SICK OF MYSELF

SICK OF MYSELF

Kristoffer Borgli, 2023

LE COMMENTAIRE

On dirait que marcher dans la rue s’est transformé en défilé de mode. À tel point que l’on a désormais tendance à baisser les yeux ou carrément tourner la tête pour préserver son intimité. Paradoxalement, c’est lorsque l’on a finalement la paix que l’on cherche à nouveau le regard de l’autre, désespérément.

LE PITCH

Une jeune femme se rend malade d’être dans l’ombre.

LE RÉSUMÉ

Signe (Kristine Kujath Thorp) et son petit ami Thomas (Eirik Sæther) sont dans un restaurant grand chic. Tous les deux se débrouillent pour s’emparer d’un grand cru et s’enfuir – sans payer. Le garçon court après Thomas avant d’abandonner, puis revient au restaurant sans même prêter attention à Signe qui fume une cigarette dans la rue.

Elle s’en offusque. Pour cause, Signe a du mal d’être reléguée au second plan de Thomas, un artiste qui créée des sculptures faites de meubles volés.

Lors d’un vernissage, Signe s’invente une allergie aux noix pour voler la vedette à Thomas.

Laissez moi finir mon discours!

Votre discours ? Alors que votre soeur s’étouffe!

… J’allais arriver à la conclusion!

Cela n’est pas suffisant. Signe lit qu’un anxiolytique illégal provoquerait des effets secondaires indésirables assez visibles, avec des lésions cutanées spectaculaires. Elle s’en commande plusieurs boites.

Très vite, elle montre des premières réactions. Thomas n’est pas impressionné.

Tu crois que c’est grave ?

Ça a l’air d’eczema.

Alors elle augmente les doses, jusqu’à devoir aller à l’hôpital en urgence le visage bandé.

Ça a l’air grave!

Pendant ce temps, Thomas fait la une des magazines art déco.

En riposte, Signe demande à une amie journaliste (Fanny Vaager) d’écrire un article sur son histoire. Malheureusement, le même jour un massacre occupe l’espace médiatique.

Je suis tout en bas de la page, ils ne parlent que de la fusillade!

Néanmoins, elle est remarquée par une agence de mannequins. Une aubaine.

Je ne m’accepte pas. Une opportunité comme celle-ci me donnerait une raison de vivre.

Signe se voit proposer un contrat pour poser pour une marque de mode inclusive. Elle continue de prendre du Lidexol et sa condition se détériore : elle est victime d’hémorragies en tout genre.

Thomas finit par être arrêté par la police pour ses vols de meubles.

Signe avoue à son amie qu’elle a tout inventé et qu’elle s’est délibérément rendue malade pour obtenir un peu d’attention.

Je t’ai menti, je ne suis pas tombée malade par hasard. J’ai fait exprès.

Elle retourne en thérapie alternative pour tenter de gérer son trouble psychologique.

J’aime vivre!

L’EXPLICATION

Sick of Myself, c’est une génération en souffrance.

Signe et Thomas sont deux occidentaux qui ont été biberonnés au moi. Tous les deux nagent dans une époque sans autre drame que de devoir trouver un sens à sa propre vie. Sans autre sujet de préoccupation que soi-même.

Il faut être narcissique pour réussir.

Lorsqu’un événement se produit, ils s’inquiètent d’abord pour leur nombril.

… C’est pas contagieux ?

Leur génération est en bout de course. Les réseaux sociaux sont en train de les achever (cf The American Meme). Trop pleins d’eux-mêmes, essayant de réaliser des performances qui vont leur permettre de faire parler en soirée. Impressionner leur entourage est la seule manière pour eux d’exister.

Prends des photos de moi!

Pour quoi faire?

Les publier. Pour que les gens sachent ce qui m’arrive. Ça les intéresse!

Ce qui les conduit à vouloir partager tous les détails de leur vie, à la limite de l’indécence.

Car il n’est rien de plus insupportable que d’être ignoré·e. Signe déteste passer après son mec.

Vous êtes la soeur de Thomas ?

Non, je suis sa petite amie.

Thomas ne quitte pas Signe car il se sert d’elle comme d’un faire-valoir. Le fait qu’il réussisse plus qu’elle l’arrange bien.

Je te cite pas, c’est implicite.

On prend un goût malsain pour l’attention des autres. Thomas et Signe sont en recherche de popularité. Ils se lancent dans une compétition à qui sera au centre des conversations, peu importe la manière.

Les gens pourraient croire que tu me copies…

Si Thomas essaie de se mettre en avant à travers son art, Signe choisit une autre stratégie : elle se positionne en victime pour qu’on puisse la plaindre. Le moindre sujet devient prétexte. Tout d’abord, elle s’invente des histoires ou des allergies. Se rendant compte que ses mensonges ne fonctionnent pas, elle va jusqu’à se faire souffrir pour de bon (cf Swallow).

Signe a complètement conscience de ce qui lui arrive. Lorsqu’elle arrive à l’hôpital, elle s’imagine même être découverte par l’interne.

Je suis choqué : j’ai regardé vos analyses et vous avez consommé des substances illégales qui vous ont rendue malade. Vous mentez beaucoup, vous ne devez pas avoir beaucoup de succès en société. Et en plus, vous n’êtes pas drôle.

Signe n’est donc pas du tout déconnectée de la réalité. Au contraire, elle la subit. Il y a une surenchère dans son besoin d’attention. Être à l’hôpital n’est pas assez pour elle.

Les gens prennent de mes nouvelles ?

Non, pas vraiment.

En même temps, je viens d’arriver!

Signe veut devenir une idole. Elle rêve de faire la une des journaux, qu’elle met bien en avant dans les kiosks afin qu’on la reconnaisse. Prises d’hallucinations lors desquelles le grand Thomas en personne se mettrait à ses pieds.

J’aurais du te prendre au sérieux, j’aurais du t’écouter! (…) Qu’est ce que je ferais sans toi? (…) Pardonne moi de ne pas avoir été là pour toi. (…) Ton destin m’inspire, tu es ma muse!

Lorsque la santé de Signe est vraiment en danger, elle n’a pas d’autre choix que de suivre une cure où le thérapeute lui pose les questions qui fâchent.

Que caches tu derriere ce masque ? (cf The Mask)

Signe n’a pas envie d’aller mieux. Incapable se détacher du regard de l’autre. Comment s’épanouir autrement ? Tout ce qu’elle souhaite serait de pouvoir continuer sur ce rythme effréné en compagnie de son Thomas avec lequel elle forme le couple parfait (cf Phantom Thread).

On les emmerde!

Gageons que les générations suivantes, qualifiées d’alpha et beta, s’intéressent à autre chose. Ras le bol du moi! Il devrait y avoir de quoi faire entre le défi de sauver la planète (cf Wall-e) – ou d’en trouver une autre (cf Interstellar) en bonne intelligence avec open AI (cf Terminator).

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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