dit que l’amour donne des ailes. L’amour nous permet certainement de mettre le feu au dance floor (cf La fièvre du samedi soir). Quand on est amoureux, on a envie de bouger son corps dans tous les sens. Faire le fou, sans craindre le ridicule.

LE PITCH

Un homme se retrouve face à un choix cornélien.

LE RÉSUMÉ

Leonard (Joaquin Phoenix) ne se remet pas de sa récente rupture et décide de se suicider à nouveau. Il remonte à la surface tout en gardant la tête sous l’eau, prisonnier de sa bipolarité.

Leonard fait la rencontre arrangée de Sandra (Vinessa Shaw).

My parents wanted us to meet. Actually I have to tell the truth, I wanted to meet you.

Avec Sandra, c’est du sérieux. Leonard est invité à la Bar Mitzvah de son petit frère. Il fait presque déjà partie de la famille.

Dans la foulée Leonard fait la rencontre de Michelle (Gwyneth Paltrow), sur le pas de sa porte. C’est le coup de foudre. Il l’invite chez lui, suscitant le regard désapprobateur de sa mère (Isabella Rossellini).

So you’re new in the building?

Alors que Sandra lui offre la garantie d’un amour sincère et solide, Michelle ne propose rien. Très belle également bien que complètement paumée, elle a une liaison avec un homme marié – ce qui l’a rend inaccessible. Son âme est écorchée. La souffrance parle à Léonard. C’est justement la différence de Michelle qui l’attire.

Impulsif, Leonard se verrait bien tout plaquer pour Michelle et partir avec elle sur la côte ouest. Il ignore que là-bas, les palaces n’abritent que mensonges et passion. Sur un coup de tête, il vide son compte en banque pour lui offrir une bague. Au moment de mettre les voiles, Michelle le papillon de nuit lui fait une nouvelle fois faux bond.

Désespéré, Leonard jette d’abord la bague au loin avant de la récupérer dans le sable. Il rentre chez lui s’asseoir aux côtés de Sandra et lui offrir la bague.

L’EXPLICATION

Two Lovers, c’est le choix de la raison.

Sharleen Spiteri chantait qu’elle ne voulait pas un amant mais juste un ami. Leonard, lui, a deux maitresses pour le prix d’une. Ce qu’on peut appeler avoir l’embarras du choix. Il hésite logiquement (cf Les choses de la vie).

Deux vies semblent s’offrir à lui. L’une bien rangée avec Sandra dans laquelle il peut reprendre la boutique familiale. L’autre plus insouciante avec Michelle dans laquelle on ne sait jamais de quoi demain sera fait. Leonard doit prendre une décision.

A kid’s got to start thinking about his future sometime.

Rappelons que Leonard a déjà essayé par le passé. Et s’est planté. Il était dans une relation rendue impossible puisque lui et sa compagne ne pouvaient pas avoir d’enfant ensemble.

Qui est Leonard ? Un homme-enfant qui vit toujours chez ses parents. Il n’existe pas encore. Un romantique bipolaire, c’est à dire extrême, qui réagit de manière excessive.

Qui est Michelle ? Un fantasme qu’on voit à travers une fenêtre. Une jeune fille égoïste qui pense d’abord à elle. Elle est une sorte d’Emma Bovary qui vit à Brooklyn mais rêve de Manhattan. Liée à un homme marié. Sa grossesse se solde par une fausse couche. Elle se drogue.

Avec elle, on parle théorie du complot pendant des heures (cf Everything is a rich man’s trick). Ses humeurs la guident. Elle peut disparaitre en pleine nuit. Personne ne sait ce qu’elle veut, elle la première. Son environnement est flottant, tempétueux. Elle propose un jeu qui ne fait que des victimes. Le couple n’est pas possible avec elle.

Qui est Sandra ? Une jeune fille posée. Contrairement à Michelle, Sandra vient à la rencontre de Leonard. Curieuse, elle s’intéresse à lui. Bien qu’elle soit plutôt discrète, elle n’en est pas moins intense. L’amour qu’elle propose est mêlé d’émotion et de tendresse. Elle ne le juge pas, en tout cas pas encore.

Avec elle, un dialogue est possible. Les discussions sont concrètes. C’est elle qui le rappelle, l’écoute avec patience. Sandra propose des choses. Le couple est possible avec elle.

Leonard laisse entrer Michelle chez lui, peu après avoir rencontré Sandra. Il veut la suivre car elle est la promesse d’une vie insouciante, pleine de piment. Elle est fragile, tout comme lui. Il se retrouve en Michelle. Bien qu’elle le fasse souffrir, Leonard a l’impression de vivre à travers elle. Il a la confirmation que la vie n’est pas un encéphalogramme plat.

Le plaisir des montagnes russes. Passer des nuits entières au téléphone ou se retrouver sur le toit pour copuler 1min (cf Love). Une vie faite de passions, pour laquelle on doit être prêt à prendre tous les risques ou dépenser tout son argent. Cette vie mérite qu’on se jette dans le vide – sans golden parachute.

I have to go mum…

But you don’t have a bag!

Cette vie n’est pas possible.

La passion que choisit Leonard le laisse une nouvelle fois sur le carreau, suspendu dans le vide, sans rien d’autre qu’un « désolé ». Leonard ne veut plus se sentir désolé. C’est pourquoi il refuse de perdre à nouveau pied. Dès lors, il arrête de suivre uniquement son coeur pour écouter aussi sa raison. Il va reprendre le dessus en recherchant sa bague dans le sable pour l’offrir à celle qui le mérite véritablement : Sandra.

Elle n’est pas un second choix, plutôt sa seconde chance. Celle qu’on ne doit pas laisser passer. L’amour de sa vie qui va lui permettre un futur. Sandra est celle qui ne fuit pas, à qui on peut faire plaisir, celle par laquelle Leonard peut se révéler et donc relever le défi de l’âge adulte.

Ne pas se plaindre. Évaluer et prendre des décisions en assumant leurs conséquences. Savoir faire la différence entre Michelle et Sandra. L’adolescent regrette le choix de Leonard de se tourner vers Sandra. L’adulte au contraire se félicite que Leonard revienne dans le monde plutôt que de le fuir. Il souhaite à Leonard de pouvoir s’épanouir avec Sandra.

L’adulte sait faire la différence entre amour, gloire et beauté. Des mots qui font rêver. Il pense avec le coeur et avec la tête (cf Braveheart).