URANUS

URANUS

Claude Berri, 1990

LE COMMENTAIRE

Le drapeau n’est pas qu’un assemblage de couleurs, il a valeur de symbole. Le bleu, le blanc et le rouge renvoient à la France et à tout ce qu’elle représente. Pour le meilleur, et pour le pire.

LE PITCH

Un village Français peine à retrouver ses marques après l’occupation Allemande.

LE RÉSUMÉ

Mme Archambaud (Danièle Lebrun) est furieuse d’apprendre que sa fille (Florence Darel) fréquente le fils Monglat (Dominique Bluzet). Ce qui semble moins poser de problème au patriarche (Jean-Pierre Marielle) qui pense au futur.

Souviens toi dans la vie que la seule chose qui compte, c’est l’argent.

M. Archambaud décide d’héberger Maxime Loin (Gérard Desarthe), un collaborateur recherché activement par les FFI. Watrin (Philippe Noiret) ferme les yeux. Mme Archambaud également.

En tant que Chrétien, on a le devoir de pardon.

Par contre, si Gaigneux (Michel Blanc) venait à le découvrir, il le dénoncerait immédiatement. Car l’heure est à la suspicion. Rochard (Daniel Prévost), soutenu par les membres du PC comme Jourdan (Fabrice Luchini), a dit à la police que Léopold Lajeunesse (Gérard Depardieu) cachait Maxime Loin. Sans preuve.

Tout est permis hein?

Lajeunesse demande du soutien à Monglat (Michel Galabru), un commerçant ayant fait fortune avec les Allemands (cf La Traversée de Paris). En vain.

Rochard a repris le bar pendant que Lajeunesse est au trou.

Malgré qu’on s’est bagarré, c’est quand même un ami.

Le PC est embarrassé par la situation et décide d’exclure Rochard du parti. Lajeunesse est finalement libéré mais la gendarmerie revient l’arrêter peu de temps après pour troubles sur la voie publique. Le tenancier, sous l’emprise de l’alcool, s’agite.

Vous croyez que je suis Léopold, le bistrot? Je suis Léopold le poète!

Les forces de l’ordre l’abattent.

Gaigneux lorgne lui aussi sur la fille Archambaud, bien qu’il soit marié et père de famille. C’est en voulant la retrouver qu’il surprend Maxime Loin.

En chemin vers la gendarmerie, les deux hommes croisent Archambaud et Watrin qui font mine de n’avoir rien vu.

Ne pensez pas toujours à ce que vous auriez du faire et que vous n’avez pas fait.

Je me sens sale jusqu’au fond de moi-même.

Derrière eux, quelques membres des anciens combattants rendent un hommage aux soldats disparus.

L’EXPLICATION

Uranus, c’est une nécessaire hypocrisie.

De la Libération on ne garde plus aujourd’hui que les images des effusions de joie dans les rues de Paris. Comme si la France était soudainement passée de l’ombre à la lumière. Par la force des choses, un manichéisme de circonstances s’est imposé, fait de méchant·es collabos (cf Monsieur Klein) et de gentil·les résistant·es (cf L’Armée des Ombres).

Après six longues années privés de leur identité, les Français doivent maintenant choisir leur camp.

La misère tu l’as pas vécue, tu l’as lue dans les livres. Tu parles de la révolution, t’as jamais eu faim. Au fond, t’es pas des nôtres.

Cependant, la majorité ayant navigué en eaux troubles ne parvient plus à se situer en 1945 à l’image d’Archambaud.

Je serais hypocrite ? Sûrement oui… Alors la France entière est hypocrite. D’un côté, il y a tous ceux dont je fais partie qui n’osent plus afficher leurs opinions. Et puis de l’autre, ceux qui font semblant de croire que ces idées n’ont jamais existé. On réduit des millions d’individus à une poignée de vendus, c’est un mensonge colossal. À en croire les journaux, il n’y a que des résistants.

Car la réalité penche plutôt vers le clair-obscur (cf Tenet). Dans ce village, comment faire la différence ? Qui sont les vrais héros (cf Un Héros) ?Tout le monde est logé à la même enseigne : collabos, résistants, FFI, communistes… Coupables et opportunistes sous le même toit.

Je suis chez vous autant que vous.

Si certains ont sali leur honneur comme Monglat…

Ma seule joie, c’est la souffrance des autres.

Personne de ceux qui sont restés ne ressort du conflit vraiment irréprochable.

Même Lajeunesse, amateur de Racine, a servi les Allemands dans son bar et accepté leur argent. Aujourd’hui, il se sent tellement coupable qu’il prétend avoir fait son devoir de résistant en protégeant son garçon de café de la déportation. La police a quelques réserves.

Ton Juif, il était pas si Juif que ça.

Les autorités ont d’ailleurs du mal à maintenir l’équilibre. Elles essaient autant que possible de ne pas se mêler à ces histoires, à l’image du brigadier (Yves Afonso).

Tout ça c’est des histoires entre vous qui ne regardent pas la gendarmerie. Je n’ai pas à rentrer dans vos histoires personnelles. (…) Je me moque de ce que vous êtes!

Entre ceux qui se sont mal comportés sous l’occupation – comme Monglat, ceux qui profitent de la libération pour mal se comporter – comme Rochard, ou ceux qui veulent raffler la mise – comme Jourdan : le chaos est total. Le flou permanent. Gaigneux est un homme marié attiré par une jeune femme qui joue de ses charmes pour obtenir des services et dont la mère trompe son mari avec un collabo. Pas simple.

Ce village est en ruines. Il n’a peut-être pas subi directement les horreurs de la guerre (cf Le Vieux Fusil) mais il en a clairement souffert des conséquences. Watrin essaie de trouver une recette pour continuer à vivre malgré tout. Il essaie de s’accrocher à ce qu’il y a de beau dans la vie.

Nous sommes des lâches et des hypocrites comme la majorité des gens mais c’est ce qu’il faut être en ce moment. Vous en connaissez beaucoup vous des gens courageux, des héros, des amis? N’empêche que les hommes sont des créatures admirables! Quand un homme ne viendrait au monde que pour voir une seule fois une marguerite, il n’aurait pas perdu son temps.

Watrin est celui qui parvient à traverser cette épreuve, tant bien que mal. Rattrapé chaque soir par le souvenir cauchemardesque du bombardement qui a emporté sa femme. Comptant sur le lendemain pour retrouver la lumière.

Tous les soirs à 23h15 le combat recommence (…), jusqu’à la délivrance du matin.

Il navigue à vue, comme tout le monde.

Je n’étais pas plus communiste hier que je suis Hitlérien aujourd’hui.

Fataliste, il accepte simplement la situation telle qu’elle est (cf L’étau de Munich).

Il y a des époques où le meurtre devient un devoir, et d’autres qui commandent l’hypocrisie.

Il y trouve sa recette au bonheur et la partage.

Détendez vous, tout se passera bien. Pensez plutôt aux satisfactions que vous allez éprouver dans l’hypocrisie.

Continuer de faire semblant. Donner le change. Parce qu’être toujours au dessus de tout soupçon serait inhumain.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

Commentez ou partagez votre explication

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.