ROCKY IV
Sylvester Stallone, 1985
LE COMMENTAIRE
La vie est un combat. Le plus important n’est pas que de savoir donner des coups, il faut aussi savoir les encaisser. Tendre une joue, et puis l’autre – comme disait Jésus (cf Jesus Camp). Sans oublier de rendre la monnaie de sa pièce à celui d’en face, quand même. Bim. Bam. Boum. À la fin, l’un des deux finira bien par se coucher.
LE PITCH
Un boxeur américain se rend jusqu’en URSS pour mettre une pâtée à l’ennemi.
LE RÉSUMÉ
En pleine guerre froide, le boxeur russe Ivan Drago (Dolph Lundgren) débarque aux États-Unis pour y faire quelques combats d’exhibition. L’URSS envoie ses meilleurs sportifs à l’étranger pour faire étalage de sa puissance (cf Red Army). Interrogé par un journaliste, Drago affirme n’avoir aucun intérêt à se battre contre l’ancienne gloire Apollo Creed (Carl Weathers) qu’il considère comme un dinosaure.
Piqué au vif, le boxeur Américain défie officiellement Drago, politisant les débats.
Nah, I’m not angry with him. I just wanna show the whole world that Russia doesn’t have all the best athletes!
Le retraité remonte sur le ring, malgré les réticences de son ami Rocky Balboa (Sylvester Stallone). Le 1er round vire à la boucherie.
He’s killing ya, I gotta stop this thing.
I’m here to fight, promise me you’re not gonna stop this fight.
Lors du round suivant, Creed prend un uppercut qui l’envoie dans la tombe.
What started out as a joke, has turned into a disaster.
Drago ne montre aucune émotion.
If he dies, he dies.
Coupable d’avoir laissé son ami mourir sous ses yeux, Balboa défie le Soviétique en dehors du circuit officiel. Direction la Sibérie où Rocky s’entraine à la dure, dans la neige et le froid, soulevant des charrettes. Tandis que son adversaire bénéficie d’un entrainement data-driven, haute technologie.
Le combat se déroule dans un climat hostile. Rocky est à la peine, comme prévu. Mais il encaisse. L’endurance a toujours été sa spécialité (cf Rocky).
Going in one more round when you don’t think you can – that’s what makes all the difference in your life.
Indestructible, il commence à faire douter Drago.
He’s worried! You cut him, you hurt him, you see? He’s not a machine, he’s a man!
Au bout de l’épuisement, Rocky trouve un second souffle pour pilonner son adversaire qui perd par KO au dernier round. Sous un tonnerre d’applaudissements, Balboa délivre un vibrant discours d’apaisement, avec un recul étonnant de la part de quelqu’un qui s’en est pris plein la tête pendant 15 rounds :
During this fight, I’ve seen a lot of changing, in the way you feel about me, and in the way I feel about you. In here, there were two guys killing each other, but I guess that’s better than twenty million. I guess what I’m trying to say, is that if I can change, and you can change, everybody can change!
L’Américain a conquis le coeur des Soviétiques.
L’EXPLICATION
Rocky IV, c’est une victoire sauce ketchup-mayo.
Pierre de Coubertin disait que l’important était de participer. Ah il est beau l’esprit de compétition français. On va aller loin comme ça. Merci Monsieur le Baron. Quel looser! En plus, sa devise était incomplète : l’important est de participer… pour gagner.
Sinon, aucun intérêt.
Le succès est tout ce qui compte. Comme le martèle une célèbre marque de sport américaine à virgule.
La devise de Coubertin était également fausse puisque le plus important est de marquer l’histoire. Personne ne se soucie du second (cf Le Stratège). Seuls les Français adorent Poupou. Les athlètes ambitieux ne cherchent à s’exprimer qu’à travers la gagne pour passer à la postérité (cf At eternity’s gate).
There’s a lot I could say about this man, but I don’t know if it matters now. I guess what matters is what he stood for, what he lived for, and what he died for. You always did everything the way you wanted it. And I didn’t understand that, but now I understand. I’ll never forget you, Apollo. You’re the best.
Par exemple, lors de la dernière coupe du monde de football, l’équipe de France a prouvé qu’on pouvait gagner sans être les meilleurs, mais en faisant déjouer l’adversaire (cf Les Bleus 2018). On se souviendra de ces Bleus non pas comme de grands champions, mais comme des petits champions filous, à l’image de leur entraineur.
Dans le combat qui l’oppose à Drago, Rocky veut prouver plusieurs choses.
Il ne sait pas très bien s’exprimer. Le pauvre, il fait avec ses moyens :
I just gotta do what I gotta do.
Rocky, give it some time. Don’t do this a lot of people live with hurt.
A lot of people don’t have a choice, Adrian, I do.
And for that you’re willing to lose everything?
Adrian this isn’t everything. The house, the cars and all the stuff we got. That ain’t everything. There’s a lot more than this, Adrian.
Il y a beaucoup plus. Mais quoi ?
Rocky veut d’abord prouver que la mort de son ami mérite d’être vengée. Oeil pour oeil, dent pour dent. Bien que la vengeance ne serve à rien. Adrian (Talia Shire) le sait bien, elle.
Before there were reasons to fight I could understand but I don’t understand this. Even if you win what have you won, Apollo’s still gone.
Rocky s’obstine parce qu’il est un combattant dans l’âme. Il ne sait pas faire autre chose alors il veut se battre, pour le principe (cf Des hommes d’honneur).
Il veut prouver que les bonnes vieilles méthodes d’entraînement sont les meilleures. Ce match est l’occasion de montrer que le coeur l’emporte sur la raison. L’homme peut battre la machine.
It is a matter of size. Evolution. Isn’t it, gentlemen? Drago is the most perfectly trained athlete ever. This other man has not the size, the strength, the genetics to win. It is physically impossible for this little man to win. Drago is a look at the future!
Enfin, Rocky veut prouver que les États-Unis sont les plus forts. Quand on les menace chez eux, ils n’hésitent pas à frapper fort en retour, au delà de leurs frontières (cf La Guerre selon Charlie Wilson). Un appel à la paix sur fond de doctrine Nixon, mais seulement après que les autres soient KO. Ça se passe comme ça chez McDonald’s.
L’impérialisme à son meilleur.
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