FYRE FRAUD

FYRE FRAUD

Jenner Furst, Julia Willoughby Nason, 2019

LE COMMENTAIRE

Contrairement à la fourmi, la cigale kiffe sa life. Les vacances toute l’année. À 100 à l’heure sur l’eau turquoise, la bouche ouverte, sans se soucier d’avaler une guêpe. L’air cool avec la casquette retournée. Malheureusement pour la cigale, le jet ski ne plane pas indéfiniment. Attention à ne pas boire la tasse.

LE PITCH

Tentative de rédemption d’un faussaire à notre image.

LE RÉSUMÉ

Après la débâcle de son Fyre Festival (cf The greatest party that never happened), Billy McFarland réclame une interview dans laquelle il va pouvoir s’expliquer, et peut-être réhabiliter son image.

Depuis tout petit, Billy a fait preuve d’ingéniosité pour se faire remarquer. Il a commencé par détourner l’ordinateur de l’école pour qu’une fille de sa classe prête attention à lui. Un peu plus tard, il lance sa start-up Spling qui fut son premier échec. Il enchaîne avec Magnises, une carte de paiement pour happy few. Si son projet est bancal, rien ne semble pourtant lui résister. Il pourrait vendre des lunettes de soleil à Gilbert Montagné.

He is the ultimate car salesman.

Aubrey McClendon le finance. L’histoire retiendra que le magnat fut lui aussi un personnage trouble. Qui se ressemble s’assemble.

En tout cas, c’est le début de la fin pour McFarland qui est convaincu qu’absolument rien ne pourra l’arrêter. Billy croit être le prochain Marc Zuckerberg, ce qui n’est pourtant pas une référence (cf The Social Network).

Il se rapproche de la jet set, sympathise avec Ja Rule. On connaît la suite…

Billy avoue avoir été dépassé.

I certainly made a lot of mistakes.

Il jure avoir fait de son mieux, comme un gros menteur qu’il est. Les psychologues nous mettent en garde :

Billy is a con artist. I wouldn’t trust any of his words.

Lorsque les questions se font plus délicates, il botte en touche. Puis demande une suspension de séance.

Let’s take a 10min break.

Son festival avorté a généré $100 millions de poursuites. Comme si ça n’avait pas suffit, il a enchaîné avec NYC VIP Access, une autre arnaque. Désormais en prison, McFarland ne se laisse pas abattre. Il se consacre à ses mémoires et prépare probablement son prochain coup.

Here he is, doing it again.

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L’EXPLICATION

Fyre Fraud, c’est une association de malfaiteurs dont nous faisons tous partie.

McFarland est le personnage de l’escroc. Il en a presque l’apparence avec son sourire parfait. Ce menteur est une sorte de Jordan Belfort (cf Le Loup de Wall Street) charismatique capable de décrocher quelques millions de dollars sur de belles promesses en l’air. Il a pour lui de ressembler à Philippe Miller (cf à l’origine) au sens où il est physiquement sur les lieux quand le désastre se produit. Par contre, il lâche ses employés dans la nature et contrairement à Frank Abagnale (cf Attrape moi si tu peux), il continue de s’enfuir. Il affronte les journalistes mais ça n’est jamais vraiment de sa faute.

They have an explanation for everything.

Il a promis une lune qu’il a été incapable de délivrer. Des personnes ont été lésées. Quelqu’un doit payer. Logique. L’homme à abattre sera donc McFarland. L’ennemi public numéro 1. Peut-être plutôt le bouc-émissaire car à sa décharge, il n’est pas le seul responsable de ce naufrage (cf Titanic). D’autres membres de l’équipage étaient à bord avec lui. McFarland n’est peut-être que l’arbre qui cache la forêt (cf Harvey Weinstein).

Qui est le véritable coupable dans l’histoire?

Who’s guilty?

Everyone.

Quand McFarland se cache derrière internet… il n’a pas complètement tort.

The internet doesn’t have rule. No one tells you what’s right or wrong.

Fyre est la pomme pourrie d’une société dérégulée. McFarland ne pense certainement pas à mal. Ce mythomane ne fait que ce qu’il sait faire le mieux : raconter des histoires et jeter de la poudre aux yeux de ceux qui ont envie qu’on leur en mette plein les yeux justement.

We live in an era which you can convince millions of people to do anything just with marketing.

Car les festivaliers sont les premiers complices. Ils ont signé pour des dizaines de milliers de dollars… sur du vent.

Facts were ignored based on a social media strategy.

Leur goût de la démesure leur aura couté un peu cher. C’est sûr. Dans la mesure où cette mésaventure ne les laissent pas sur la paille, on peut estimer que c’est bien fait pour eux. Après tout, ne faut-il pas se méfier des joueurs de flûte (cf 99 Francs)? Les classes populaires ne savent pas le faire, tant pis pour elles (cf Cleveland contre Wall Street). Ceux qui ont reçu une bonne éducation devraient savoir le faire.

Que chacun prenne ses responsabilités.

À commencer par Ja Rule qui s’associe au projet et le porte avec McFarland. Le rappeur apporte de la légitimité au festival, ce qui permet une réaction en chaîne. Les influenceuses, comme des mouches attirées par du miel, n’hésitent pas à prêter leur plastique à cette mascarade infamante. Ça n’engage à rien d’aller courir en maillot de bains sur une plage. Et ça rapporte beaucoup. Elles-aussi, en quelques sortes, sont responsables dans la mesure où sans leur participation, la mayonnaise n’aurait pas pu aussi bien prendre. Si tant de personnes ont signé pour ce festival, c’est pour la promesse de pouvoir danser au contact de ces créatures de rêve.

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Bien sûr, les divas ne s’attendaient pas à ce que cette histoire finissent si mal. Mais ne devraient-elles pas demander des garanties avant de s’engager? Par ailleurs, le fiasco du Fyre festival, auquel elles ont grandement contribué, n’aura pas entaché leur image. Elles sortent de cette arnaque blanches comme neige. Idem pour Ja Rule qui travaille sur un autre projet similaire.

En réalité, toutes celles et ceux qui ont fait la promotion de cette entreprise grotesque sont coupables. Y compris l’agence marketing Fuck Jerry, actuellement accusée de plagiat. Tous ces rats vont quitter le navire avant qu’il ne coule, sur l’air de J’ai rien fait. Plus tard, ils prétendront même n’avoir été que des pauvres moutons dans cette histoire ridicule.

Quelle farce.

It’s all a joke.

McFarland rebondira. Comme les autres. Force est de constater qu’aujourd’hui, les menteurs ressuscitent et prospèrent.

There is a Fyre festival going on everyday in the West Wing. (…) It’s a great time to be a con man.

Les vraies victimes sont plutôt ces Bahaméens qui ont travaillé pour rien, sans être payés. Ce sont eux qui restent sur le carreau, comme toujours, subissant les caprices de l’élite.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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