LA BONNE ÉPOUSE

LA BONNE ÉPOUSE

Martin Provost, 2020

LE COMMENTAIRE

Dans la vie, on se réveille parfois un beau matin en sursaut. On réalise à quel point la vie est formatée (cf Ariaferma). À quel point elle peut s’imposer à nous. Or, de vie nous n’en avons qu’une. La possibilité que notre propre vie puisse nous échapper créée en nous un vif sentiment de panique. Soit on retourne sous la couette afin de se cacher pour la nuit des temps. Ou on sort de son lit en décidant de prendre le taureau par les cornes. Encore une histoire de pilule bleue ou de pilule rouge (cf Matrix)…

LE PITCH

À l’aube de mai 68, les Françaises sont prêtes pour la Révolution.

LE RÉSUMÉ

Paulette Van der Beck (Juliette Binoche) est la femme de Robert Van der Beck (François Berléand), directeur d’une célèbre école ménagère alsacienne.

Il n’y a pas si longtemps encore, les jeunes filles étaient destinées à être des épouses et des mères parfaites.

Ces institutions ont pour vocation de former de bonnes épouses. Les étudiantes ont deux ans pour intégrer les sept piliers :

  1. Cultiver l’oubli de soi pour être une bonne compagne.
  2. S’occuper des tâches quotidienne, sans se plaindre.
  3. Savoir tenir ses comptes, sans caprice.
  4. Être la gardienne de l’hygiène corporelle et ménagère de toute la maisonnée.
  5. Première levée et dernière couchée.
  6. Ne pas consommer d’alcool mais fermer les yeux sur les abus de son époux.
  7. Accomplir ses devoirs conjugaux.

Paulette est accompagnée dans sa tâche par la soeur Marie-Thérèse (Noémie Lvovsky) et sa belle-soeur Gilberte (Yolande Moreau). Une tâche pas toujours facile car les moeurs évoluent vers la fin des années 60. Les jeunes filles sont de plus en plus rebelles.

Ça va péter Robert!

La mort ridicule de Robert va précipiter les choses. Tout d’abord, Paulette réalise que son mari était loin d’être un modèle de droiture. Puis elle recroise la route de son amant passé, le banquier André Grunvald (Édouard Baer) qui est toujours éperdument amoureux d’elle. Attention, pas n’importe comment.

Je veux être la femme de personne. Bague au doigt. Corde au cou. Plus jamais!

Bague au doigt, corde au cou… Mais qu’est-ce que tu racontes Paulette?? Je t’aime. Je veux pas faire de ton mon esclave je veux passer ma vie avec toi. 

La tentative de suicide d’Yvette Ziegler (Lily Taieb) finit de convaincre Paulette.

Ouvrez les yeux on s’est trompé sur toute la ligne.

La vie doit changer : pas forcément sans homme mais plus indépendante, plus gai et surtout plus libre.

L’école ménagère Van der Beck est tirée au sort pour représenter l’Alsace au salon des arts ménagers. Paulette et les filles montent à Paris, mais pour y faire souffler un vent d’insurrection.

Prêtes pour le grand voyage ??

Les piliers ont été réinventés: Être libre. Prendre sa vie en main. Gagner soi-même son pain. Disposer de son corps. Être l’égale des hommes (cf Comme des garçons). Ne plus être cocue ou battue. La bonne épouse n’existe plus.

Marchons, marchons, c’est la Révolution!

Sans oublier de rendre hommage aux féministes.

L’EXPLICATION

La bonne épouse, c’est se donner enfin la permission.

Les femmes vivent dans un monde empêché, pensé par les hommes pour les hommes. Elles évoluent dans l’ombre de ces messieurs (cf Hidden Figure). Se contentent des tâches ménagères en bonnes Pythagoriciennes qu’elles sont. Soumises à la violence de ces messieurs (cf Twin Peaks).

Incroyable d’imaginer que certaines femmes se sont même involontairement rendues complices de cette tyrannie, comme Paulette qui applique machinalement les principes de son mari Robert (cf Elle l’adore).

Un jour vous me direz toutes merci.

Paulette se fait le porte-parole des pires injonctions masculines.

Marie toi d’abord, on en reparlera plus tard.

Parce qu’elles ne s’autorisent pas à réfléchir, les femmes peuvent devenir leurs pires ennemies (cf Suspiria).

Dans ce monde à l’envers, les femmes n’ont aucune liberté d’expression, ni de pensée. Elles sont toutes logées à la même enseigne, au service du Roi. Rien ne doit déborder.

Ici c’est le même régime pour tout le monde. Pas de traitement de faveur.

Elles finissent par se méfier les unes des autres.

Ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre madame la directrice, une rousse est toujours un élément… perturbateur.

Pire, elles se collent des étiquettes.

C’est pas une communiste, c’est Fuchs!!

La soeur Marie-Thérèse menace une étudiante de sa carabine. Espionne ou jalouse le bonheur des autres.

Paulette va faire exploser tout cela. Elle est le maillon faible du patriarcat. L’agent double va se retourner. Son réveil salutaire va servir de détonateur à toutes les femmes.

Monsieur Robert n’est plus là, c’est moi qui commande désormais.

Comme le pronaît la Boétie dans son discours sur la servitude volontaire : Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. Il suffisait à Paulette de se dire que c’était possible.

Cepenant, les dominos ne tombent pas si facilement. Les principes du patriarcat sont tenaces. Bien que son mari soit mort, Paulette a du mal à tourner la page et vivre son histoire avec André.

Qu’est-ce qui t’empêche ??

J’ai des principes…

Malgré tout, Paulette va réussir à faire sauter toutes les barrières. La tentative de suicide d’Yvette finit de la convaincre. Les yeux et les oreilles sont ouverts. Elle entend enfin la voix de ses élèves sans chercher à les faire taire.

Je veux vivre moi. Je veux être libre : aimer qui je veux, quand je veux.

La liberté ne coûte pas si cher en réalité. Se donner la permission ne nécessite pas de si grands sacrifices. Seulement sortir du conditionnement dans lequel nous avons appris à grandir avec obéissance.

Personne peut te forcer.

Partir à l’aventure pour trouver sa propre voix (cf Wild).

Ne pas partir à l’aventure seule (cf 20th century women).

Surtout, ne pas partir en guerre contre les hommes. Bien au contraire. Paulette peut également accepter l’amour d’André car tous les hommes ne sont pas des porcs (cf Je ne suis pas un homme facile). Cet amour permet à Paulette de retrouver des couleurs, comme le lui fait remarquer Gilberte – dont André était aussi la target.

L’amour te va très bien…

Paulette fait tomber les barrières. Tout le monde peut en profiter. Après avoir été privée de tout si longtemps, elle ne veut plus renoncer à rien.

Maman putain pourquoi choisir ?

Maintenant que ce premier pas nécessaire vers la liberté a été effectué, il est venu le temps d’en profiter.

LE TRAILER

Cette explication de film n’engage que son auteur.

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