À LA POURSUITE D’OCTOBRE ROUGE

À LA POURSUITE D’OCTOBRE ROUGE

John McTiernan, 1990

LE COMMENTAIRE

Sous l’eau, on ne distingue plus grand chose. En dehors de son sonar, le sous-marinier n’a guère que son télescope pour s’assurer de ce qui se passe à la surface (cf Le Chant du Loup). Coupé du monde aussi longtemps, on a parfois du mal à juger de ce que l’on voit avec discernement.

LE PITCH

Au plus fort de la guerre froide, un commandant Soviétique décide de passer à l’Ouest.

LE RÉSUMÉ

Dans la course à l’annihilation de l’autre, les Soviétiques ont fait un pas de géant avec l’Octobre Rouge, un sous-marin à propulsion silencieuse capable de se rapprocher suffisamment près des côtes américaines pour arroser New York ou Washington d’ogives nucléaires – tout en gardant l’effet de surprise.

À sa tête, le commandant Marco Ramius (Sean Connery). Las d’une guerre qui n’a fait que des victimes, il décide contre toute attente de passer à l’Ouest.  Profitant d’un exercice tactique pour se faire la belle. Il en informe même son haut commandement qui lui envoie aussitôt toute sa flotte avec l’ordre de le couler.

L’analyste de la CIA Jack Ryan (Alec Baldwin) est le seul qui soit convaincu des bonnes intentions de Ramius. L’agent secret va devoir convaincre tout son état major de lui laisser la possibilité de discuter en direct avec le commandant russe. Le conseiller du Président Jeffrey Pelt (Richard Jordan) décide de lui donner sa chance. Après tout, cela ne coûte pas grand chose. Et le gain pourrait être monumental, mais il ne faut pas faire de bruit.

L’Octobre Rouge rentre en contact discrètement avec l’USS Dallas à bord duquel Ryan mène les négociations.

S’engage alors une partie d’échec en haute mer dans laquelle personne n’est vraiment sûr des intentions de l’autre. Ramius doit faire face à la mutinerie de son cuisinier, agent du KGB, risquant de compromettre toute l’opération.

Les torpilles se frôlent sans faire de dégâts. Finalement, les deux parties se retrouvent et décident d’une supercherie pour permettre à Ramius de débarquer son équipage. La mascarade permet de faire croire aux Soviétiques que le sous-marin a bel et bien été coulé.

Ramius peut citer Christophe Colomb (cf 1492).

‘… and the sea will grant each man new hope, as sleep brings dreams of home.’ Christopher Columbus.

Welcome to the New World, Captain.

L’EXPLICATION

À la Poursuite d’Octobre Rouge, c’est s’aventurer dans l’inconnu.

Dans la vie, on ne fait que prendre des risques. Il est nécessaire de se jeter dans le vide. Tel est le prix de la liberté.

L’équipage de Ramius ne comprend pas pourquoi le Commandant a informé Moscou de son intention de passer à l’Ouest. Ramius va leur expliquer qu’il faut parfois savoir tout miser. Ne pas songer au retour afin de livrer toutes ses forces dans la bataille (cf Gattaca). Ramius s’oblige à ne jamais regarder en arrière. Parce qu’il parle à des sous-mariniers, il va utiliser une métaphore navale.

When he reached the new world, Cortez burnt his ships. As a result his men were well motivated.

Imparable.

Si Ramius avait été originaire d’Aulnay, il aurait plus probablement cité le 113 : « On prend des risques au dessus des lois, on mise tout. Si un jour la chance se présente on tente tout. Au maximum, jusqu’au bout. »

Et il aurait eu raison de le faire. Car tout ou presque dans la vie part d’une prise de risque, d’un big bang. D’ailleurs Ryan réussit à convaincre Bart Mancuso (Scott Glenn), le commandant de l’USS Dallas sur un coup de poker.

Ramius est une sorte d’extra-terrestre aux yeux des Américains. Quelqu’un dont ils ne savent pas grand chose si ce n’est qu’il est dangereux. Pour le commandant Mancuso, Ramius est avant tout l’ennemi. Il suscite la peur. On torpille d’abord, on discute ensuite. C’est la crainte de Ramius et elle est justifiée.

La rencontre entre ces deux mondes que tout semble opposer est rendue possible par l’intelligence de Ryann, le diplomate.

C’est parce que Ryan connaît très bien son sujet qu’il peut démystifier Ramius et aller à sa rencontre. Il s’est renseigné. Ryan agace d’ailleurs les militaires d’abord parce qu’il ne porte pas l’uniforme mais surtout parce qu’il se pose des questions. Et on voit bien où cette situation va si elle est laissée aux mains des militaires (cf Arrival). Leur métier n’est pas de maintenir la paix (cf Dr Folamour) mais de savoir faire la guerre.

L’amiral Josh Painter (Fred Dalton Thompson) constate d’ailleurs ses propres limites avec une lucidité qui l’honore:

This business will get out of control. It will get out of control and we’ll be lucky to live through it.

La rencontre avec l’autre est également permise par le sens politique de Jeffrey Pelt.

Listen I’m a politician which means I’m a cheat and a liar and when I’m not kissing babies I’m stealing their lollipops. But it also means I keep my options open.

Car à la fin, il s’agit aussi d’une question d’intérêts. On permet à Ryan de discuter avec Ramius car la possibilité de récupérer un tel talent à bord d’un engin aussi sophistiqué n’est pas inintéressante. Pelt aurait-il été aussi conciliant pour un sous-marin français ? Et n’imaginons pas un seul moment que Ramius va pouvoir passer à l’Ouest pour y vivre une retraite dorée.

C’est peut-être d’ailleurs pour cette raison que Borodine (Sam Neill), aux ambitions modestes, est sacrifié. Borodine l’utopiste n’a malheureusement pas de place dans ce nouveau monde. Aux États-Unis on rêve grand. Plus grand qu’une ferme dans le Montana (cf Légendes d’automne). L’immigré doit se mettre immédiatement à danser sous peine de se faire jeter de la boîte de nuit.

Dans ce monde, chacun doit avoir une utilité sous peine de devoir descendre du porte-avion (cf World War Z), l’autre doit présenter un intérêt. On pense que la discussion profite à tout le monde. En l’occurrence, elle profite surtout aux Américains. Le jeu reste donc à somme nulle en réalité (cf Syriana). Il est plus que nécessaire de ne pas se tromper.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

4 commentaires

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