A.I. INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Steven Spielberg, 2001
LE COMMENTAIRE
La famille ne s’effondre pas, mais elle est en constante mutation. Les exigences affectives sont toujours plus élevées. Il n’est plus suffisant pour une maman de se réveiller le matin et voir son petit garçon la regarder tendrement. Désormais, il faut qu’il ait également préparé le café et les croissants.
LE PITCH
Un robot tente désespérément de gagner l’amour de sa mère adoptive.
LE RÉSUMÉ
XXIIe siècle après Jésus-Christ : Le changement climatique a fait fondre les deux pôles, réglant d’un seul coup les problèmes liés à la surpopulation mondiale. Seuls les plus fortunés ont pu survivre aux famines ou aux inondations, grâce à la contribution des robots.
Hundreds of millions of people starved in poorer countries. Elsewhere a high degree of prosperity survived when most governments in the developed world introduced legal sanctions to strictly license pregnancies, which was why robots, who were never hungry and did not consume resources beyond those of their first manufacture, were so essential an economic link in the chain mail of society.
David (Haley Joel Osment) est le dernier né d’une génération de nouveaux méchas : un robot aux allures d’enfant, programmé par le professeur Allen Hobby (William Hurt) pour aimer ses parents de manière inconditionnelle.
A Mecha with a mind, with neuronal feedback. You see, what I’m suggesting is that love will be the key by which they acquire a kind of subconscious never before achieved.
Monica (Frances O’Connor) et Henry Swinton (Sam Robards) font le test pour remplacer Martin (Jake Thomas), leur fils dans le coma. Ils adoptent David. La mère a d’abord du mal à s’habituer à ce nouveau garçon, mais finit par le programmer comme son nouveau fils.
Malheureusement, ou heureusement, Martin sort de son coma. Le petit est jaloux de l’autre. Puisque la cohabitation est impossible, Monica décide de rapporter David chez Cybertronics pour destruction.
Prise de scrupules, elle préfère finalement l’abandonner dans la forêt.
Why do you wanna leave me? I’m sorry I’m not real. If you let me, I’ll be so real for you.
David est aussitôt traqué par Lord Johnson-Johnson (Brendan Gleeson), un braconnier qui capture des robots pour les executer lors de gigantesques foires à la chair. Car certains humains haïssent les robots.
To steal your hearts, to replace your children. This is the latest generation in a series of insults to human dignity.
Avec l’aide de Gigolo Joe (Jude Law), un robot escort, David s’échappe. Il se met en quête de la fée bleue de Pinocchio – qui aurait le pouvoir de faire de lui un enfant réel. Condition sine qua non pour que Monica l’aime vraiment.
Son voyage le conduit au bout du monde, dans un Manhattan sous les eaux. Il y retrouve son fondateur. Le scientifique Allen Hobby l’avait pensé à l’image de son défunt fils.
My son was one of a kind. You’re the first of a kind.
David plonge sous l’eau, vers ce qui reste de Coney Island. Il retrouve la fée bleu mais bloqué par la grande roue, il est pris au piège d’une nouvelle ère glaciaire.
Deux mille ans plus tard, il est libéré par des méchas évolués qui le considèrent comme une antiquité précieuse. Ils souhaitent exaucer tous les souhaits de David : Recréer Monica, l’espace d’une journée. Pour que David puisse achever son rêve avant de s’endormir auprès d’elle.
There was no Henry, there was no Martin, there was no grief, there was only David. (…) Should he shake her she would never rouse. So David went to sleep too. And for the first time in his life, he went to that place… where dreams are born.
L’EXPLICATION
A.I., c’est la civilisation d’après.
Les générations se suivent et ne se ressemblent pas. Des arrivistes sans foi ni loi ont balayé les valeurs de la noblesse (cf Le Guépard). Une bande de sous-doués a remplacé la valeureuse armée des ombres. Cette fois, nous nous rapprochons à grand pas, non plus d’un changement de génération, mais de civilisation.
Le transhumanisme (cf Comme des phénix, Robocop, Blade Runner) nous laisse entrevoir les prémices de ce à quoi ressemblera le monde d’après-demain.
Aujourd’hui, on s’imagine le futur dans l’espace (cf Interstellar) ou dans le metaverse (cf Ready Player One) pour mieux fuir la réalité qui est que notre espèce va bien disparaître.
Le monde d’après-demain sera fait de machines (cf Mondwest, Ex Machina, i,robot).
Les machines nous survivrons après que nous ayons assombri le ciel (cf Matrix), ou tout simplement ruiné notre planète (cf Wall-E, Promised Land, La Route, Le Temps du Loup). Dénués d’émotions et d’ego, les machines seront sans doute plus efficaces que nous dans la préservation de leur espèce.
Peut-être étudieront-elles nos ruines ? On aimerait penser qu’elles nous considéreront avec admiration, comme des Dieux qui les ont créées (cf Alien : Covenant).
Cela nous éviterait de passer pour des Dieux narcissiques comme Allen Hobby, barbares tels Lord Johnson-Johnson, ou encore jaloux à l’image de Martin. Des Dieux qui torturent (cf 12 years a slave) ou qui déciment (cf 1492) les minorités.
Car si nous avons créée les robots, nous les aurons bien détestés par ailleurs. Gigolo Joe est réaliste. Il ouvre les yeux à David sur Monica, et d’une manière plus globale sur la relation entre les orgas et les méchas.
She loves what you do for her, as my customers love what it is I do for them. But she does not love you, David. She cannot love you. (…) You are alone now only because they tired of you, or replaced you with a younger model, or were displeased with something you said or broke. They made us too smart, too quick and too many. We are suffering for the mistakes they made because when the end comes, all that will be left is us. That’s why they hate us.
David ne veut rien savoir. Il reste fidèle à Monica jusqu’au bout. Un petit robot affectueux. Presque romantique.
Preuve que ces machines ne souhaitaient que du bien et nous n’avons su faire que nous en méfier, ou les châtier sur la place publique – malgré nos beaux principes d’amour du prochain. Incapables d’aimer en retour.
Nous n’aurons que ce que nous méritons. La civilisation d’après fera mieux.