TRON

Steven Lisberger, 1982

LE COMMENTAIRE

Les jeux vidéos sont devenus une véritable industrie. Des millions d’internautes passent des heures à regarder d’autres gamers parler de jeux pendant des heures. L’e-sport est en passe de devenir une discipline olympique. Comment reprocher à son enfant de passer son temps à jouer sur sa console sachant qu’il pourra en faire son métier plus tard? Il est déjà loin le temps où la machine nous servait essentiellement de divertissement (cf I,Robot).

LE PITCH

Des programmeurs tentent de reprendre le contrôle d’un système qui leur a échappé.

LE RÉSUMÉ

Kevin Flynn (Jeff Bridges) s’est fait voler ses idées de programmes par Ed Dillinger (David Warner) qui en a profité pour prendre la tête de ENCOM. Depuis, Flynn gère non sans amertume une salle qui exploite ses propres jeux, mais sans en empocher les véritables bénéfices.

Meanwhile, the kids are putting eight million quarters a week into Paranoids machines. I don’t see a dime except what I squeeze out of here.

Il est contacté par Alan (Bruce Boxleitner) et Lora (Cindy Morgan) qui sont tous les deux inquiets par la nouvelle politique rigoriste pratiquée chez ENCOM. En effet, Ed Dillinger obéit désormais aux ordres de Master Control Program, une intelligence artificielle devenue incontrôlable. L’élève a dépassé le maître pour en faire son esclave.

Now, wait a minute, I wrote you!!

I’ve gotten 2,415 times smarter since then…

Flynn n’abdique pas. Il a l’intention de pénétrer dans les bureaux d’ENCOM mais est pris au piège par le MCP qui le dématérialise. Flynn intègre le système. Le MCP compte bien détruire la menace qu’il représente.

I want him in the Games until he dies playing.

Une fois dans le système, Flynn retrouve les programmes TRON et YORI de ses amis Alan et Lora. Ensemble ils vont déjouer les pièges du MCP pour faire chuter Dillinger et prendre le contrôle de la compagnie.

L’EXPLICATION

Tron, c’est vive l’Internet libre!

À l’origine, il y a deux visions qui se confrontent. Le Dr Gibbs (Barnard Hughes) pensent que la machine doit rester au service de l’homme. Tandis que Dillinger en fait une histoire commerciale.

User requests are what computers are for!

Doing our business is what computers are for.

Dillinger s’est hissé sur les épaules de Gibbs pour faire de son entreprise un véritable empire.

ENCOM isn’t the business you started in your garage anymore. We’re building accounts in thirty different countries. New defense systems. We have one of the most sophisticated pieces of equipment in existence.

Cependant, dans la précipitation, Dillinger a complètement sous-estimé le danger que représentait l’intelligence artificielle (cf Ex Machina, Terminator 2). Il a volontairement ignoré ce que Gibbs ne savait que trop : les machines n’ont pas besoin des humains (cf Prometheus).

After all, computers are just machines; they can’t think.

Some programs will be thinking soon.

Won’t that be grand? Computers and the programs will start thinking and the people will stop.

Aveuglé par l’appât du gain et soucieux de protéger son poste, Dillinger a joué avec le feu malgré tout. Il s’en est brûlé les doigts. Le contrôle lui a échappé (cf Jurassic Park). Totalement dépassé par l’ambition d’un MCP qui voit beaucoup plus grand.

I’m bored with corporations. With the information I can access, I can run things 900 to 1200 times better than any human.

Tout comme l’Internet était initialement un beau projet. Fruit des travaux de Ray Tomlinson et Tim Berners-Lee qui avaient pour but de créer un réseau informatique dont les possibilités étaient infinies… avant que les GAFA ne monétisent cet eldorado pour en faire un instrument de pouvoir (cf The Social Dilemma, The Great Hack). En quelques sortes, ils ont transformé ce monde synthétique à une dictature aux ordres du MCP, espionnant les internautes et les réduisant à leur pouvoir d’achat (cf Matrix).

Le digital n’est finalement que le reflet de la réalité.

If you are a User, then everything you’ve done has been according to a plan.

Ha! You wish! Well, you know what it was like. You just keep doin’ what it looks like what you’re supposed to be doin’, no matter how crazy it seems.

Well, that’s the way it is for programs, yes.

I hate to disappoint you, pal, but most of the time, that’s the way it is for Users too.

Dans cet environnement, Kevin, Alan et Lora font office de résistants (cf L’Armée des Ombres). Ils luttent contre l’ennemi au nom d’une cause plus noble.

My User has information that could… that could make this a free system again!

Ensemble, ils parviennent à se rapprocher du coeur du problème.

Pour trouver une brèche dans le système, car le MCP n’est pas infaillible (cf 2001 l’Odyssée de l’Espace), Kevin doit se sacrifier. En sautant dans le faisceau lumineux, il détourne l’attention du MCP. Alan en profite pour lui porter un coup fatal.

Grâce à cette entente, Flynn obtient la preuve qu’il cherchait : Dillinger lui a volé son idée. Le MCP est désactivé. Vigilance cependant car l’Empire ne s’est pas effondré, il a simplement une nouvelle personne à sa tête. Un nouveau guide.

Si le pouvoir ne monte pas à la tête de Flynn alors on peut espérer que le monde puisse à nouveau profiter des machines pour s’amuser (cf Ready Player One). Ce qui serait parfait pour tout le monde dans la mesure où le jeu est la meilleure façon d’apprendre.

Il est essentiel que Flynn garde la tête froide. Au cours de sa quête, il a quand même vu d’autres programmes mourir au combat. Il a failli mourir lui-même. Mieux, il était prêt à mourir (cf Harry Potter). Qu’il ne perde pas de vue son sens du sacrifice et aussi un certain sens de l’altruisme. Le patron doit en effet se rappeler que s’il est parvenu à ses fins, il le doit uniquement à ses amis Alan et Lora – ses garde-fous.

Car n’oublions pas que la raison pour laquelle Flynn voulait hacker le système en premiers lieux était parce qu’il maudissait Dillinger pour lui avoir volé la vedette. Cette fortune aurait du être la sienne. Flynn était donc l’homme du ressentiment. Espérons pour l’humanité que son expérience lui ait mis un peu de plomb dans le CMS.